Les jeunes diplômés contre les déserts médicaux
Les Hauts-de-France comptent deux faculte?s de me?decine. Avec ses promos de 500 e?tudiants, celle de Lille be?ne?ficie du numerus clausus le plus e?leve? de France. Mais apre?s les e?tudes, l'he?liotropisme ou l'attirance vers les grandes me?tropoles ne permettent pas de compenser les de?parts en retraite de me?decins, et les de?serts me?dicaux se creusent dans certains territoires. Ainsi le nombre de professionnels est-il globalement en hausse. Et dans le me?me temps, lAvesnois creuse son de?ficit de spe?cialistes. En Picardie, les habitants d'Albert et Doullens doivent se rendre a? Amiens ou a? Saint-Quentin pour consulter un opthalmo, un pe?diatre ou me?me un gyne?co. Cherchez lerreur!! Selon lOrdre national des me?decins, la densite? me?dicale du Nord-pas-de-Calais se situe 4,6% en dessous de la moyenne nationale. Pour les de?partements picards, frappe?s par une perte de généralistes, cet écart est de 21%.
1200 /mois pour exercer en zone fragile
Comment assurer une meilleure re?partition de nos jeunes carabins!? Diffe?rents dispositifs pilote?s par lAgence re?gionale de sante? (ARS) visent a? inciter les jeunes me?decins frai?chement e?moulus a? sinstaller. Le «Contrat dengagement de service public!» permet ainsi a? un e?tudiant en me?decine de toucher 1200 euros par mois pendant sa dure?e de?tude. La contrepartie ? Le be?ne?ficiaire sengage a? exercer dans une zone fragile pendant toute la dure?e de versement. 182 futurs me?decins et futurs dentistes ont de?ja? signe?. Autre levier!: le « Praticien territorial de me?decine ge?ne?rale » permet a? un me?decin de?sireux de sinstaller dans une zone fragile ou en difficulte? de be?ne?ficier dune garantie de revenu mensuel ainsi que des avantages en matie?re de protection sociale. LARS en a signe? 32 dont 20 sont de?ja? en activite?. Dautres solutions plus anciennes cherchent a? coordonner les soins de professionnels de?ja? installe?s. 66 maisons de sante? pluri professionnelles ont e?te? cre?e?es dans la re?gion. 90 autres sont en projet. La structure permet de regrouper des professionnels de sante? libe?raux (ge?ne?ralistes, infirmiers, kine?sithe?rapeuthes,...) pour mener sur un territoire un projet de sante? commun. Mais le chemin sera long pour combler les retards.
E.V
Trois questions a? Didier Gosset, doyen de la Faculte? de me?decine de Lille: Cest aussi un proble?me dame?nagement du territoire
Comment la faculte? de me?decine se mobilise-t-elle contre la de?sertification me?dicale ?
Cest un proble?me ge?ne?ral qui ne concerne pas que la sante? mais aussi lame?nagement du territoire. Le ro?le de la faculte? de me?decine est dabord de former des gens de qualite?. Nous avons aussi un ro?le a? jouer dans la de?mographie me?dicale mais nous ne sommes pas les seuls a? intervenir. Lorsque je suis arrive? aux commandes de la faculte? il y a six ans, nous e?tions au dernier rang du classement des e?preuves classantes nationales. Ceci avait une conse?quence majeure!: les postes les plus convoite?s sur Lille e?taient pris par des gens qui ne?taient pas du Nord-Pas-de-Calais.
Chaque anne?e, pendant au moins 10 ans, nous avons engrange? un de?ficit en spe?cialistes hors me?decine ge?ne?rale dune centaine de personne. Nous avons tre?s largement ame?liore? notre classement et nous sommes dans le top 10. Un Lillois qui a la spe?cialite? quil veut dans sa ville na pas tendance a? partir. Lautre mesure est de les accompagner apre?s linternat. La?, nous avons toute une gamme de dispositifs!: les chefs de clinique qui restent a? luniversite?, les assistants en CHU qui doivent 20% de leur temps en pe?riphe?rique. Nous avons invente? les assistants a? temps partage? et nous sommes les seuls en France a? expe?rimenter les chefs de clinique en re?gion.
Les mesures incitatives prises par lARS vous semblent-t-elle efficaces ?
Cest trop to?t pour y re?pondre. Elles concernent des gens qui sont en train de sortir. Ne?anmoins, il y a plus de Contrats dengage- ment de service public (CESP) disponibles que de dossiers rete- nus. Les possibilite?s sont utilise?es a? moitie? et il ny pas un en- gouement majeur. Les gens sont tenus daller la? ou? on leur dira et ce nest pas rentre? dans les murs. Il faut donc trouver dau- tres e?le?ments dattractivite?. Les praticiens territoriaux, la question des maisons de sante? sont aussi des mesures inte?ressantes mais qui nont pas encore donne? la pleine mesure de ce quelles pou- vaient e?tre.
Que vous inspire lide?e dun nume?rus clausus re?gionalise? re?clame? par lOrdre national des me?decins ?
Il ne faut pas me?langer les proble?mes. Le nume?rus clausus conditionne la qualite? de la formation. Nous avons le plus e?leve? de France avec 458. Chaque promotion regroupe environ 500 e?tudiants et nous ne pouvons gue?re aller plus loin. Nos capacite?s de formation limitent les choses. Nous voulons absolument garder la qualite? de nos formations. Le numerus conditionne le volume nu- me?rique global des me?decins en France mais na jamais conditionne? la re?partition. Cest au concours de 6e anne?e que c?a se de?cide.
Recueilli par E.V.
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