Boulogne renoue en fanfare avec son destin touristique

 

 

 

Longtemps Boulogne-sur-Mer était résumée à la plus grande plateforme de transformation de poissons d'Europe. Cela reste vrai. Avec ses 34 000 tonnes de pêches débarquées tous les ans et ses 287 000 tonnes de marchandises importées d'Europe du Nord, fléchées vers l'immense zone Capécure et ses 150 entreprises, Boulogne est la capitale européenne du poisson. «Cela représente entre 5000 et 6000 emplois si l'on additionne la pêche et l'activité de transformation. cela reste une filière majeure du Boulonnais», décrypte Olivier Delbecq, directeur de l'agence Boulogne Promotion. Sans tourner le dos à ce moteur économique, l'agglomération prépare l'avenir face à des incertitudes lourdes. A court terme, le Brexit pèse sur la profession. En effet, pas moins de 40% des zones de pêche fréquentées par les navires boulonnais se situent dans les eaux britanniques. La protection de la ressource halieutique, la pêche raisonnée et les exigences du développement durable poussent déjà les professionnels à monter les produits en gamme, à chercher toujours plus à valoriser les produits, et à se projeter vers un avenir plus dense en recherche-développement. Le pôle de compétitivité Aquimer tente de jouer ce rôle depuis plusieurs années.

Or l'économie locale est déjà plombée par un taux de chômage élevé (13,1%), et une désindustrialisation qui a durement frappé le territoire : LK Industries, Continentale Nutrition, Delpierre Mer & Tradition, Comilog plus anciennement - dont les fumées sulfurées polluaient régulièrement la baie - ont connu des déboires divers très médiatisés. Comment rebondir face à ces contraintes doublées d'un foncier extrêmement limité ? Boulogne-sur-Mer est en effet une des villes moyennes les plus denses où le potentiel de développement est le plus complexe. Frédéric Cuvillier, maire et président de l'agglo, a choisi de miser lourdement sur le tourisme. Manière aussi de réconcilier une ville longtemps industrialo-portuaire avec son destin balnéaire. Au XIXe siècle, en plein essor de la vogue des bains de mer, la cité était l'une des stations touristiques les plus prisées de France, grâce à sa proximité avec l'Angleterre, sa vieille ville fortifiée et son château-musée. Avant que le chemin de fer ne permette à d'autres destinations de rivaliser, Boulogne-sur-Mer profita même d'une sorte de monopole touristique sur la Côte d'Opale pendant près de cinq décennies.

 

Exceptionnelle convergence de projets

 

Or, après de longues années de procédures, l'agglo a repris la main sur la gare maritime et sur l'éperon permettant une exceptionnelle convergence de projets, et une fenêtre de tir unique pour les deux prochaines années. Elles devraient profondément transfigurer l'image de Boulogne et son ancienne gare maritime défraîchie. Le plus connu est bien sûr l'extension de Nausicaa (lire ci-contre). L'équipement touristique majeur de la région, né en 1991 de l'impulsion publique – et qui est d'ailleurs toujours porté par une société d'économie mixte, fait l'objet de travaux pharaoniques. De quoi consolider la place de premier aquarium européen en propulsant la fréquentation. «Ma conviction est qu'on peut dépasser le chiffre d'un million de visiteurs, à condition de jouer le jeu sur les équipements touristiques», espère Guy Lengagne, ex député-maire et toujours Président de Nausicaa. A raison de 50 € de dépenses quotidiennes attendues, selon une étude Sofres, l'impact économique serait puissant. De l'autre côté du chenal, au lieu et place de l'ancienne gare maritime, le groupe VIAE va quant à lui injecter 50 M€ pour construire un centre de thalasso et deux hôtels de 3 et 4 étoiles, qui draineront en prime quelque 300 nouveaux emplois directs et indirects. L'ouverture est programmée en 2019, en même temps qu'un équipement public, le futur Palais des congrès. Un complexe de 3000 places, capable d'accueillir jusqu'à 8000 personnes en extérieur. A cela s'ajoute l'extension du port de plaisance d'une centaine d'anneaux sur le bassin Napoléon l'an prochain pour un investissement de 2,5M€. «On peut y rentrer et en sortir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Je ne connais pas d'autres ports qui soient dans cette situation, à part peut-être Dieppe», souligne Guy Lengagne.

