Amiens : 148 M€ pour moderniser l’usine Goodyear

 Le groupe pneumatique américain engage un plan d’investissement sur cinq ans, soutenu à hauteur de 44 M€ par le plan de Relance. Les 800 emplois du site sont garantis pour la décennie à venir.

Un Premier ministre et une ministre déléguée à l’Industrie. Il n'en fallait pas moins pour annoncer, le 17 mars dernier, le plan d’investissement de 148 M€, financé par l’Etat à hauteur de 44,6 M€, par le fabricant de pneumatiques Goodyear pour son usine amiénoise. Objectif du programme : agrandir de 10 000 m2 l’usine qui emploie 800 personnes et surtout, lui permettre de réaliser un saut technologique important. Le site produit 75% des pneus de petite dimension, entre 15 et 17 pouces, à faible valeur ajoutée. Grâce à la robotisation et l’automatisation, il pourrait se convertir aux pneus larges, de 17 à 20 pouces, voire produire des 24 pouces haut-de-gamme. « Notre volonté est d’adapter l’usine aux nouveaux marchés. Cela exigera un effort de formation important », a expliqué lors de la visite ministérielle Pierre-Jean Eraud, directeur de l’usine depuis 2018. Le groupe américain, qui s’est engagé sur le maintien de l’emploi sur 10 ans, déploiera progressivement son programme d’investissement et de formation d’ici 2027.

«Au travers du plan de relance, nous avons montré que l’action publique est un levier déterminant au déclenchement d’investissements industriels », a commenté Jean Castex, lors de sa visite.

Réunis en CSE la veille de l’annonce, les syndicats ont approuvé la stratégie, saluant les engagements du groupe et «l’amélioration des conditions de travail apportées par l’automatisation », selon Christophe Giffard, secrétaire FO chez Goodyear Amiens. L’usine Goodyear d’Amiens (ex-Dunlop) est une rescapée. Chacun a encore ici en mémoire le très long conflit social portant sur la réorganisation du temps de travail, qui avait conduit à la fermeture, en 2014, de sa sœur jumelle et au licenciement de 1 140 salariés. A l’époque, le groupe arguait de la nécessité de cette réorganisation pour augmenter la compétitivité de l’entreprise et lui permettre de s’adapter aux nouvelles donnes du marché automobile. L’ex-usine Dunlop avait accepté, l’ex-usine Goodyear refusé. Elle est aujourd’hui rasée et remplacée par un entrepôt logistique.