Nicolas Beytout à Lille : Un paysage politique à reconstruire dans une France fracturée

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[caption id="attachment_27646" align="alignright" width="400" caption="Crédit : Sophie Stalnikiewicz"][/caption]

Aucun doute pour celui qui dirigea les Echos 25 ans avant de prendre en main le Figaro puis de fonder il y a deux ans le journal « L'Opinion »:  la France est double et la lecture des immenses manifestations du 11 janvier le dit assez : pourquoi 400 000 manifestants à Lyon et seulement 40 000 à Marseille? Leurs motivations étaient-elles identiques ? A l'évidence non, pour Nicolas Beytout qui rappelle la Une de l'Opinion du lendemain : « Une foule...de questions » et qui déplore « la chape de plomb du conventionnel et du politiquement correct » sur « l'esprit du 11 janvier ».

 

Travail-aliénation

Mais au-delà de cet exemple emblématique, la France s'est installée dans des divisions profondes : ceux qui ont un emploi et les 5,5 millions qui n'en ont pas, d'abord. Et le fossé se creuse : la durée moyenne du chômage est désormais de 500 jours, et la construction même du droit du travail français ne cesse de relever les barrières, protégeant les Français au travail au détriment des autres. Et de citer le Compte Personnel de Formation, « la plus performante machine à exclure » ou le compte pénibilité. Malgré une priorité affichée sur les jeunes et l'emploi, « François Hollande ne parle que de pénibilité et de burn out », alimentant ainsi la vision du travail-aliénation au détriment du travail-accomplissement.

Nicolas Beytout souligne d'ailleurs l'état de l'opinion française, à travers un sondage récent mené par son journal autour du concept du libéralisme. 96% des Français aiment la notion d'initiative, d'autonomie ou de mérite (96% et 95%), mais le taux tombe vite sur le travail (90%), l'entreprise (80%). Le libéralisme est considéré positivement par seulement 58% de nos concitoyens, le capitalisme par 29%...Et la mondialisation est perçue négativement par 62%.

Autre ligne de fracture grave dans notre pays, selon le journaliste : le paiement des impôts, acquitté par seulement une moitié du pays. Et le « grand barnum » de la retenue à la source n'a aucun intérêt selon lui dans un pays qui a une très grande efficacité de prélèvement de l'impôt. Cette réforme est un gage à l'aile gauche du PS qui veut fusionner impôt sur le revenu et CGS. Mais avec un effet induit délétère, la progressivité de la CSG, qui accroîtra encore le nombre des Français échappant à l'impôt.

 

Toutes les majorités sortantes défaites depuis 1978

 

Nicolas Beytout note aussi une fracture politique : la France qui vote et celle qui s'abstient. Pas seulement aux élections générales mais aussi au sein des formations politiques. Le PS a perdu plus de la moitié de ses militants, passés de 280 000 il y a dix ans à 130 000 revendiqués aujourd'hui. Seuls 50% d'entre eux ont voté au congrès de Poitiers pour définir la ligne et la motion majoritaire de Cambadélis a obtenu 60%, soit un socle démocratique ténu. Même évolution à droite où seuls 46% des militants se sont prononcés pour la refondation du mouvement dans « les Républicains ». Alors qu'Angela Merkel a été réélue deux fois après avoir lourdement réformé le pays, que les réformes de David Cameron, parfois brutales (600 000 postes de fonctionnaires supprimés la première année du mandat) portent leurs fruits, « nous avons la particularité d'avoir un pays qui ne réagit pas ». La France est en effet marquée par un signe indien depuis 1978 : « toutes les majorités politiques sortantes ont été balayées. « Ces défaites sont tragiques pour l'histoire de la réforme et l'adaptation du pays ».

Avec une conséquence politique grave : alors que la Ve République était construite autour du bipartisme, l'émergence d'une troisième force trouble aujourd'hui le jeu. A telle enseigne que l'élection présidentielle de 2017 sera tranchée... en novembre 2016, d'après Nicolas Beytout. La présence de Marine Le Pen étant désormais quasi assurée au second tour, l'éviction de François Hollande au premier tour étant hautement probable au vu de son impopularité historique, ce sont donc les primaires à droite qui décideront du futur locataire de l'Elysée, analyse-t-il. « Le système dysfonctionne tellement que le Président de la République sera choisi par une toute petite fraction des Français qui voteront pour la primaire... »

 

France ouverte vs France fermée

 

Pour l'éditorialiste libéral, la période actuelle est nécessairement celle d'une transition qui doit aboutir à une recomposition profonde, transpartisane, entre une France ouverte et une France fermée. Car cette ligne de partage existe au sein de la gauche comme de la droite, qui n'a pas voté la loi Macron, déplore Nicolas Beytout. Une vision incarnée par le Front national ou l'extrême gauche, mais aussi une partie de la gauche. La motion A  majoritaire au congrès du PS réclame ainsi une révision du CICE au motif que les entreprises « en ont profité ». La France ouverte est celle qui accepte la concurrence, la mondialisation, l'accumulation des richesses, qui veut limiter la place de l'Etat, la dépense publique, la pression fiscale ou le taux d'endettement du pays, lesquels ont atteint des niveaux historiques.

Le tableau est sombre. Mais le patron de « L'Opinion » revendique un certain optimisme. « Ce pays a des atouts gigantesques », mais la recomposition politique est un préalable. Elle passe surtout par la remise en place « d'un corpus idéologique dans une famille politique un peu perdue », la droite. « Vous pouvez faire passer des messages, pendant les quinze mois qui viennent ! » a lancé Nicolas Beytout à l'attention des chefs d'entreprises.

OD

 

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