Club Experts; digitalisation des moyens de paiements : la re?volution sacce?le?re
Les e?volutions technologiques convergent-elles vers une disparition totale de largent liquide ? Cette prophe?tie, annonce?e depuis plusieurs anne?es, tarde a? se re?aliser. « Ce nest pas gagné. En volume, le cash représente en France encore 50% des transactions », souligne Catherine Fournier. Sur ce sujet, la France naccuse aucun retard compare? a? ses voisins europe?ens. En Italie, la part des transactions en espe?ces se?le?ve a? 89% contre 60% au Royaume-Uni (75% en Allemagne).
« Dans une e?re de?mate?rialise?e, il y a encore des progre?s a? faire pour e?tre dans le monde du paiement digital », remarque Catherine Fournier. « Il ny a que les pays scandinaves qui ont presque réussi à supprimer tout usage du cash. » Cette lenteur ne doit pas masquer une autre re?alite? : la chai?ne de valeur et les acteurs du paiement digital connaissent une effervescence et une recomposition profonde du?e a? larrive?e de nouveaux usages et nouvelles technologies. Auparavant, trois types dacteurs intervenaient dans les paiements : les industriels charge?s du processing et du traitement des paiements, activite? assure?e depuis longtemps par les banques. Les activite?s de services et de mise a? disposition des moyens de paiement. Enfin, les acteurs engage?s dans la commercialisation de nouvelles solutions. Sur les 18 derniers mois, le secteur se confronte a? une conjonction dacteurs de type start-up et fintech et dautres a? fort potentiel capitalistique et industriel comme les GAFA ou des acteurs de la nouvelle e?conomie dote?s de moyens dinvestissement e?normes. Tous se mettent sur le marche? des moyens de paiement. Ainsi, Paypal et Visa se lancent dans le processing des paiements autrefois de?volu aux banques. Les fabricants de cartes et de terminaux de paiement e?voluent vers la fourniture de solutions de paiement. Ces acteurs cohabitent de?sormais avec des fintech et des start-up souvent rachete?es par des banques et des retailers qui propo- sent de nouveaux moyens de paiement a? leur cliente?le. Tout cet e?cosyste?me propose une varie?te? de
moyens de paiement : wallets, mobiles ou dautres solutions inno- vantes encore peu re?pandus sans compter les reflexions en cours sur les blockchains, ou linstant payment.
Parmi ces nouveaux mode?les figure la start-up Pumpkin, fonde?e il y a deux ans. De?veloppe?e a? Euratechnologies, son application propose a? ses utilisateurs un paiement instantane? et gratuit pour faciliter les remboursements entre amis. Son mode?le e?conomique cherche encore sa maturite? mais elle compte aujourdhui 100 000 utilisateurs et son de?veloppement mobilise 15 salarie?s. « Au début, cétait du petit paiement entre jeunes. Très rapidement, on sest rendu compte que nos utilisateurs étudiants mettaient leurs parents sur Pumpkin. On sest retrouve? avec une génération de 19-26 ans et des quinquagénaires et des sexagénaires », se reme?more Hugo Salle? de Chou. Lentreprise vise le million dutilisateurs dici 2017.
Le paiement de?mate?rialise? ne se cantonne pas quau B to C. La start-up Utocat, inte?gre?e dans lacce?le?rateur dEuratech, sest spe?cialise?e dans lutilisation de blockchains pour ge?rer la proprie?te? de titre non cote?s. « Des opérations qui demandent du temps, beaucoup dinterventions manuelles et des coûts importants pour lentreprise », remarque Alexis Me?vellec, associe? business de?velopper dUtocat qui compte parmi ses clients les groupes Axa et BNP-Paribas. Au de?part, lentreprise proposait une application de paiement mobile qui permettait aux commerc?ants daccepter des bitcoins et de?tre cre?dite?s en euros. Lusage de cette technologie sest ave?re? complique? pour le grand public. « La technologie de la blockchain propose pléthore de possibilités mais le parcours client doit être optimal », analyse Alexis Me?vellec.
Les te?nors du secteur bancaire nignorent pas ces e?volutions. Pour se positionner dans le haut-de- gamme, le groupe BPCE a conclu un accord dexclusivite? pour distribuer aupre?s de sa cliente?le Apple Pay. « La révolution digitale, cest au quotidien quon la vit ! Nos clients veulent de plus en plus dinstantanéite? et dexigences relationnelles », te?moigne Christophe Brion, directeur du marche? des professionnels et associations de proximite? de la Caisse dEpargne Nord France Europe. Lutilisateur renseigne dans lapplication les donne?es de sa carte bancaire. Et peut re?gler tout achat de moins de 300 chez les commerc?ants e?quipe?s dun terminal de paiement sans contact. Par ce biais, la banque espe?re de?finitivement convertir sa cliente?le. « Cest évident que c?a va décoller. On est sur une attente de clients. Le M-commerce cest aujourdhui 7md de CA. On est sur une évolution de +40%. Nous allons tous être équipés de smartphones. On met a? disposition les services qui vont bien cest à dire les applis qui permettent aux clients dêtre on-line en permanence. » Au dela? de la facilite? dusage, la ge?ne?ralisation du paiement digital implique une se?curisation renforce?e des transactions. Cest me?me une dimension fondamentale aux yeux dun consommateur souvent tre?s imprudent. « On sy emploie. Avec Apple Pay, la sécurisation se fait a? deux niveaux. Au moment de lenrôlement de la carte et quand lutilisateur sauthentifie pour réaliser le paiement. Il y a aussi un troisième élément : Ce qui est souvent dérobé de nos jours, ce sont les données de la transaction que l on crypte », te?moigne Catherine Fournier.
Chez Pumpkin, les dirigeants distinguent la se?curite? re?elle de celle ressentie par le consommateur. « A lechelle de Pumpkin, nous nous reposons sur des acteurs traditionnels comme les banques pour assurer cette sécurite?. On constate que beaucoup de piratages proviennent de failles internes a? la sociéte?. Il faut avoir une culture trèss forte de la sécurite? et être très vigilant », conseille Hugo Salle? de Chou. Pour le jeune chef dentreprise, la seule pre?sence dun logo ou dun cadenas sur linterface permet de rassurer le client sur la fiabilite? du service. Utocat garantit la connexion a? un re?seau blockchain. Et rappelle que dans une de?marche B to B en matie?re de blockchain les entre- prises peuvent assumer elles-me?me la se?curite? du re?seau afin de garantir un niveau bien plus important a? leurs utilisateurs finaux. La fin du cash est- elle donc ine?luctable ?
Le de?veloppement du paiement sans contact est en tout cas amene? a? se de?velopper de plus en plus dans les transactions de petit montant. En 2016, la France devrait approcher les 600 millions de transactions sans contact. Mais le?ventuelle disparition des paiements non trac?ables ge?ne?re quelques inquie?tudes en matie?re de liberte?s individuelles. « Il ne faut pas imaginer que les banquiers ou les autres acteurs sont sur du trac?age individualise? des transactions et des comportements, rassure Catherine Fournier, en matière de lutte contre la fraude nous avons développe? des algorithmes permettant de repe?rer des comportements anormaux et de bloquer des transactions effectuées a? linsu du porteur. Cela nous permet de rendre plus de service que cela ne présente dinconve?nients et les clients sont finalement très rassurés. »
E.V.
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