" Ce territoire a de belles choses à faire valoir ”

 

Quelles sont les zones de force du CNRS dans la région ?
Nous sommes représentés sur l’ensemble des disciplines à l’exception de la physique nucléaire et de Physique des particules, mais plus particulièrement dans les domaines de la chimie, de la biologie, des sciences humaines et sciences de l’ingénierie et des sys- tèmes. A ceux-là s’ajoutent les sciences de l’information et de leurs interactions, la physique, les sciences de l’univers, l’écologie et les mathématiques, ce qui fait un ensemble d’une soixantaine de structures au global, environ 40 laboratoires, avec un effectif de 994 personnes, chercheurs et ingénieurs confondus. Ce qui place la région dans un niveau médian. Ce qui nous caractérise, c’est un partenariat fort avec les universités et les écoles, et par là même des laboratoires que le CNRS et les universités ont créés il y a quelques années.

 

Il y a 20 ans, le projet de Synchrotron avait beaucoup fait parler, les chercheurs de Saclay avaient dit que jamais ils ne voudraient venir dans le Nord. En matière d’attractivité, diriez-vous que la région a changé d’image?

La recherche se fait au meilleur niveau et l’attractivité est là où un ensemble d’acteurs décide d’apporter de la visi- bilité. Le CNRS recrute des chercheurs, dont 30% de jeunes chercheurs d’autres pays. L’attractivité est présente sur l’ensemble du territoire. L’idée est de poursuivre la structuration et la visibilité de chacun des sites. Ce territoire a de belles choses à faire valoir, de beaux

projets. Vous évoquez le Très Grand Equipement : le site va en accueillir un prochainement, unique sur le plan international. Il est actuellement en cours de construction, et s’inscrit dans le cadre des Très Grandes Infrastructures de Recherche (TGIR). Il s’agit du spectromètre RMN 1.2GHz, pour un budget de 15 M€. Il sera accessible tant aux chercheurs de la biologie que la chimie permettant de lever des verrous scientifiques dans de nombreux domaines, allant de la biologie structurale à la science des matériaux, en passant par la pharmacie, la chimie, la géologie ou les sciences de l’environnement. D’autres sites étaient éligibles ailleurs, le choix de Lille s’est basé sur la qualité du contexte scientifique. Ce dossier a été porté de concert entre l’Université, les collectivités territoriales, l’Etat, en lien étroit avec le Directeur de l’Institut de Chimie au CNRS, Dominique Massiot et la gouvernance du CNRS. Il sera ouvert à la communauté scientifique nationale.

La recherche française est-elle toujours en situation financière difficile  ?  

Cela reste des questions sur lesquelles les gouvernances d’établissement sont attentives. Alain Fuchs, le président du CNRS, est intervenu à ce titre là pour dire toute l’importance que revêtait la façon dont on pouvait continuer à financer la recherche. 

Comment jugez-vous l’intégration de la recherche dans la nouvelle stratégie régionale de l’innovation?
La prise de conscience d'un développement de la recherche au profit du développement économique génère une fluidité d’actions et une bonne perception des choses. La recherche est aussi soutenue dans le cadre des projets du contrat de plan état-région qui a été signé il y a un an et demi maintenant. Nous sommes engagés sur nombre de projets, en copilotage, notamment en chimie et biologie. Parmi les dossiers d’importance figure la création d’un institut de recherche pluridisciplinaire sur le cancer de dimension internationale en partenariat avec l’Université de Tokyo (IIS), l’Université de Lille et le Centre Oscar Lambret. C’est un point important à deux entrées, qui ouvre vers des partenariats forts à l’international dans le domaine de la cancérologie, afin de partager les recherches et faire croître la capacité d’ouverture de la connaissance.

Le lien recherche-entreprise est une priorité affichée depuis des années, présente aussi dans les pôles de compétitivité. Comment voyez-vous ce rapprochement ?

