Alain Griset, président de la Chambre régionale des métiers et de l'artisanat : « Les gisements d'emplois artisanaux sont partout ! »

Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France Image illustrative Eco121, mensuel des décideurs des hauts de France

 

Propos recueillis par Olivier Ducuing et Sophie Pecquet. Photos Sébastien Jarry.

 

Comment se porte la première entreprise de France ?

L'artisanat est en France le secteur le plus dynamique en terme économique depuis une dizaine d'années. En 2001, il y avait 820 000 entreprises artisanales, nous avons fêté l'année dernière le millionième artisan. Dans la même période, l'artisanat a créé en solde net 600.000 emplois en France ! Voilà un secteur d'activité créant des entreprises, de l'emploi, sur l'ensemble du territoire français, entre territoire ruraux, grandes villes quartiers, l'artisanat est partout.

 

Ce potentiel est-il aujourd'hui reconnu ?

On note des progrès sensibles. L'ensemble des sujets qui nous concernent, comme les charges sociale, l'apprentissage, le fabriquer français... , sont mieux pris en compte aujourd'hui, au moins parmi ceux qui sont débattus dans la campagne présidentielle. On a un peu progressé en reconnaissance de ce que nous pesons sur le plan économique.

Mais bon nombre de sujets ne sont toujours pas résolus. La France est historiquement un pays de tradition industrielle avec l'image de la grande entreprise. Dans notre pays, dans les années 80-90, tous les textes, lois, règlementations, ont été faits pour et par les grands groupes. Depuis une bonne dizaine d'années, on essaie de faire comprendre que un texte applicable à Renault, EDF ou n'importe quel Airbus n'est pas forcément compatible avec une entreprise artisanale ou une petite entreprise. En France et en Europe, 95 et 97% des entreprises ont moins de 20 salariés !

Quand un texte sort de la commission européenne, il est fait sur le modèle de la grande entreprise. Après on prend un chausse pied et on essaie de nous l'adapter. Notre conception est fondamentalement différente : faisons les textes pour les 97% d'entreprises et après on travaillera sur les 3% des grands groupes.

 

Le débat présidentiel lui-même est très focalisé sur le thème de l'industrie, on n'entend guère parler d'artisanat...

L'industrie est dans une situation extrêmement préoccupante et les choses ne font qu'empirer. Je comprends très bien les raisons pour lesquelles le sujet est d'actualité. D'ailleurs les artisans travaillent souvent avec l'industrie. Il faut un pays dans lequel il y ait une industrie forte, adaptée, et un artisanat solide. Un pays ne réussira qu'avec une économie équilibrée, présente sur tout le territoire, capable de répondre aux enjeux de la mondialisation, avec un système de capitaux adaptés. Il faut une économie financiarisée, bien sûr; mais à côté il faut aussi une économie à taille humaine. Dans nos entreprises, on ne fonctionne pas d'abord avec des capitaux mais avec des hommes et des femmes, il n'y a pas de grosse différence entre le patron et ses salariés. Le matin il met ses vêtements de travail et il part avec ses salariés, il fait le même boulot qu'eux, la seule différence c'est qu'il a du travail le soir pour faire les comptes. Lui, il ne licenciera jamais ses 3 ou 4 gars, parce que quelqu'un lui dira, que c'est plus rentable.

Il faut des règles adaptées à notre fonctionnement.

 

Quelle est votre priorité au plan national? Vous demandez des assouplissements ?

Je ne reprendrai pas ce terme. Nous voulons un environnement juridique, fiscal, social, compatible avec nos entreprises, en adéquation avec nos besoins. On a commencé.

