Bernard Poissonnier, le petit Poucet du recyclage

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[caption id="attachment_18737" align="alignleft" width="285" caption="Crédit : Grégory Leduc"][/caption]

Rien ne prédisposait Bernard Poissonnier à l'univers du recyclage. Issu d'une famille paysanne de Sainghin-en- Mélantois, il mène des études d'expertise comptable à la Catho, qui auraient pu le conduire dans les grands cabinets de la place ou d'ailleurs. Il ne pratiquera que trois ans. Le comptable de son étude en charge de l'entreprise Baudelet part soudainement en pré-retraite anticipée. Bernard Poissonnier prend sa suite et découvre le monde de la récupération, avec cette petite affaire de ferraille de 30 personnes alors, à Hazebrouck. Une entreprise créée par Madame Eugène Baudelet en 1920 et contrôlée par son fils Jean, avec ses frères et soeurs. 

 

 

Cupidon s'en mêle au point que Bernard épouse Catherine, la fille unique de Jean, rencontrée pendant ses études. Puis ils reprennent ensemble l'entreprise. Le début d'une longue saga. Ils ne savent pas à l'époque qu'elle va quasi décupler en trente ans. Autour du centre d'enfouissement technique ouvert à Blaringhem en 1976, Baudelet va multiplier les filières de stockage et de traitement. Le groupe en maîtrise 20 aujourd'hui dans son « éco-parc » aux limites du Pas-de-Calais, présenté comme unique en France, et qui pourrait être duplicable en Europe voire dans les pays émergents, selon le dirigeant. Le site, particulièrement léché, offre une touche bucolique particulière avec son élevage de daims qui accueille les 5000 visiteurs annuels. Si le patriarche Jean Baudelet, 88 ans, est toujours le P-dg officiel, Bernard et Catherine sont aux manettes. Le premier comme DG, son épouse comme directrice financière, et comme responsable informatique, son dada : Baudelet réalise ses logiciels sur mesure.

 

 

Mais  la génération suivante est déjà en place à travers Jean-Baptiste, 26 ans, à la tête du pôle ferrailles et métaux, et Caroline, 29 ans chargée - avec talent - de la communication. « J'étais quasi certain que Jean- Baptiste, qui respire l'entreprise depuis toujours, resterait, mais pour Caroline, c'est une agréable surprise », confie leur père, fine gâchette à ses heures. Alors que le groupe vient de perdre un gros marché de déchets ménagers (50 000 tonnes, soit 10% de son volume global) depuis la construction de l'incinérateur controversé Flamoval, la famille Baudelet- Poissonnier a choisi de rebondir en investissant gros. « On s'est pris un bon coup de pied au derrière pour réagir », raconte Olivier Ramackers, DGA du groupe. Deux nouvelles  lignes viennent ainsi de voir le jour, pour 15 M€ : une unité de méthanisation par voie sèche de déchets ménagers – la première du genre en France- de 20.000 T, extensible à 60.000 T, et un centre de préparation des matières. Un pari important à rapporter aux 100 M€ de chiffre d'affaires annuels du groupe, qui compte l'amortir sur dix ans. Cela tombe bien, sa dimension familiale lui confère une logique de long terme et des atouts spécifiques face à ses rivaux concurrents de taille internationale comme Veolia ou Sita (Suez). Déjà Baudelet pèse le quart du marché régional des déchets. Et il compte bien se développer, notamment en doublant ses 6 « éco- tris », des petites plateformes de collecte (1 à 1,2 M€ chacune) réparties sur le territoire O. D. 

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