Bridgestone annonce la fermeture du site de Béthune et déclenche un tollé

 Le japonais Bridgestone a décidé d'arrêter son site de pneus de Béthune d'ici au deuxième trimestre 2021. Un véritable séisme industriel et social.

 

Le 16 septembre 2020 restera comme un jour noir dans l'histoire de l'usine de pneus Bridgestone implantée à Béthune depuis 1961. Le groupe japonais, numéro un mondial du pneumatique, a annoncé à ses salariés son projet de « cessation totale et définitive de l'activité de l'usine de Béthune », avec une perspective très rapide puisque l'arrêt est envisagé au deuxième trimestre 2021.

Le fabricant de pneumatiques justifie sa décision par la chute des volumes, la fermeture « étant la seule option qui permettrait de sauvegarder la compétitivité des opérations de Bridgestone en Europe ». "Malheureusement, il n'existe pas d'alternative qui nous permettrait de surmonter les difficultés auxquelles nous sommes confrontés en Europe. Cette étape est nécessaire pour pérenniser les activités de Bridgestone à long terme", argumente le fabricant, soulignant aussi que l'usine de Béthune est "la moins performante parmi toutes les usines européennes de Bridgestone"

L'usine est un des gros employeurs industriels de la région avec 863 salariés. Avec un nombre d'emplois induits de l'ordre d'1 à 2 selon des experts du monde automobile, l'impact social sur le territoire serait donc vraisemblablement de l'ordre de 2000 emplois. La direction de Bridgestone dit "s'engage(r) à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour définir un plan d'accompagnement adapté à chaque employé", avec entre autre des possibilités de reclassement interne chez Bridgestone France, le reclassement externe et des mesures de pré-retraite. Le groupe annonce aussi un plan de revitalisation "ambitieux pour l'emploi". Enfin, Bridgestone annonce rechercher "activement" un repreneur pour le site.

 

"acte prémédité"

A peine présentée au comité social et économique extrardinaire, la décision a suscité une véritable bronca tous azimuts. Dans un communiqué conjoint inédit entre l'Etat et le conseil régional, Xavier Bertrand, Elisabeth Borne, ministre du travail, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'industrie, contestent « la brutalité, la pertinence et les fondements » de la décision. Dans un tweet, le président de Région va plus loin, qualifiant la décision de « scandaleuse et totalement inacceptable ». Le maire de Béthune, l'UDI Olivier Gaquerre se dit quant à lui « humilié »d'apprendre une telle annonce alors que depuis des années la collectivité était en contact avec l'industriel pour trouver des solutions et un projet industriel.

 

De son côté, le président du conseil déparetemental du pas-de-Calais Jean-CLaude Leroy a jugé la fermeture préméditée : "La fermeture de cette usine emblématique du Béthunois est le résultat d’un sous-investissement sur le site. Un acte prémédité d’un grand groupe international", dénonce-t-il avec vigueur.  Une rencontre entre représentants du personnel et élus locaux sera organisée dans les prochains jours pour « faire le point sur la situation et décider des prochaines étapes ».