A Cambrai, l'exemple du Métropolitain Night Club

La situation n’est pas critique que dans la Métropole. A Cambrai, Philippe Labalette se désespère. 

 

De quoi avoir le moral dans les chaussettes. 13 mois de fermeture et des perspectives de réouverture aussi nébuleuses qu’un lendemain de fête. Pour les professionnels de la nuit, discothèques, clubs ou bars d’ambiance, le cauchemar continue. Contrairement à leurs confrères de l’hôtellerie-restauration, eux ont été maintenus totalement fermés depuis le début de la crise sanitaire. L’addition est déjà lourde. «Le nombre de discothèques a été divisé par deux en vingt ans. Il ne restait plus que 1 600 établissements en France. 300 ont déjà mis la clé sous la porte en un an», se désespère Philippe Labalette, patron du Métropolitain Night club à Cambrai. Créé il y a trois ans, l’établissement de centre-ville fonctionnait bien : avec ses 350 places, il réalisait entre 500 à 600 K€ de chiffre d’affaires annuel, dans la moyenne des 150 établissements recensés dans les Hauts-de-France par la Sacem. Depuis, l’activité a été réduite à ... zéro. Et les aides ont tardé. Le système du fonds de solidarité, basé sur un montant forfaitaire de 10 K€ ou équivalent à 20% du chiffre d’affaires, n’a été effectif qu’en décembre. Il a donc fallu «taper dans la trésorerie » pour tenir, reporter les charges, décaler les paiements... bref, hypothéquer la reprise en espérant rouvrir le dance-floor avec un boulet au pied. «J’avais déjà un crédit en cours, je n’ai donc pas fait appel au PGE dans un premier temps. Ensuite, les banques se sont montrées frileuses, car nous n’avions aucune perspective de réouverture. Nos établissements ne valent plus rien, leur valeur étant indexées sur le chiffre d’affaires. De toute façon, qui voudrait acheter une boîte de nuit aujourd’hui ? », s’exaspère le dirigeant, qui a ouvert son premier bar il y a douze ans. Il reconnaît que l’adaptation du mécanisme d’aide en décembre lui a permis de maintenir la tête hors de l’eau. Ce qui ne l’empêche pas de s’inquiéter sur les conditions de la reprise. Une jauge limitative, de 30% par exemple, sera-t-elle obligatoire ? Les clients reviendront-ils ? Et quid des 12 à 14 salariés, la plupart des CDD ou des extras, qui permettent d’ouvrir l’établissement chaque vendredi et samedi ? «On tente de maintenir le lien, mais la reprise sera difficile. Certains de nos salariés ont déjà changé de métier. Les conditions de reprise seront décisives car il faut bien avoir conscience que pour une boîte de nuit, tous les frais fixes – les loyers, les salaires, la Sacem... - sont plus élevés», explique Philippe Labalette, qui, à 50 ans et malgré une expérience antérieure comme cadre, ne se voit pas « faire autre chose. J’ai trop investi d’argent et surtout de temps et personnel dans ce projet », confie t-il.

 

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