Avec Popschool, le numérique devient inclusif
Entreprise à impact social basée à Lille, Popschool et ses formations au numérique gratuites aux personnes éloignées de l’emploi connaissent une forte accélération. Son succès repose sur une formation tant technique que comportementale
Mieux que de longs discours, deux chiffres sous-tendent l’essor de Popschool, une école formant aux métiers du numérique : ce secteur recense 80 000 emplois non pourvus en France, tandis que 50% des emplois digitaux se concentrent désormais dans des entreprises non numériques (commerçants, transports, logistique). Depuis sa création il y a trois ans, Popschool a déjà formé 250 apprenants, issus de parcours compliqués : demandeurs d’emplois, décrocheurs scolaires, habitants de zones prioritaires des villes. En six mois de formation, dont 2 mois de stage, ils deviennent des as du web, avec un diplôme équivalent à Bac+2. Parmi les sept parcours proposés, « développeur web » attire le plus : les jeunes accompagnent ensuite les entreprises dans la création d’un site Internet, d’une application... Le taux de réussite six mois après la fin de la formation est de 75%, qu’il s’agisse d’un contrat d’embauche, d’une création d’entreprise ou de reprise d’étude.
Double accompagnement
Le succès de la formule repose sur un accompagnement très serré de ce public difficile, détecté par Pôle Emploi, les missions locales et le tissu associatif. Pour Pierre Verlyck, directeur de la structure, c’est un challenge quotidien : « une réunion d’information leur est d’abord proposée, pour lever certains freins. Beaucoup de femmes, mais aussi des personnes nulles en maths ne se sentent pas légitimes. Nous les rassurons sur le fait que ces formations sont ouvertes à tous. » Une fois les tests de motivation passés, l’apprenant rejoint sa promo d’une vingtaine de personnes. Il suit à temps plein les cours, avec un soutien financier de Pôle Emploi ou du Crous. Parallèlement, le responsable du site de formation est en charge de son accompagnement socio-professionnel, pour éviter les décrochages et transmettre des compétences comportementales autour du savoir-être.
Pour cette rentrée 2019, Popschool et ses 12 salariés connaissent une montée en régime. 200 personnes vont être formées d’ici juin 2020. Trois « Fabriques » se sont ouvertes (Roubaix, Willems et St-Quentin-en-Yvelines), portant le nombre de sites de formation à 6. Et parmi les sept formations possibles, trois sont nouvelles : agriculture connectée, expérience utilisateur et cybersécurité. Pour asseoir ce développement, la structure a bénéficié d’un renforcement du soutien financier de l’Etat (70% du budget) via la Grande Ecole Numérique. La Région, les agglos de Valenciennes et Saint Omer, et les fonds européens financent le reste.
Mobiliser le privé
« A terme, nous étudions la possibilité pour des entreprises qui recrutent des personnes dans le numérique de faire financer la formation par les OPCO (opérateurs de compétences). Popschool pourrait aussi s’ouvrir aux personnes autistes », envisage le directeur qui tire un premier bilan, trois mois après son entrée en fonction : « Je suis touché par les retours positifs d’apprenants qui après plusieurs années de chômage, ont retrouvé un emploi stable. Preuve en est que les métiers du numérique sont inclusifs si on s’en donne les moyens."
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