L'EIRL est un texte typiquement utile et adapté. Mais à l'origine, j'ai vu passer une lettre de Mme Parisot au ministre disant : « pourquoi vous embêter avec l'EIRL, toutes les entreprises n'ont qu'à se mettre en société! »... Mais quand vous êtes seul, sans actionnaire, et que vous voulez créer une entreprise artisanale, pourquoi créer une société ?  Pour avoir une protection des biens et l'impôt sur les sociétés, j'ai eu pendant des années des collègues qui créaient des sociétés bidons, demandant à leur copine, à leur beau-frère...L'économie ce n'est pas ça. Aujourd'hui si le gars veut se mettre à son compte seul il a une entreprise individuelle. Dans ce cas, il n'est pas normal qu'en cas de problème, il perde tous ses biens. D'où le statut juridique. Comme le patron de chez Renault. Lui quand il y a un problème, en plus il a un chèque quand il s'en va, jamais sa maison n'est en cause! Jamais un grand patron ne perdra ses biens. Nous, l'artisan met 5 ou 10000 euros de ses économies pour créer son activité, le jour où il a un impayé, il ne peut pas honorer la traite de la banque,  il perd sa maison! Est-ce normal ?

On avait besoin d'un statut juridique, séparant les biens professionnels dans l'entreprise, et les autres à côté.

 

Vous avez beaucoup bataillé contre le dispositif des auto-entrepreneurs. Les ajustements adoptés vous satisfont-ils ?

Je dirais comme sur les carnets de note, « gouvernement en progrès, peut mieux faire ». Ils ont compris le problème et commencé à le régler. Encore un petit effort et on va y  arriver. On a été les seuls à l'origine à nous opposer à la mise en œuvre du dispositif initial. Ce qui ne veut pas dire qu'on était hostile aux deux principes d'origine qui de ce régime – et non de ce statut – social et fiscal, la simplification et l'absence de charges avant toute recette.

Mais Hervé Novelli, dans sa conception de l'économie ultra-libérale, a mis en place un dispositif qui partant de bons principes, est devenu une usine à gaz, et pas acceptable car n'offrant plus une concurrence égale.

Les artisans sont pour la concurrence, on sait ce que c'est! Mais dans un pays d'économie libérale, il faut que ceux qui exercent une activité identique soient sur un pied d'égalité au départ. Un carreleur doit payer à son inscription, avoir les qualifications, payer la TVA,  des charges sociales. Et un autre carreleur auto-entrepreneur, salarié par ailleurs, ne paie pas de cotisation car il est déjà couvert, qui n'a pas de TVA, et peut demander deux fois moins cher, et là la concurrence est totalement déloyale. Le consommateur, au devis, voit le moins cher et fait perdre le travail à l'artisan. On a dit qu'on ne pouvait pas garder le dispositif tel quel.

Avant son départ il a un peu bougé, sur la qualification, sur l'inscription de ceux qui sont en activité principale; son successeur Lefebvre a continué a travailler. Fin 2011 a été votée l'obligation de déclaration de chiffre d'affaires chaque trimestre par tous les auto-entrepreneurs, même quand il font zéro, il a annoncé qu'il obligerait toutes les entreprises quelle que soit leur origine d'indiquer sur les factures et devis le numéro d'assurance décennale. Tout rentre peu à peu dans l'ordre, encore un petit effort et on va y arriver.

 

En même temps, ce régime a plutôt alimenté l'essor de l'artisanat...

Oui, certains sont auto-entrepreneurs. En 2010, 40% des nouveaux artisans avaient choisi ce régime. Nous n'avons pas de raison de « tuer les gens » qui utilisent un dispositif légal. Ceux qui sont en cause sont ceux qui l'ont mis en place. Il est légal, mais pas juste. On a même mis en place une prestation spécifique pour l'accompagnement. Car ceux qui adoptent ce régime sont en fait entrepreneur individuel en terme de statut juridique. Donc tous ses biens propres sont en cause s'il a un problème financier. Ils ne se rendent pas compte !  Il y a là une malhonnêteté intellectuelle d'avoir fait croire aux gens qu'ils avaient un statut protecteur, c'est faux, c'est un régime social et fiscal dérogatoire.

