Arc renoue avec l'investissement (très) lourd

Arcques. Les bureaux d'études et techniciens s'activent dans l'usine verrière pour implanter une ligne de verres à pied. Le plus gros investissement industriel de l'usine depuis 2002, soit 15 M€.

"C'est un monstre ! » Les ingénieurs en charge du projet du four « VL04 » ont le sourire chez Arc. Le géant mondial des arts de la table, après des années de restrictions, de réduction de voilure, et d'efforts en tous genres, s'offre son plus gros investissement industriel sur son siège historique depuis vingt ans : il s'agit de brancher une troisième ligne de verres à pied haut de gamme sur le seul four à cristallin du groupe, le fameux four VL04. Car le marché est très porteur, avec une concurrence réduite à trois ou quatre opérateurs, tant l'exigence technique est élevée. « Depuis quelques années, on voit une tendance dans les restaurants à des verres à pied de plus en plus gros et de plus en plus beaux. Et on voit cette évolution même chez les brasseurs », se réjouit Martin Debacker, directeur des opérations verrières d'Arc France, qui va donc accroître de 50% ses capacités pour ces articles. Le four, qui porte le verre à fusion à 1500 °, sera alors mis en pleine puissance, soit jusqu'à une capacité quotidienne de 130 tonnes.

Quatre machines de 100 tonnes

En réalité, ce n'est pas un seul outil de production qui est déployé mais quatre, d'un poids total de 100 tonnes, qui sont en cours d'installation, pendant que le four continue ses fabrications en parallèle, un vrai défi technique. Car la fabrication de verres à pied se découpe en trois étapes : une presse va recevoir une goutte de verre puis l'écraser pour en faire le pied. Une autre machine va quant à elle fabriquer la paraison, autrement dit le contenant. Tandis qu'une étape cruciale, la soudure entre ces deux éléments, va suivre immédiatement (alors qu'auparavant, Arc réalisait les soudures bien plus tardivement). Ce dernier procédé permet d'économiser pas moins de 30 à 40% d'énergie, explique le directeur industriel. Le sujet est ultra-sensible chez Arc, énorme consommateur d'énergie, dont la facture doit s'accroître de 140 M€ cette année du fait de la flambée des cours mondiaux. Les verres sont ensuite recuits puis découpés.

Les machines, entièrement faites maison avec un sens évident de la discrétion pour les trouvailles techniques – pour lesquelles Arc ne dépose pas nécessairement de brevets, qui deviendraient par définition publics - ont demandé pas moins de 100 000 heures de travail, associant de très nombreuses compétences : automatisme, robotique, thermique, traitement d'images en temps réel.

L'investissement, formellement décidé en février 2020, a subi les secousses de la Covid mais a bien été confirmé depuis, compte tenu de son éminente dimension stratégique. Les équipes d'Arc prévoient une série de tests machines entre juin et septembre, puis des tests de production en septembre avant d'entrer en service à l'automne. L'arrivée de cette ligne s'accompagne de la création d'une centaine de postes, en pilotage direct mais aussi sur les fonctions support.

Le signe est très positif pour cet industriel majeur qui a dû surmonter tant de difficultés depuis des années, mais qui regarde résolument vers l'avenir. L'usine a une capacité de production de quelque 430 000 tonnes avec 10 fours, soit la moitié du potentiel mondial du groupe. Arc compte aussi des usines aux Etats- Unis, en Chine et aux Emirats. Il emploie 7 800 personnes dont près de 5 000 dans le Pas-de-Calais

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