3 questions à Mathieu Jaud de la Jousselinière, directeur EY Nord de France

Le patron d'EY en région commente la tendance de fond de l'attractivité économique et notamment industrielle de la région pour les investissements étrangers.

Les résultats du baromètre de l’attractivité 2023 apparaissent très encourageants pour la France et notre région. Comment les interprétez-vous ?

En effet, on peut y voir un signe positif. Ces données doivent être interprétées sur un temps long. Conjuguées à celles de 2021, elles sont la preuve, je crois, d’une entrée dans le monde de l’après-Covid, marqué par une prise de conscience de la nécessité de retrouver une forme de souveraineté industrielle. C’est typiquement le cas dans le secteur de la pharmacie ou dans celui de l’énergie, avec les batteries. Par ailleurs, cette période a été mise à profit par les industriels qui ont passé en revue l’ensemble de leur supply chain et identifié les points de fragilité sur lesquels ils ne pouvaient plus se permettre d’être dépendants de l’extérieur. Ce mouvement de fond, lié à la géopolitique, explique que les industriels ont cherché à se « dérisquer », vis-à-vis de l’Asie et de la Chine en particulier, en rapatriant des capacités de production en Europe, et donc en France, lorsqu’elle est bien positionnée.

Dans ce contexte, les Hauts-de-France tirent leur épingle du jeu...
En effet, d’autant que la majorité des projets concernent l’industrie, ce qui est très encourageant. La région cumule un faisceau de paramètres favorables, par exemple son positionnement géographique, ses infrastructures de transport, qui en font une zone stratégique. En outre, on y constate un vrai alignement entre le politique, les pouvoirs publics et les entreprises pour attirer des capitaux étrangers. Cumulé à la présence des politiques de soutien nationales, à la présence de centres de recherche... cette stratégie génère un effet d’entraînement, renforcé encore par la présence de leaders mondiaux dans des secteurs stratégiques, comme l’énergie ou les transports.

C’est donc un mouvement de fond qui est à l’œuvre ?

Je le crois. En ce qui nous concerne, les nouvelles implantations sont moins nombreuses que les projets d’ex- tension. J’y vois la preuve que beaucoup d’industriels se sentent bien dans la région et souhaitent accroître leur ancrage local. En 2021, les Hauts-de-France ont pour la première fois fait leur entrée dans le Top 10 des régions européennes les plus attractives, et cette année, nous gagnons deux places. Là encore, il s’agit d’un signe encourageant pour l’avenir.

 

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