Le CNRS a de longue date une politique de valorisation, articulée autour de différents outils : les accords-cadres avec de grands groupes industriels, et les conventions de création de Laboratoires de Recherche Commun (LRC). Avec Renault, nous venons d'ouvrir un laboratoire à Compiègne avec l’Université de Technologie de Compiègne. C'est le seul laboratoire commun, au sein d’une unité mixte Université- CNRS, qu'envisage de conclure l'industriel avec la recherche publique, sur le thème du véhicule autonome, les systèmes intelligents. On a créé une dizaine de laboratoires de ce type ces dernières années. Le CNRS pourrait être amené aussi à poursuivre la création des Unités mixtes de recherche (UMR) CNRS Entreprise. Existe dans notre Ré- gion, le laboratoire miroir de l’Unité Mixte Internationale CNRS-Solvay à Shanghai, dans un partenariat fort. Et dans le domaine de la création d’entreprise, le CNRS a généré plus de 1000 start-up. En région, nous accompagnons une dizaine en ce moment, d'autres sont en création.

Il y a cinq ans, les SATT ont été créées pour gérer les brevets de la recherche. Est-ce efficace ?

Le CNRS est actionnaire des 14 SATT, avec la volonté d'accompagner leur développement et d'amener à la valo- risation de la recherche et de pousser ce lien laboratoires-entreprises, dans le cadre du continuum recherche –innovation. Soit les dépôts de brevets se font via la SATT, soit via notre filière FIST-SA quand on dispose déjà de grappes de brevets. Ce qui compte est l'identification puis la maturation des projets par la SATT. Ces projets sont développés et votés en conseil d'administration pour bénéficier de crédits dans le cadre de budgets alloués aux SATT.

Les chercheurs sont-ils aujourd'hui prêts à faire le saut de l'entreprise ? Les y aidez-vous ?

Tout à fait. On a des sites d'hébergement physique, s'ils le souhaitent, dans les laboratoires. On incite les chercheurs, via notre pôle partenariat et valorisation, qui accueille tous ceux qui ont des projets à déposer, et on les accompagne sur un grand nombre de démarches.

 

Les pôles de compétitivité aussi visaient le rapprochement recherche-entreprise  ...

Le CNRS est membre de quelques pôles de compétitivité, selon les thématiques, pour favoriser les liens recherche-entreprises. C'est le cas de Matikem et IAR dans la région. On est très présents sur les matériaux, la chimie verte, c'est un point important de structuration. C'est un outil nécessaire, parmi d'autres, comme courroie entre entreprises, acteurs publics et laboratoires.

Financièrement, quelle part occupe le privé dans votre budget ?

Cela peut représenter, selon le laboratoire, d'un tiers à la moitié de ses ressources. Il faut aussi compléter avec l'Union européenne et les appels d'offres nationaux. On incite les chercheurs à candidater aux programmes européens, qui sont aussi des moyens de financement importants, et l'Agence Nationale de la Recherche.

Daniel Percheron, l'ex président de Région, dénonçait les choix du PIA qui irriguait massivement l'Ile-de-France. Diriez-vous qu'aujourd'hui la région a rattrapé son retard ?

Je ne parlerai pas de rattrapage. Ce terme ne me convient pas car il laisserait à croire qu'il n'y a pas ici de capacité de faire. Or il y a de très bons chercheurs, enseignants chercheurs et laboratoires, en capacité d'être éligibles aux différents appels. J'y crois vraiment, ce n'est pas une réponse toute faite. Si on structure, que l'on accompagne les projets, cette région est autant éligible que d'autres. Quand on va dans les laboratoires, on ne peut qu'être très agréablement surpris du très haut niveau de technologie, de savoir-faire et de connaissances. Les Equipex ont permis que les laboratoires s'équipent, les Labex ont permis des recrutements de doctorants et post-doctorants. Il est par ailleurs à noter que l’un d’eux, l’IEMN, fait partie des 5 centrales du réseau RENATECH et constitue un grand centre de recherche en micro et nano-technologies . Et la récente obtention de l’ISITE ne fait que le confirmer.

A quand le premier prix Nobel issu de la région ?
On est en capacité d'attirer ! L'attractivité et la montée en puissance de certaines personnes sont des éléments importants. Il faut créer les conditions, parmi les laboratoires, ou en termes d'attractivité et d'émulation. Des partenariats structurés et la capacité d'accueillir des gros équipements participent complètement à la possibilité d'être lisibles et attractifs

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