Boulangerie : Menissez investit 100 M€ à Maubeuge

Feignies. Le groupe familial de boulangerie industrielle lance un programme majeur pour produire 100 000 tonnes de plus d'ici 3 ans. 150 à 250 emplois à la clé.

l fallait bien une visite ministérielle – Agnès Pannier-Runacher- accompagnée de Xavier Bertrand et du Préfet de région, pour pousser Laurent Menissez à sortir de sa traditionnelle très grande discrétion. Cet industriel est pourtant à la tête de l'une des très belles sagas aventures économiques de la région : de la boulangerie artisanale rachetée par ses parents à Feignies, en périphérie de Maubeuge, en 1965, est né un des acteurs majeurs de son secteur, qui exporte le made in France sur toute la planète, jusqu'en Asie et en Australie. Le groupe réalise un chiffre d'affaires de 200 M€ (sur sa seule activité industrielle), dont 75% à l'international, grâce à son pain sous atmosphère à la durée de conservation longue. Le groupe s'est beaucoup diversifié, pas seulement dans les circuits traditionnels avec la Boulangerie Louise, mais aussi dans le private equity à travers un family office, et diverses acquisitions. Au cœur du dispositif de boulangerie industrielle, un site de 25 ha, flanqué de 10 ha de réserves, qui est probablement devenu le plus gros site du secteur en Europe, et qui va puissamment conforter ce statut. Menissez boucle un premier cycle d'investissement de 80 M€ et dispose déjà d'une usine ultra-automatisée, avec 35 lignes, qui débitent 180 000 tonnes de pain par an 24 h/24h, 7 jours sur 7. Mais Laurent Menissez entame désormais un nouveau programme de grande envergure, soit 100 M€ d'ici à 2024, dont 40 M€ dans les bâtiments et 60 M€ dans les process. La condition pour aller gagner encore en valeur ajoutée, en « premiumisation ». A l'exemple d'un levain premium créé au prix de 3 M€ d'investissement, mais qui habitue le client, et qui le fidélise. « C'est comme du parfum », décrit-il à Agnès Pannier-Runacher. « J'ai perdu 100 M€ de chiffre d'affaires sur des produits à faible valeur ajoutée que je laisse à mes concurrents polonais, en raison du coût de revient », a déploré le dirigeant, pointant devant la ministre les surcoûts français liés à la fiscalisation sur la production, sur le capital , le coût du travail, mais aussi les coûts induits notamment par les normes et la suradministration. «Je ne me plains pas, je m'adapte, dit-il, mais on a un sujet ! ».

Une usine aux Etats-Unis

Le nouvel investissement va accroître les capacités de 100 000 tonnes, que devrait facilement absorber un marché très porteur, et même dopé par la crise sanitaire. Il devrait générer de 150 à 250 emplois sur un site qui s'approcherait déjà des 1000 salariés aujourd'hui, mais le dirigeant ne communique pas sur le sujet.

Le développement du site nordiste n'empêche pas l'expansion internationale : l'an dernier, Menissez s'est offert le groupe canadien Boulart (un rachat réalisé à 100% sous format Teams, plaisante le dirigeant). Un ensemble de 350 salariés, qui réalise déjà la moitié de ses ventes aux Etats-Unis, où Laurent Menissez souhaite construire une usine dans les deux ans. Décoiffant.