Ademe - Réseaux de chaleur : Un vecteur d'énergie considérable
Pourquoi utiliser des énergies fossiles venant de l'autre bout de la planète quand on peut exploiter une ressource locale, fiable, vertueuse, et à l'abri des cours mondiaux ? C'est tout l'intérêt des réseaux de chaleur, qui se développent de façon importante en France et dans notre région, qui en compte désormais 65.
Le réseau de chaleur d'Amiens est un des plus ambitieux des Hauts-de-France. Lancé dès 2017, il n'a cessé de se renforcer et d'évoluer pour couvrir aujourd'hui 75 km d'une « colonne vertébrale » énergétique qui traverse l'Amiénois du Nord au Sud. L’opération a pris la forme d'une Semop (société d'économie mixte à opération particulière), dont Engie est actionnaire majoritaire, au côté notamment de la Ville d'Amiens, par ailleurs autorité concédante. Baptisée Amiens Energie, elle a la particularité d'exploiter quatre sources d'énergies: trois chaufferies biomasse, des pompes à chaleur installées sur la station d'épuration (avec la plus grosse puissance installée en France sur ce type d'équipement), la géothermie et enfin la méthanisation (biogaz injecté).
L'opération a nécessité des investissements de grande ampleur, soit 140 M€ en plusieurs phases, soutenu pour près de 58 M€ par l'ADEME. Elle permet aujourd'hui de desservir l'équivalent de 16 000 logements, couverts à près de 70% par de l'énergie renouvelable, à travers 264 sous-stations. Nombre de bâtiments publics sont ainsi alimentés, à l'instar d'écoles, de bâtiments d'Etat, d'équipements sportifs ou de santé. Amiens Energie vend 130 GW/h par an d'énergie, ce qui correspond à une économie de quelque 42 000 tonnes/an de CO2. La Semop a aussi déployé un réseau de froid (le premier en région), alimenté par géothermie. Autre vertu du système : la Ville d'Amiens, en sa qualité d'actionnaire, a décidé d'affecter une partie de ses recettes pour soutenir les travaux d'économie d'énergie des habitants.
Et l'histoire n'est pas terminée puisque Amiens Energie étudie la possibilité du raccordement direct de particuliers. « Il y a du potentiel de développement du réseau mais aussi du potentiel de production, principalement sur l'espace industriel au nord de la ville. On peut penser que de la chaleur fatale industrielle pourrait venir également alimenter le réseau », décrypte Christophe Roger, ingénieur réseau de chaleur et biomasse à l'ADEME (christophe.roger@ademe.fr).
Dans plusieurs agglomérations du bassin minier des réseaux de chaleur ont été développés, comme à Béthune (avec du gaz de mine notamment) ou à Lens (par biomasse). Dans le cadre du plan ERBM (Engagement pour le renouveau du Bassin minier), un appel à projets lancé en 2022 et 2023 a permis d’accompagner des dizaines de collectivités de toutes tailles intéressées par un réseau, mais aussi pour en évaluer la faisabilité. « C'est un travail en amont, mais une réelle dynamique s'est mise en place », poursuit Christophe Roger.
A noter enfin que la ville de Valenciennes, au travers de son agglomération, est engagée dans un projet d'envergure comparable à Amiens, où le réseau sera cette fois alimenté majoritairement par de la récupération de la chaleur fatale, issue des activités industrielles.
Fonds Chaleur
Les réseaux de chaleur comme les réseaux de froid sont éligibles au fonds chaleur porté par l'ADEME. Ce dispositif financier permet d'accompagner les équipements de production d'énergies renouvelables et de de récupération et de distribution. A ce jour, près de 8 600 entreprises et collectivités ont déjà bénéficié de ce soutien en France, pour un montant global de 4,1 milliards d'euros (2009-2023). Les projets permettent jusqu'à 25% d'économies sur la facture énergétique.
Plus d'infos sur www.fondschaleur.ademe.fr
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