Dans les coulisses d'In'Tech Medical

Ce mois-ci, Eco121 s'’arrête chez In'’Tech Medical fabricant d'’implants et d’instruments pour la chirurgie orthopédique basé à Rang-du-Fliers, dans le Pas-de-Calais. L’'entreprise en produit chaque année 120 000. Elle vient d'acquérir un acteur malaisien, Ortho Solutions, pour mieux se positionner sur ce marché mondial, dopé par les phénomènes de vieillissement et l'envolée de l'obésité.

L'’usine d'’In’'Tech Medical étend ses bâtiments sur 4500 m2 en plein coeœur de Rang-du-Fliers. Le site a longtemps appartenu à la société Sofamor, spécialisée dans les opérations de la colonne vertébrale et racheteée par le groupe américain Medtronic avant de fermer en 2000. Deux cadres, Alain Degrave et Jean-Luc Malpiece, décident de relancer la production vers la chirurgie orthopédique autour d’'une nouvelle entité. L’'entreprise, dirigée depuis 2012 par Laurent Pruvost, connaît très vite une croissance fulgurante en sous-traitant les produits des grands groupes tels Zimmer et Medtronic. Adosseée depuis 2012 au fonds d'’investissement TCR Capital, l’'entreprise pose ses valises aux Etats-Unis en rachetant en 2015 son concurrent Turner Medical. Avant de prendre pied en Asie avec l'’acquisition d’'un sous-traitant malaisien Ortho Solutions. Aujourd’hui, l’'entreprise partage sa production entre Rang-du-Fliers, son usine de Toulon et ces deux implantations étrangères. Et projette de bâtir un nouveau site de 6500 m2 à 3 kilomètres de Rang-du-Fliers pour un investissement d’'environ 10M€€. En 2016, son chiffre d'’affaires s'’est élevé à 55,5 M€€.

In’Tech Medical en Bref

Pdg : Laurent Pruvost

Effectifs : 512 salariés dont 212 à Rang-du-Fliers

Chiffre d’affaires consolidés : 55,5 M€ dont 34M€ sur la France.

Volume : 180 000 pièces produites en France et dans le monde.

Ecarteurs de chairs, distracteurs de vertèbres,... La panoplie déclinée par l'’entreprise semble sans fin. L'’usine de Rang-du-Fliers produit 7000 références composées principalement d'’inox et de titane. 

 

 

 

La matière première est d’abord stockée avant d’être découpée par des tourneurs-fraiseurs.

 

L'’usinage se poursuit sur des machines perceuses et fraiseuses. In’'Tech s’est récemment équipée de machines à commandes numériques de tournage 5 axes et de colletage. Les plus gros volumes sont effectués par un robot.

 

 

 

 

 

Certaines formes ou dimensions ne peuvent être obtenues par usinage classique. 50% des articles produits par In’'Tech Medical passent ainsi par une phase d’'électro-érosion. Deux procédés s'’appliquent : Le premier érode la pièce avec un fil électrifié. Dans le second, dit par enfonçage, c’est une électrode taillée dans la forme souhaitée qui modifie la silhouette de la pièce.

 

 

 

 

 

Une machine de contrôle tridimensionnel vérifie les dimensions au centième de millimètre. 

 

Comme pour un équipementier automobile, la R&D constitue chez In’'Tech Medical une vraie valeur ajoutée auprès de la clientèle. Une équipe de 6 salariés travaille, parfois sous les conseils d’un chirurgien, à de nouvelles solutions clés en main testées sur des mannequins en mousse. Le Prototype Garage, comme son nom l'’indique, est une cellule dédiée à la fabrication et au test de nouveaux produits propriétaires.

Certains éléments comme les manches ou les poignets d’'un instrument passent par un atelier de polissage. Une phase entièrement manuelle et indispensable à la fiabilité des pièces.

 

 

 

Les composants des instruments fabriqués par In’Tech Medical sont assemblés soit de manière mécanique ou par soudure. Ici, un soudeur termine un essai d'’implant d’'épaule.

 

 

 

 

 

Tous les produits passent par un contrôle qualité effectué avec des instruments de mesure avant le gravage au laser du numéro de série.

Photos : Sébastien Jarry

 

 

 

Laurent pruvost, Dg d'In'Tech Medical :

« L'international permet de nous différencier »

Vous venez de racheter un fabricant malaisien. Quelles sont vos ambitions sur le marché asiatique ?

Dans le choix de s’installer en Asie, nous suivons trois objectifs principaux : le premier est d’accompagner nos clients déjà existants qui se développent en Asie. Si demain nous travaillons avec un client européen qui s’est développé aux Etats-unis et en Asie, nous sommes en mesure de l’accompagner. C’est donc dans la continuité de notre stratégie. Le deuxième axe de développement est d’aller chercher des marchés que nous n’avons pas aujourd’hui notamment au Japon, en Australie, en Malaisie, ou au Viêtnam. Le troisième axe est plus low cost. Il y a des produits, par exemple à usage unique, sur lesquels nous ne sommes pas en mesure de nous positionner en France et aux Etats-unis. Là, nous avons une opportunité de réponse auprès de nos clients européens.

Comment expliquez-vous votre croissance exponentielle ? Vous profitez du vieillissement de la population ?

Certes, nous sommes sur un marché en croissance. Pourquoi ? Il y a en effet le vieillissement de la population. Ce qui est formidable pour nous (rires) ! Mais aussi la recrudescence de l’obésité dans le monde. Le surpoids engendre des problématiques sur les articulations des hanches et des genoux. Les gens pratiquent des sports un peu plus extrêmes et se cassent de plus en plus de choses. Le quatrième élément est qu’on hésite de moins en moins à opérer de plus en plus jeune. Très vite, In’Tech a décidé de monter à l’international, ce qui nous permet de nous différencier.

Avez-vous prévu de faire évoluer votre capital ?

Nous avions déjà ouvert notre capital en 2012 en faisant entrer TCR Capital, un fonds d’investissement français. Clairement, sans cela, nous n’aurions jamais fait ce développement et très certainement nous nous serions faits racheter par un compétiteur. Ils nous ont accompagné pour ces deux acquisitions structurantes, développer le business de manière organique pendant près de cinq ans. Probablement, TCR sortira fin 2017 début 2018 et nous irons chercher un autre fonds d’investissement lui même plus important qui nous permettra d’aller plus loin.

Vous réalisez beaucoup de sous-traitance. Comment gérer cette dépendance ?

Quelque part nos clients sont eux-mêmes dépendants de nous. Il y a aussi notre R&D. Nous développons des produits propriétaires que nous leur offrons. L’avantage pour eux est qu’ils n’ont pas à réinventer la roue et viennent chercher chez nous des solutions clés en main qu’ils ne trouveront pas chez nos compétiteurs. Nous faisons 75 % de sous-traitance et 25% de R&D qui souvent permet d’avoir accès à la sous-traitance. C’est une porte d’entrée.

Allez-vous investir dans les prochaines années sur Rang-du-Fliers ?

Globalement, nous avons prévu d’investir 4,5 M€ en 2017 sur le groupe. Sur Rang-du-Fliers, nous avons prévu 1,7 M€ pour acheter de nouveaux équipements pour se séparer de technologies moins évoluées et investir en robotique. Et nous menons un projet immobilier de 6500 m2 à 3 kilomètres de Rang-du-Fliers qui sera achevé en 2019.

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