Parmi eux, beaucoup sont dans une situation juridiquement extrêmement dangereuse, notamment en terme de retraite. Le carreleur en activité unique, est très limité en chiffre d'affaires et ne valide pas tous ses trimestres de retraite. Quand, à la fin de sa vie professionnelle, il faudra compter ses cotisations, il va pleurer car il n'aura pas ou presque pas de retraite. Un jour ou l'autre, les gens vont payer l'addition.

Que ce soit un dispositif facilitateur oui, mais au bout d'un ou deux ans il faut arrêter.

 

Revenons à la région. Le poids de l'artisanat y est très faible. Pourquoi et comment y remédier ?

Nous avons affiché avec la région l'objectif de passer de 36.000 entreprises à 55.000. Aujourd'hui on est à 42.000. Il faut faire un peu l'histoire. La région, c'est la mine, la sidérurgie, le textile, qui ont d'ailleurs assuré la prospérité économique au siècle dernier. A Denain, où j'allais quand j'étais gamin, il y avait Usinor. C'était la caricature : un jeune homme naissant là-bas avait dans son berceau un cadeau d'Usinor, ses parents habitaient une maison d'Usinor; quand le grand père mourait, Usinor payait l'enterrement. A 14 ans, le gamin ne se posait pas de question, sa place était chez Usinor, là où le père et le grand père avaient travaillé. Jamais personne dans la famille n'avait envisagé un jour d'être à son compte.

Quand tout a fermé, il n'y avait plus de perspectives. Vers 1995, nous avons fait un constat arithmétique : la région ne comptait que 82 entreprises artisanales pour 10.000 habitants quand il y en avait 137 en moyenne nationale. A la fin des années 90, ce constat a été fait par les élus politiques régionaux, avec un changement de culture extraordinaire car eux aussi portaient la culture du salariat de grand groupe. Pour beaucoup d'entre eux, c'était une révolution intellectuelle que de considérer que notre région pourrait avoir comme priorité la création d'entreprises.

Ce constat a été partagé. Quelques responsables politiques ont eu cette capacité d'une vision, comme Daniel Percheron et Pierre de Saintignon, qui ont compris que cette région ne pouvait avoir de l'espoir qu'avec de nouvelles perspectives dont celle de la création d'entreprise. Cela s'est traduit par la politique du PRCTE, avec des moyens financiers importants, et le plan régional de développement de l'artisanat qui affiche des ambitions très importantes.

Mais en chiffres, elles ne font que nous ramener à la moyenne nationale. L'objectif en apprentissage est de monter à 40.000, ce qui est la moyenne nationale,  alors que nous partions de moins de 10.000. Nous sommes aujourd'hui déjà à 21.000 apprentis.

En entreprises, nous sommes montés à 105 entreprises pour 10.000 habitants, nous visons 130, ce nous mettra dans la moyenne. Tous les territoires n'avancent pas à la même vitesse. A Montreuil, la densité est de 140 entreprises, alors qu'à Lens elle n'est que de 85. Je proposerai au bureau le mois prochain des actions spécifiques sur le bassin minier, où la culture n'a pas encore totalement intégré ce potentiel qui existe.

On est au milieu du gué, c'est une histoire de génération, il faut une génération complète, on ne bouge pas des grandes masses comme celle là du jour au lendemain. Le principal est que chacun soit d'accord pour l'objectif et qu'on s'y tienne.

 

L'école ne commence-t-elle pas à jouer un rôle de sensibilisation ?

Non ! Pas du tout. Il y a un frémissement, et encore, pas partout. L'Education nationale, le collège et le lycée sont très loin de l'entreprise. Très loin ! Il n'y a pas de culture de l'entreprise, dans un système éducatif conçu pour donner une culture générale, point. Et en tout cas, pas d'amener une personne à avoir une compétence pour avoir un métier. Il faut que tu aies le bac et bac + 2, peu importe si c'est pour aller à Pôle Emploi. Et ce n'est pas spécifique au Nord-Pas-de-Calais.

