Gilberto d'Annunzio, l'Avventura nordiste de la gastronomie italienne

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Que de chemin parcouru entre le père d’Annunzio, paysan italien immigré, et son fils Gilberto, à la tête, avec sa sœur, de 4 restaurants et d'une épicerie italienne à Lille et Valenciennes. Les enfants d'Annunzio poursuivent leur aventure lilloise avec la reprise du bail commercial du magasin de décoration d’Ellen Desforges – pour un montant resté secret, jouxtant la Bottega Pizza. 170 m2 supplémentaires qui porteront le restaurant à 300 m2, au terme de 200 K€ de travaux. Le propriétaire ne s’inquiète pas pour recruter les trois ou quatre futurs serveurs : « J’ai une liste d’attente longue comme le bras d’Italiens qui veulent venir travailler. C'est dramatique pour le pays, qui vit une troisième vague d'immigration », regrette ce binational. Une manière de faire bénéficier à d’autres de l’intégration française dont est issue ses parents ? Le père d’Annunzio, paysan agricole des Abruzzes, est venu travailler en France à Denain en 1958, à l'époque où des bureaux d'immigration existaient encore dans les villages italiens. « Notre père est très reconnaissant envers la France. Au foot, il la soutient contre son pays natal », s’émeut Gilberto d’Annunzio. Une épicerie, quatre restos, 45 salariés et 350 couverts au total (430 l’été avec les terrasses), le tout pourrait sentir le business plan bien réfléchi. Que nenni ! Un zest de bonnes rencontres, une pincée d’heureux hasards et une large dose de passion, voilà ce qui a amené les d'Annunzio à constituer ce petit empire (2,4 M€ de CA hormis l’Ultimo). « On n'a jamais vraiment cherché de local, encore moins imaginé ouvrir tous ces restaurants, c'est sans doute pour ça que ça marche d'ailleurs. Ceci dit, n'allez pas croire que cela nous a rendu riches. Si je roule en Fiat Multipla, ce n’est pas par choix ! », sourit le restaurateur.

 

Recréer dans le Nord l’Italie qu’il aime

L'histoire remonte à la fin des années 90. Lorena et sa famille se sentent à l'étroit à Paris. Vient alors l'idée de revenir dans le Nord y ouvrir un restaurant. Son frère a un coup de cœur pour un petit local de la rue Pétérinck –le Vieux-Lille n’est alors pas le quartier branché qu’il est devenu. Le lieu ne se prête pas au service en salle, il devient donc une épicerie fine. Et la Bottega ouvre en 1997. Cinq ans plus tard, un bail commercial se libère rue des Trois Molettes, In Bocca al Lupo voit le jour. Puis la Bottega Pizza et enfin le Via Ristorante à Valenciennes. Avec pour parti pris une cuisine gastronomique accessible. « Oui, c'est possible d’offrir de la qualité à un prix raisonnable. Nous choisissons chacun de nos fournisseurs, en Italie mais aussi en France. Avec seulement quelques euros d'écart pour le client», ajoute l'autodidacte. Car Gilberto et sa sœur on appris en regardant les femmes de la famille. Leur grand-mère et leur mère leur ont donné le goût de cette cuisine dite simple. « Il s'agit d'une cuisine d'assemblage assez facile, le tout repose sur la qualité des produits », explique le quadra aux faux airs de José Garcia. Déjà bien occupés, les enfants d'Annunzio ouvrent l'Ultimo début 2012. Insatiables? Le cas est différent, Gilberto habite le quartier et pour la première fois, il est propriétaire des murs, toujours avec sa sœur. Betty Gleizer, Maire de quartier de Saint-Maurice est venue leur proposer de s’implanter avec la volonté de faire revivre le quartier. « C'est avec des commerçants qui tiennent et habitent leurs boutiques que l'on créé de la vie, pas avec des vendeurs de téléphones», s’agace celui qui a initié une grève dans le Vieux-Lille pour dénoncer les déplafonnements abusifs. Et embauché un parent d’élève de l’école de ses enfants menacé d’expulsion. Passant du grave au léger en un instant, le franco-italien raconte s’être amusé pendant 6 ans à poser nu dans un calendrier. La plaisanterie a permis de donner 90 000 euros à des associations caritatives. Mais le restaurateur revient vite à ses salles : « C'est ce que je suis, j'ai besoin d'être là, de voir mes clients», ajoute-t-il, soucieux que l’intégration commence dans ses murs : « Je ne me fais pas d’illusion, les serveurs ne font pas ce boulot par choix. Si on veut les voir rester, il faut les aimer, leur donner envie », conclut-il. Et non, vivre en Italie ne l’attire pas, le père de trois enfants dit pouvoir recréer dans le Nord « l'Italie qu'il aime ». Et trouver cet équilibre qui lui réussit.

 

Marie Raimbault

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