Quelles sont les clés de croissance de nos entreprises ?

 

 

 

 

Quels sont les facteurs-clés de la croissance des entreprises des Hauts-de-France aujourd’hui ? Nous avons cherché à comprendre les éléments qui permettaient de caractériser les entreprises en croissance, à travers un questionnaire auprès des chefs d’entreprise. 334 d’entre eux se sont prêtés à l’exercice. Nous les avons séparés en deux groupes, pour mieux souligner les points de différenciation entre les 220 entreprises indiquant avoir connu une croissance ces dernières années, et les 114 autres. Nous pouvons ainsi comparer les profils type de ces entreprises, en partant de 7 grandes thématiques : les ressources humaines, le marketing et la vente, le financement de l’entreprise, le digital et le numérique dans toutes ses déclinaisons, la recherche et l’innovation, l’ouverture à de nouveaux marchés, et pour terminer, la responsabilité sociale et environnementale (RSE).

 

 


"Il n’est de richesse que d’hommes !"


Si Jean Bodin, en 1576, écrit cette phrase dans « les 6 livres de la République », elle reste une vérité intangible pour un nombre important de chefs d’entreprise, qui considèrent les hommes comme le véritable enjeu dans l’entreprise, totalisant près du quart (23%) de leurs préoccupations. Et si la formation et le recrutement sont le fer de lance de toutes les entreprises, en croissance ou non, on notera que la qualité de vie au travail fait partie des 3 principales préoccupations des entreprises en croissance. C’est une différenciation de nature à attirer les meilleurs candidats lors du recrutement. 

A l’inverse, on notera que le travail à domicile n’intéresse que très peu nos chefs d’entreprise (5% d’intérêt en
moyenne), peut-être la résultante d’une législation trop complexe.


Vendre, encore et toujours !

Derrière les ressources humaines sur la première marche du podium, le marketing-vente prend la seconde place dans les centres d’intérêt des chefs d’entreprise, avec un score à 19,5%, de façon très homogène entre entreprises de croissance ou non. De façon plus précise, c’est la vente qui prend nettement le pas dans cet univers, avec un score de plus de 30% devant la gestion de l’image de marque (22%). On notera avec intérêt que les réseaux sociaux ont gagné leurs lettres de noblesse, avec un taux d’intérêt à 16,5%, ce qui les classe en troisième position. Et pourtant l’on connaît la réelle difficulté de ce type de communication, en évolution permanente !


L’arrivée du digital


C’est sur cette troisième préoccupation dans l’intérêt des chefs d’entreprise que se marque la première différence notable entre les entreprises en croissance et les autres. Car, pour les autres entreprises, cet item n’arrive qu’en cin-
quième position ! Et pourtant c’est ce secteur qui est jugé à la fois le plus innovant(72% des entreprises en croissance considèrent le digital comme « extrêmement innovant »), et près de 90% des répondants considèrent que ce secteur aura très fortement évolué dans les années à venir. Dans cette famille, on notera la prépondérance de l’intérêt pour la mise en place d’outils numériques, sur lesquels les entreprises en croissance misent beaucoup plus que les autres (critère évalué à 49% d’intérêt, contre 37% pour les entreprises qui ne sont pas en croissance).

 

Chercher et trouver, la clé de l’innovation

A égalité avec le digital, la recherche et l’innovation représentent, pour les entreprises en croissance, un axe stratégique important, avec 14,4% de prévalence.

Mais, si toutes les sociétés misent d’abord sur l’anticipation des évolutions du marché, celles en croissance mettent davantage l’accent sur la promotion des talents (23%) (encore les hommes !), et l’investissement dans les projets
innovants (22%). Paradoxalement, ceci se fait au détriment du partenariat avec les écoles et les universités, qui ne recueille qu’une note d’intérêt de 11%.

On notera en dernier lieu que le dépôt de brevet suscite peu d’importance (5%), pour toutes les entreprises, ce qui peut surprendre quand on lit les problématiques que rencontrent plusieurs entreprises à l’international pour faire valoir leurs droits. 

 

Le financement

Ce point est très différenciant entre les entreprises en croissance et les autres : il s’agit de la 5e préoccupation pour les premières, mais de la 3e pour les dernières. Faut-il en conclure que les besoins de financement sont moins aigus
pour les entreprises en croissance que pour les autres ? Il est probablement plus aisé de financer sa croissance aujourd’hui - et nombre d’outils sont présents pour accompagner les entreprises, que de vouloir financer son activité au quotidien !