 

[caption id="attachment_35730" align="aligncenter" width="788"] La Caisse des dépôts et la communauté d'agglo ont signé un partenariat financier pour le Grand Nausicaa lors du salon des maires[/caption]

 

Renouvellement urbain

Même l'intérieur de la ville profite de cette cure de jouvence. Les projets de renouvellement urbain doivent revivifier le tissu le long de la Liane. Le groupe Veolia prévu de s'installer sur l'ancien abattoir du Chemin Vert, où se construisent 4000 m2 de bureaux. Prise dans son élan de transformation, la ville joue aussi sa partition dans le numérique pour profiter de la vague. «Des nouveaux emplois et des nouveaux métiers se créent. Le numérique est partout», défend Olivier Delbecq. Le concepteur de logiciels Sopra Steria s'est d'ailleurs implanté, de même qu'une école Simplon, qui en est déjà à la troisième promotion. Et début 2017, les élus ont inauguré le «Boulogne Urban Data», qui héberge 16 start-up.

Autant d'évolutions qui n'empêchent pas les collectivités de ménager leur tissu industriel. Si Bic quitte le centre ville de Boulogne, c'est pour mieux s'implanter dans la durée à quelques kilomètres, à Samer (Eco121 n°76). La fonderie Outreau Technologies, qui fabrique des cœurs de voies ferroviaires, va être reconstruite sur place pour un investissement de 40 M€, gage là encore de pérennité. Reste une question : ce rebond annoncé du Boulonnais permettra-t-il de garder sur le territoire les jeunes aujourd'hui irrésistiblement attirés par les grandes métropoles ?

 

NAUSICAA VISE LE MILLION DE VISITEURS

Le Centre national de la mer s'offre une double extension à 100 M€ qui devrait le propulser au rang de premier aquarium d'Europe.

Ouvert en 1991 sur un ancien casino, l'aquarium de Boulogne-sur-Mer attire chaque année 600 000 visiteurs. Un score qui en fait déjà l'attraction touristique majeure du Boulonnais et la figure de proue de son développement. Mais une métamorphose profonde va faire franchir à cet équipement touristique majeur une nouvelle étape stratégique. Pour la bagatelle de 100 M€ en deux temps.

La première phase, en cours de travaux, devrait s'achever en juin 2018. Un premier investissement de 70 M€ porté par la Communauté d'agglo du Boulonnais (30M€), maître d'ouvrage, la Région (29M€) et le Département du Pas- de-Calais (9M€). Il s'agira d'enrichir la visite d'un nouveau parcours thématique centré sur la haute mer.

Il offrira un nouveau bassin de 10 000 m3 pour contempler requins-marteaux, raies manta ou encore poissons-lunes. Cette seule nou- velle aile devrait doper la fréquentation jusqu'au seuil du million de visiteurs annuels. "Cette extension devrait doubler les retombées économiques. Nous agissons à la fois sur l'allongement du trafic et l'allongement de la visite. Deux leviers qui vont augmenter le nombre de nuitées", anticipe le directeur Philippe Vallette.

La seconde phase mobilisera 30 M€, dont le financement n'est pas encore ficelé. Le parcours se focalisera sur le changement climatique, notamment sur ses conséquences sur les pôles de la Terre. Et comprendra dans cette optique deux nouveaux bassins pour accueillir des morses.

Au total, les deux opérations doubleront la superficie de l'édifice. "Nous serons de fait le premier aquarium d'europe. Il s'agira de mieux tirer parti de notre zone de chalandise naturelle qui est de l'ordre de 250 kilomètres avec un taux de pénétration qui va augmenter", se réjouit Philippe Vallette.

 

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