En grande difficulté, Delfmems cherche un repreneur

[caption id="attachment_11851" align="alignleft" width="400"] Le micro-commutateur mis au point par DelfMEMS dope de façon très importante les performances des téléphones de nouvelle génération.[/caption]

 

DelfMEMS appartient au petit club des entreprises très prometteuses de la région. Née il y a dix ans, la société a développé une technologie de micro-commutateur particulièrement innovante (photo), offrant des perspectives de gains élevés de performances de nombreux équipements, à commencer par les smartphones. Une ambition qui a séduit de nombreux capitaux-risqueurs depuis des années. Les actionnaires ont ainsi injecté 19 M€ depuis la création de l'entreprise, dont une des plus grosses levées de fonds en région en 2013, soit 8,2 M€. Un montant qui devait permettre d'accélérer l'industrialisation. La société compte 25 ingénieurs et un portefeuille de 15 brevets, et quelque 15 M€ de résultat déficitaire cumulé. Elle misait sur un chiffre d'affaires de 120 M€ à horizon 2020. Le temps lui a manqué.

« Ce qui est difficile à comprendre est que nous développons une nouvelle technologie, ça prend beaucoup de temps » explique Cybèle Rolland, actuelle PDG, qui a succédé à Guillaume d'Eyssautier à l'été 2014. Elle souligne que DelfMEMS compte seulement 3 concurrents au monde, qui ont tous levé des montants beaucoup plus importants : Analog Device, Wispry (79 M$ investis sur 10 ans) et Cavendish Kinetics (105 M$ en vingt ans).

DelfMEMS s'est retrouvée coincée par des exigences très lourdes en matière de fiabilité et de niveau de prix réclamés par l'industrie du smartphone. Et qui se traduisait par un besoin nouveau de 35 M€ pour une industrialisation massive. Un plan alternatif moins gourmand en capitaux propres (12 M€) pour développer l'activité sur les applications industrielles, au marges très supérieures, mais sur des séries plus courtes, n'a pas non plus été suivi. «On n'a pas su convaincre. On se trouve dans un trou en terme de financement 6 à 12 mois trop tôt», regrette Cybèle Rolland, qui a toqué à toutes les portes depuis plusieurs mois, mais aussi auprès de possibles investisseurs chinois ou coréens. Les actionnaires actuels, parmi lesquels des acteurs importants du capital investissement comme BPIfrance, Finovam, Vives Iris Capital, Capital Aria ou encore Rhône Alpes Création, n'ont pas souhaité ou pu suivre sur de tels tickets.

Aujourd'hui DelfMEMS est donc placée par le tribunal de commerce de Lille Métropole en sauvegarde, un régime protecteur qui permet de rechercher un repreneur dans de bonnes conditions. Un appel à candidature doit être publié ces tout prochains jours. Avec le risque désormais très concret qu'une technologie française de haute valeur soit acquise à bon compte à l'étranger.