Brexit : le mur du 1er janvier

Le retour des barrières douanières entre Grande-Bretagne et Vieux Continent rebat profondément les cartes. Avec une vraie crainte pour le passage du 1er janvier.
Le 23 juin 2016, le peuple britannique votait une première dans l'histoire de l'Union Européenne : le départ d'un des pays membres. Après un feuilleton à peine croyable, des atermoiements, deux changements de Premier Ministre outre-Manche, l'heure arrive, dans la pire hypothèse, le hard Brexit. A l'heure où nous écrivions ces lignes, moins de 20 jours avant l'échéance finale, aucun accord n'était encore conclu, notamment pour la pêche, enjeu stratégique pour les Hauts-de-France (lire ci-dessous). L'autre défi est celui de la logistique face au retour des contrôles et des tarifs douaniers. Celui-ci a été anticipé par les Douanes françaises qui ont déployé un outil informatique ad hoc, le SI Brexit, qui permet à la fois d'anticiper, d'identifier et d'automatiser les flux, grâce à une préparation des déclarations en douanes, couplée au numéro d'immatriculation. Services vétérinaires et phytosanitaires ont aussi été très largement renforcés, avec de gros investissements à la clé (47 M€ pour Eurotunnel par exemple). Reste que l'heure de vérité interviendra le 1er et surtout le lundi 4 janvier, avec potentiellement de gigantesques bouchons sur l'A16.
Mais il faut raisonner au-delà. Ce qu'a très rapidement fait la Région en se positionnant comme terre d'accueil naturelle pour les entreprises britanniques souhaitant garder un pied dans l'Union. Pour l'heure, cet appel du pied, relayé par une présence d'un bureau au cœur de Londres, s'est révélé très peu efficace, du fait de l'absence totale de visibilité des acteurs économiques. Même si l'avenir est délicat, au moins la situation sera-t-elle clarifiée avec le passage en 2021. Les entreprises britanniques seront-elles nombreuses à créer des antennes à Euralille ou à Coquelles ? Bien malin qui peut le savoir. Mais il ne faudrait pas négliger des mouvements inverses. Plusieurs industriels régionaux nous ont confié être prêts à investir outre-Manche en cas de Brexit dur, tel ce gros acteur de l'agroalimentaire qui a déjà réservé un terrain outre-Manche depuis de longs mois en attente d'y voir clair. Il y construira une usine pour accueillir des fabrications actuellement réalisées en Hauts-de-France.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin sur l'impact du Brexit et les différents change- ments induits, la Préfecture, la CCI Hauts- de-France et le conseil régional ont créé un guichet unique sur ce portail : https://brexit.hautsdefrance.fr/
La filière pêche toujours en eaux troubles
« Ça fait trois ans qu’on nous bassine avec le Brexit. Il rentre en vigueur dans quelques jours et nous n’avons toujours aucune visibilité sur la suite ! » Olivier Leprêtre, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins, a bien du mal à visualiser l’avenir des pêcheurs nordistes. Malgré la mobilisation du président de Région Xavier Bertrand, les négociations entre la France et le Royaume- Uni patinent. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le 9 décembre, quelques jours après la visite du Premier ministre Jean Castex à Boulogne-sur-Mer, le moral des troupes est au plus bas. La colère des pêcheurs gronde face au manque de réponses concrètes quant à leurs revendications ; le maintien de leurs droits de pêche en zone britannique, la fixation des règles sur le long terme et non annuellement, entre autres. « Un no deal, qui empêcherait nos pêcheurs d’accéder aux eaux britanniques, serait une catastrophe pour la filière régionale ! Il nous faut un accord, quitte à l’améliorer plus tard », estime Olivier Leprêtre. Le plan d’accompagnement
« spécifique » (sans donner de précision) ou encore la vingtaine d’agents des services vétérinaires supplémentaires à Boulogne promis début décembre par Jean Castex ? Le représentant de la pêche régionale s’insurge : « Ça ne servira à rien. C’est infernal, on n’en peut plus ! » Plus que jamais, le temps est compté. Et l’accord gagnant- gagnant tant espéré a bien du mal à mordre à l’hameçon. J. K.
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