Peter Van Vliet

 

QUESTIONS À BERTRAND FONTAINE, DIRECTEUR RÉGIONAL DE BPIFRANCE

“Des dirigeants encore trop seuls dans leurs choix stratégiques”

 

 

La thématique des ressources humaines domine dans notre sondage tant dans les entreprises en croissance que les autres. Que vous inspire cette dominante ?

Il n’est de force que d’hommes, le sondage en la matière est très révélateur.

Les dirigeants nous le disent, les besoins de recrutement sur des profils qualifiés sont énormes à l’image de la bagarre pour le recrutement des développeurs en informatique. La qualité de l’équipe de direction d’une entreprise est clé pour affronter de nouveaux marchés à l’export ou pour s’adresser différemment à ses clients (cross canal). Nous constatons de plus en plus de croissances externes qui visent au-delà de l’activité captée à acquérir des compétences à travers les équipes reprises.

Le financement est un enjeu lui aussi assez largement partagé. Les réponses sont-elles satisfaisantes aujourd'hui ?

En quelques années, suite à la crise financière et au plan de relance des banques centrales, nous sommes passés d’un monde en manque de liquidité à un monde en surliquidité. L’impact immédiat est un niveau de taux très bas au bénéfice des entreprises. Le fameux alignement des planètes est en fait une période très propice à l’investissement, il faut que les dirigeants profitent de cette période pour muscler leur entreprise. Donc, oui le marché offre aujourd’hui
de multiples réponses. Outre le secteur bancaire qui reste dominant, le marché s’est ouvert avec une belle dynamique des fonds d’investissements en réponse à des dirigeants plus ouverts que par le passé à ouvrir leur capital pour passer des caps de croissance organique ou externe.

Pour les startup, dans les Hauts-de-France plus qu’ailleurs, il existe des réponses avec Finovam, le FIRA et NFA lancé par le Conseil Régional. Les outils sont là et Bpifrance a contribué à élargir l’offre aux entreprisespar exemple dans le financement de l’innovation, de l’export ou encore en prêts sans garantie. Cependant, si les réponses financières existent, les dirigeants restent encore trop seuls dans les choix stratégiques. Pour rompre cette solitude, Bpifrance avec d’autres à lancé une démarche d’accompagnement des dirigeants avec des diagnostics pour leur permettre d’appréhender les enjeux de stratégies, de RH, d’export ou encore d’exploitation de leur data ou du design de leurs produits.

On dit souvent que les entreprises en croissance sont celles qui innovent et/ou qui vont à l'export. Mais toutes ne le peuvent pas. Comment une entreprise “ordinaire” peut-elle aller chercher la croissance ?

Il est clair que les entreprises qui innovent etles entreprises qui exportent ont globalement une croissance plus
forte. Le numérique etles innovations d’usages ouvrent l’innovation à tous, le regard doit porter notamment sur l’incidence du numérique dans son modèle économique, à la fois sur comment mieux digitaliser ses processmais aussi comment le digital fait évoluer sa relation avec ses clients.

Même des secteurs classiques peuvent être disruptés, regardez en quelques années une partie importante de la valeur ajoutée de l’hôtellerie a été récupérée par les sites de réservation. La difficulté est que par définition l’innovation disruptive c’est celle qui arrive là où on ne s’y attend pas. Mais à chacun d’être en
veille, de s’interroger sur les besoins de ses clients àmoyenterme, accepter une offre décalée. Pas facile, mais plus
abordable quand on a pu structurer une équipe de direction, se libérer du temps pour la stratégie et pour la confrontation des idées.

Etes-vous optimiste sur la dynamique de notre tissu économique?

Notre région a dû faire face plus que d’autres à l’effondrement d’activités historiques qui ont masqué en fait une
dynamique entrepreneuriale très forte à l’image des fleurons régionaux. Donc oui, je suis optimiste car de nombreux secteurs sont mieux orientés, tourisme, industrie, commerce. La dynamique est renforcée par la force des outils régionaux tels que les incubateurs Euratechnologies, laPlaine Image, Eurasanté, la structure d’attractivité NFI, des écoles de haut niveau telles que l’UTC mais aussi le rapprochement des universités, l’avant-gardisme de
la Catho...

Recueilli par O.D.

 

 

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