Biotech : Genfit joue les phœnix avec Ipsen

Pascal Prigent, dirigeant de la biopharma depuis 2018. Pascal Prigent, dirigeant de la biopharma depuis 2018.

Lille. Fin décembre, Ipsen a racheté les droits de la molécule Elafibranor pour 120 M€ et pris 8% du capital. Une nouvelle trajectoire gagnante pour la société lilloise.

Après l'échec de sa molécule phare l'Elafibranor contre la maladie du foie NASH, beaucoup pensaient que Genfit était condamnée. Que nenni ! Recentrée sur une maladie rare, la cholangite bilaire primitive (PBC), la biotech lilloise vient de séduire le laboratoire Ipsen, qui met 120 M€ sur la table pour acquérir la licence exclusive de la molécule. L'accord va plus loin : une série d'étapes (milestones) est prévue, qui pourrait amener Ipsen à ajouter 360 M€ (achèvement des études de phase 3, par exemple) sans compter les royalties sur les ventes, qui pourraient atteindre jusqu'à 20%. Les résultats de la phase 3 devraient intervenir début 2023, tandis que la commercialisation interviendrait en 2025. On ajoutera qu'Ipsen rentre par la même occasion au capital de Genfit, à hauteur de 8% tandis que David Loew, directeur général d'Ipsen, fait son entrée au conseil d'administration de Genfit. La PBC est une maladie rare, qui ne touche que 90 000 personnes par an à l'échelle mondiale, mais le coût du traitement est élevé, aux alentours de 65 000 €, ce qui en fait un marché re table, évalué à 500 M€.

« Cet accord nous donne une visibilité financière très améliorée », résume sobrement Pascal Prigent (photo), à la tête de l'entreprise depuis 2018. Et qui souligne que les frais de développement de l'Elafibranor, ainsi que ceux d'une lourde étude de long terme seront pris en charge par Ipsen : c'est donc autant de trésorerie qui demeure dans l'entreprise.

Au côté de l'Elafibranor, Genfit compte désormais développer de nouvelles molécules. « On a montré qu'on savait amener un produit du stade pré-clinique à la phase 3 », décrypte Pascal Prigent. La société vient du reste d'acquérir les droits d'un nouveau composé auprès de la société marseillaise Genoscience Pharma, dans une indication contre un cancer du foie rare, le cholangiocarcinome. La phase 2 pourrait débuter dès le second semestre 2022. Deux ou trois autres candidats médicaments pourraient suivre à terme. Parallèlement à ce renouveau, Genfit reprend aussi les embauches. Après vingt recrutements l'an dernier, la société devrait embaucher « au moins autant, sans doute plus » cette année, selon le dirigeant.