Ferroviaire régional: un contrat à 3mds€ pour Alstom et Bombardier ?

Voilà une nouvelle qui pourrait dissiper les inquiétudes sur la survie du ferroviaire régional. Selon la lettre spécialisée “ Mobilettre”, la SNCF a signifié au constructeur espagnol CAF que ses capacités industrielles ont été jugées insuffisantes pour fournir 270 TER NG ( Nouvelle Génération) à la Région Ile-de-France. Une décision prise sur la base d’un audit. Cette sortie de course semble assurer au consortium formé par les deux constructeurs le gain de ce marché estimé à 3 md€.

Pour l’heure, le constructeur canadien refuse de crier victoire. Mais l’arrivée de ces nouvelles commandes constituerait une vraie bouffée d’air et un sursis non négligeable pour son site de Crespin comme pour l’usine d’Alstom implantée à Petite-Forêt. Au total, la filière pèse 14 000 emplois répartis entre 200 PME-PMI et les deux constructeurs.

Pour assurer la survie de son usine nordiste, Bombardier doit impérativement décrocher de nouveaux marchés « dans les 6 à 9 mois » selon son Pdg Laurent Bouyer.« Au-delà, on sera dans une situation sociale extrêmement difficile», déclarait le dirigeant à l’AFP mi-octobre.

Deux gros contrats structurent l’activité du site nordiste où travaillent plus de 2000 salariés : d’abord la rame Regio 2N dont Bombardier doit livrer 213 exemplaires pour les régions dont 25 pour les Hauts-de-France.

La dernière devrait être livrée courant 2019 ; puis le francilien, soit 225 trains commandés par la SNCF et le Stif, qui ne garantit plus que 18 mois d’activité. Une bonne nouvelle en précéde une autre : une commande de 40 rames Omneo pour la région Normandie pourrait se concrétiser fin novembre.

Le français Alstom, implanté à Petite- Forêt, fabrique en partenariat avec son concurrent canadien les rames MI09 et MF 2000 pour le RER A, un contrat qui devrait s’achever début 2017. L’industriel devrait bientôt démarrer la production du N7 pour la SNCB et le MP14 du métro parisien. Son « centre d’excellence de l’intériorisme » participera au contrat d’ex- tension du métro de Dubaï décroché début octobre par le groupe dans le cadre d’un consortium mais qui ne concerne ici que 60 salariés. De manière générale, le secteur devrait connaître un trou de charge jusqu’à fin 2017 ou début 2018.

Le marché du TER NG prévoit la fabrication de 250 TER à une cadence de 70 par an à partir de 2020. Autant dire que le verdict est très attendu. « Pour cet appel d'offres, il s'agit de dire « regardez, il y a une usine, elle existe, les machines et les ouvriers sont là, on est capable de le faire», martèle Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France qui ne s’est jamais privé de remettre en cause les capacités de production du concurrent espagnol. L’élu se dit prêt à endosser le « rôle d’avocat et de VRP » pour faire de la région le « Toulouse du ferroviaire » et réunir les acteurs de la filière d’ici la fin de l’année. Hors Ile-de-France, l’avenir de toute la filière se jouera également sur la capacité des petites entreprises à se positionner à l’international.

E.V.