Les Français n'ont pas une bonne idée de l'entreprise en général car ils focalisent sur la grande entreprise. Le fonds de promotion de la communication de l'artisanat montre dans des études sur l'artisanat des taux de satisfaction de plus de 90 % depuis 10 ans. Leur perception de l'artisanat est donc très bonne mais pour eux la perception de l'entreprise, c'est les plans de licenciement des grands groupes, la mondialisation.

 

Les Français aiment leurs artisans, mais sont-ils prêts à envoyer leurs enfants se former à ces métiers ?

C'est l'ambiguïté dans notre pays et la catastrophe pour beaucoup de parents. Dans notre région beaucoup de parents vivent avec des revenus très modestes. Quand une famille où il y a un revenu au Smic, va permettre à un ou deux enfants d'aller jusqu'au bac ou bac + 2, c'est un sacrifice financier. Or quand vous arrivez à bac + 2 et que la seule solution est d'aller aux missions locales ou à Pôle Emploi, c'est un drame pour les jeunes qui sont à 22 ans en échec et sans perspectives, et pour les familles qui ont fait dix ans de sacrifice pour rien. Il y a une tromperie extraordinaire, il faut dire les choses.

On n'est pas obligé d'avoir un boulot parce qu'on a bac + 4.

 

Ne paie-t-on pas le prix d'années d'obsession politique que les jeunes soient toujours plus nombreux à passer le bac ?

Naturellement ! C'est une tromperie intellectuelle. 80% d'une classe d'âge au bac, ça aboutit à quoi ? D'abord le bac ne vaut plus celui d'il y a dix ans. Mais ils ont le bac et après ?

Allez avec le bac chercher un emploi ! Le jeune ne sait rien faire avec le bac.

Il vaut mieux avoir 100% de jeunes qui ont un boulot que 100% de jeunes qui ont un bac.

On a un nombre très important de jeunes, environ 30%, qui entrent chez nous pour passer un CAP alors qu'ils ont bac ou bac + 2 ou bac + 3. Après le bac on leur dit : tu vas à la fac, première année de médecine, 90% dehors. Je ne parle pas d'histoire de l'art , de psycho, de STAPS, il y en a un sur 100 qui a une chance d'être prof de sport. On le sait tous : tous ces jeunes n'ont aucune chance d'avoir du boulot là où on les emmène. On a un tas d'hommes et de femmes de cette région qui croient de bonne foi donner une chance à leurs enfants en les mettant dans ces filières.

 

La population qui entre dans les métiers de l'artisanat change-t-elle sociologiquement ?

Le changement est double. Historiquement, on a dans l'artisanat une filière d'entrée qui est d'être « fils de » ou « cousin de ». Ça reste. Mais on a  deux nouveaux publics. Le premier, c'est l'homme ou la femme de 35 à 55 ans qui a un boulot, souvent en grande entreprise, mais qui s'interroge sur ce qui se passera dans trois, cinq ans ? N'y aura t-il pas diminution de personnel, vais-je pouvoir garder mon emploi jusqu'à 60 ans ? Ma solution est de prendre mon avenir en main, je me mets à mon compte. Je ferai plus d'heures, mais c'est moi qui vais décider. Les gens ont besoin d'exister, de ne pas être seulement un pion qu'on va balader dans des groupes où l'inhumanité est complète. Ils prennent leur avenir en main, sont sur leur territoire, travaillent à proximité avec des gens qu'ils connaissent, ont une entreprise à taille humaine. C'est une aspiration très forte des Français. ?Plus il y a de mondialisation, plus il y a besoin de proximité pour les gens, de prise en compte du terrain et de la personne.

Ce public a changé : il a une histoire, une compétence, quelquefois des moyens, et donc une autre approche, sans la culture historique des « fils de ». Ils ont de nouveaux besoins, mais apportent aussi un nouveau souffle.

