Quelle nouvelle vie pour Drawer avec But ?

Avril 2022 : Drawer était racheté par But. Le groupe d’ameublement, propriété de l’autrichien XXXLutz (également actionnaire de Conforama), prenait 70% du capital du site de vente en ligne spécialiste du mobilier. Le complément restait aux mains de Guillaume et Valérie Spriet, les cofondateurs en 2011. Un an et demi plus tard, où en est Drawer ?

« Ce qui a le plus changé, c’est le contexte économique, explique Guillaume Spriet, qui a gardé les commandes opérationnelles. Nous avons été rachetés à un moment où les pure-players étaient très séduisants. Juste après, la situation économique s’est tendue, avec les dérèglements de la supply chain, l’explosion du prix des containers, la guerre en Ukraine, puis l’inflation. »

Le rachat de But n’a pas fondamentalement changé le fonctionnement du site installé à Euratechnologies. Sans doute averti par les déconvenues subies par de grands groupes ayant mis la main sur des pure-players, But se montre peu interventionniste. Un conseil d’administration a toutefois été créé et des synergies mises en place. Drawer profite de la structure asiatique d’achats de But. « Cela nous permet de payer les containers moins chers .» Si Guillaume Spriet pointe quelques lourdeurs procédurières, cette nouvelle organisation protège mieux son entreprise. « Nous sommes devenus extrêmement rigoureux sur la conformité de nos produits, tant au niveau social que normatif. »

Beta testeur de logiciels

Les effets les plus forts du rachat sont surtout d’ordre informel. « But est curieux de voir la façon dont nous vendons, car c’est un groupe encore faible dans le digital. On est une sorte de laboratoire, ou un beta testeur de logiciels. » Drawer vient ainsi d’intégrer un PIM (Product Information Management), un logiciel permettant de gérer toutes les données d’un produit. But n’en possède pas.

Lors du dernier exercice (clos au 30 juin), Drawer a réalisé un chiffre d’affaires de 19 M€, en croissance de plus de 11 % par rapport à l'année précédente. En 2018, ses ventes s’élevaient à 8,5 M€. La moitié provient du site, l’autre de marketplaces de type La Redoute ou Maisons du Monde. But a fixé l’objectif de doubler ce chiffre à l’horizon 2027.

Pour y parvenir, Drawer va investir fortement dans l’acquisition de trafic, par le biais de publicités sur Internet. La plateforme de marque a aussi été retravaillée, afin de développer la notoriété sur les réseaux sociaux. « Nous n’étions plus assez précis sur le message, souligne Guillaume Spriet. Nous avons l’ambition de faire de la déco un peu fun, dans un secteur qui est très sérieux. » Un gros chantier vient d’être attaqué avec la refonte du sytème d’information. Un travail appelé à durer deux ans, pour un investissement d’1 M€. Enfin, Drawer se lance à l’international. Les premiers pas se feront en Espagne, au sein de la marketplace locale de Maisons du Monde. Ensuite, il mettra le cap sur l’Allemagne, en s’appuyant sur Home 24, également propriété de But. « Une fois que nous aurons testé ces marchés étrangers via les marketplaces, nous pourrons ouvrir des sites. »