Cedric Hamel se connecte aux vannes Corri-Servais

Retour aux sources pour Cédric Hamel. A 46 ans, après une carrière internationale dans de grands groupes puis comme consultant, le voici qui revient à Tourcoing, sa ville de jeunesse. Plus spécifiquement chez Corri-Servais, une pmi installée à proximité de l'espace Saint-Christophe, en plein cœur de ville, et qu'il vient de racheter à son fondateur. Une manière de se poser pour ce manager, diplômé de Skema, qui a mené une carrière tambour battant, dans de grands groupes comme LVMH (Christian Dior) ou chez un cimentier en Grèce, avant d'exercer ses talents comme consultant, au redressement et au développement d'entreprises, comme sa dernière expérience, les chaussures Clergerie, à Romans-sur-Isère. « Cet épisode m'a confirmé ma passion pour l'environnement industriel. Je suis plus du côté cuisine que du côté salle ! », résume-t-il. Depuis cinq ans, Cédric Hamel avait déjà entamé des recherches, qui avaient failli aboutir dans la Somme, précisément dans le Vimeu, avec, ironie du sort, une entreprise de robinetterie. C'est dans ce même univers – mais industriel cette fois et non pas domestique – qu'il se retrouve immergé aujourd'hui avec la reprise de Corri-Servais. Une opportunité détectée par l'expert comptable de cette entreprise qui se trouve être aussi commissaire aux comptes d'une des structures de Cédric Hamel. Le dirigeant, Bruno Servais, approchant la retraite, commençait à chercher une solution de transmission.

Une technologie très fiable

Corri-Servais est spécialiste en robinetterie industrielle en environnement haute pression et haute température. Avec une technologie particulière de vanne à sièges parallèles, d'une fiabilité et d'une durabilité supérieure au tout venant. On retrouve du reste les vannes tourquennoises dans des chantiers aussi exigeants que l'EPR de Flamanville ou celui d'Inkley Point, outre-Manche. Elle produit ses pièces dans une usine de 3 500 m2 où elle dispose de son propre bureau d'études. L'entreprise emploie 26 sa- lariés pour plus de 6 M€ de chiffre d'affaires, un volume perturbé par la crise sanitaire : beaucoup de projets ont été reportés par les clients. Mais Corri-Servais devrait bénéficier cette année d'un effet de rattrapage, et affiche du reste « plusieurs mois de carnet de commande » selon le nouveau patron qui compte apporter sa patte commerciale et marketing pour doper l'activité avec un objectif à 8 M€ dans les trois ans. Sans pour autant tout changer. Le projet consiste d'abord à bien réussir le passage de témoins, dans ce métier de forte expertise. Cédric Hamel a d'ailleurs identifié un enjeu social important pour les prochaines années pendant lesquelles 7 à 8 salariés vont partir en retraite. Or ces métiers de soudeurs, fraiseurs, monteurs, perceurs, sont en tension et exigent un savoir-faire spécifique. Chez Clergerie, il avait déjà créé sa propre école de formation. « J'envisage de me regrouper avec d'autres acteurs, en robinetterie ou pas, dans le tissu économique local, pour établir un cahier des charges sur la formation », explique-t-il. Le dirigeant compte d'ailleurs rejoindre rapidement le club Tourcoing Entreprendre. Malgré la crise sanitaire, la transmission, accompagnée par le cabinet Septentrion Finance, n'aura pris que six mois entre le premier contact et la prise de contrôle, le 31 mars. Le cédant demeure au côté de Cédric Hamel pendant au moins trois mois, pour assurer la transition. Le repreneur peut aussi compter sur ses associés dans l'opération, Finorpa et BPI, qui lui laissent une large majorité au capital. Mais dont la présence pourrait assurer la surface nécessaire pour d'éventuelles croissances externes ciblées, pour des nouvelles compétences ou des capacités complémentaires. Le secteur est encore largement atomisé et des opportunités peuvent se présenter.