L'autre nouveau public, ce sont les décrocheurs. Ils ont une culture générale de base et ils acquièrent vite la culture d'entreprise. Nous, nous axons leur formation sur le métier. Aux CFA, 8 jeunes sur 10 de 20-22 ans veulent se mettre à leur compte. Pour nous c'est un vivier extrêmement important pour demain.

 

Vos chiffres montrent une amélioration et pourtant, vos CFA ont beaucoup de places vacantes...

Aujourd'hui 110.000 jeunes de moins de 26 ans de la région sont en mission  locale, sans perspective. C'est dramatique !  Dans nos centres de formation, bon an mal an on a un bon millier de places disponibles. Je n'en suis pas catastrophé. La difficulté est que ces jeunes n'ont pas la connaissance des métiers, des filières. D'où la signature d'une convention avec le préfet au nom des missions locales pour que les jeunes viennent visiter nos centres de formation, pour que nous leur expliquions le potentiel de venir chez nous. Il y a aussi le problème d'information au collège.

Il faut accepter collectivement qu'à 13-15 ans, on puisse informer le jeune afin qu'il choisisse lui-même ce qui est bien pour lui.

 

L'âge de l'apprentissage a fait débat à un moment, certains jugeant qu'il ne fallait pas démarrer trop tôt. Qu'en pensez-vous ?

Ce débat existe encore. Sur le million d'artisans, 500.000 ont été apprentis. Et il y en a bien 400.000 qui ont commencé à 14 ou 15 ans. Ils sont aujourd'hui chef d'entreprise, ont 3, 5, 10, 30 salariés. Et à ma connaissance, ils ne sont pas très malheureux!

 

Où sont les gisements d'emploi, dans quels métiers, quels territoires ?

Mais partout ! Je ne crois pas qu'il y ait 10 cantons sur les 150 de la région, où la densité soit à la moyenne nationale dans un métier. Pourquoi les habitants du NPDC n'auraient ils pas le droit dans leur territoire d'avoir autant de coiffeurs ou de boulangers qu'ailleurs en France ?

 

La densité c'est une chose, encore faut-il gagner sa vie…

La situation économique de l'artisanat dépend de l'actualité économique globale. Mais il n'y a pas de diminution du nombre d'entreprises. En 2011, on a un solde positif de 2.700 entreprises dans l'artisanat!  Ce n'est pas neutre! C'est la région où ce solde a été le plus élevé, de loin.

Il ne faut pas nier qu'en terme de chiffre d'affaires et de visibilité de carnet de commandes, c'est plus compliqué. Il y a 7 ou 8 ans, j'avais des collègues du bâtiment qui disaient avoir 18 ou 24 mois de boulot. Aujourd'hui ils ont deux mois.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de place pour s'installer. Et on va en sortir de la crise!

Aujourd'hui il y a un problème global d'ambiance. Les périodes préélectorales ne sont jamais très bonnes non plus sur le plan économique.

J'ai le sentiment que ce qui se passe depuis quelques semaines autour de la Grèce permettra d'éviter la catastrophe et qu'il y aura des évolutions positives au second semestre 2012.

Il faut que les entreprises soient prêtes pour répondre aux besoins des clients.

 

L'artisanat régional, c'est aussi un programme impressionnant d'investissements. Où en êtes vous?

Il y a en région Nord Pas de Calais un contrat d'objectifs et de moyens exceptionnel. L'État a mis plus de 150 M€, la région met autant. On a la chance d'avoir unanimité sur les objectifs et les moyens. Je suis impressionné quand on fait assemblées générales SRDE de voir 300 personnes  issues d'associations, syndicats, patronat, université, tout le monde est d'accord. C'est unique ! Dans mes fonctions nationales où je fais 30 départements par an, je ne vois ça nulle part en France

Aujourd'hui on a un programme d'investissement pour les 4 ans à venir assez important. On inaugure l'extension d'Arras aujourd'hui (interview réalisée le 18 mars), je proposerai à mes collègues la rénovation de l'autre côté de la rue pour tout transférer du côté rue Copernic. Avec Daniel Percheron, on a posé la première pierre d'un centre de formation à Caudry le 20 janvier, c'est 24 millions d'investissement, sous notre maîtrise d'ouvrage. Il sera opérationnel en septembre 2013. On attend une décision sous trois mois pour la construction d'un CFA à Douai. On travaille sur le cahier des charges pédagogique, c'est 20 millions d'euros sous maîtrise d'ouvrage de la région.

A Bruay sur Escaut doit être reconstruit un centre de formation qui accueille 1.100 jeunes. Le projet est de 25 M€, sous maîtrise d'ouvrage régionale.

L'Université des métiers, qui sera aussi siège de la chambre de région, coûtera à peu près 50 millions. La région et l'État assumeront 80% de la partie formation.

Depuis 2004, la chambre des métiers provisionne 1,2 million par an. Il manque encore 15 millions, on empruntera avec un remboursement du même montant que les provisions actuelles. Le permis de construire a été délivré il y a un mois, on devrait lancer travaux à la fin de l'année, pour une ouverture mi 2015.

 

C'est unique au plan national ?

D'autres chambres des métiers portent aussi de beaux projets. Ce qui est vraiment exceptionnel ici , c'est la globalité du projet. On travaille sur Lens et sur Dunkerque aussi. A Lens, nous avons deux projets, dont le premier en relation avec le Louvre, pour imaginer un outil alliant artisans d'art, designers et architectes. Il pourrait y avoir dans ce lieu à la fois de la commercialisation et de la formation et de la recherche. A côté, le conseil régional souhaite que l'on travaille sur une antenne de notre cité des métiers sur le site Béhal, un projet plus à 5-10 ans. Et la région termine une étude dans les deux mois sur les arrondissements de Calais, Dunkerque, Saint-Omer et Hazebrouck pour voir l'implantation d'un centre ou deux. D'ici à fin 2015, on aura réalisé Bruay, Douai, Caudry et Lille, et ensuite on aura à terminer Lens et le Maritime, avec un outil de formation qui sera exemplaire en outils de formation, et des équipements au top. C'est aussi une façon d'attirer les jeunes. L'outil de formation qu'on redéploie n'est pas exclusivement réservé aux jeunes apprentis, il est mis à disposition des chômeurs, des salariés qui veulent changer d'orientation. C'est une évolution extrêmement forte dans notre région.

 

C'est la raison de votre récent partenariat avec Pôle Emploi ?

Il faut donner aux chômeurs l'occasion de voir ce qu'ils peuvent faire, et pas les envoyer dans des stages bidons. Nous sommes prêts à mettre en place des formations adaptées au niveau des demandeurs d'emploi. Ce secteur est très accessible. Il ne faut pas toujours beaucoup d'argent pour créer une entreprise artisanale. Même pour la reprise, on a des outils. Nous avons un potentiel en terme d'activité économique, les outils de formation adaptés avec de beaux plateaux techniques, notre secteur est aujourd'hui en situation de donner des perspectives à beaucoup d'hommes et de femmes de cette région. Il faut que les gens aient confiance en eux aussi!

 

 

Alain Griset

BIO EXPRESS

 

30 mai 1953

Naissance à Faches-Thumesnil

1er septembre 1975

Création de son entreprise d'artisan taxi

1995

Elu président de la chambre des métiers du Nord de 1995 jusqu'à la réforme consulaire

2000

Devient président national des Chambres des métiers de France (APCMA)

Depuis fin 2011

Président de la chambre des métiers de région Nord Pas de Calais (42000 entreprises, la plus importante de France, 27 sites, Budget : 46 M€)

 

Il est aussi Membre du Conseil économique, social et environnemental

Président du fonds de promotion et de la communication de l'artisanat

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