Club experts Eco121/CENFE - Création dentreprise : l'accompagnement, clé du succès
David Mutel et Teddy Vandaele viennent douvrir à Lille le restaurant Le Bocal. Un projet rendu possible grâce à un apport personnel de 40 K, un prêt Nacre de 10 K accordé par France Active et un prêt bancaire de la Caisse dEpargne de 90 K. Selon eux, « sans cet accompagnement financier et les conseils délivrés par ces organismes, jamais nous naurions pu nous lancer dans laventure. »
Un exemple parmi les plus de 24 000 entreprises créées dans la région en 2012. Un chiffre partiellement gonflé par les auto entrepreneurs et les chômeurs, qui en période de crise, voient dans la création dentreprise une solution à leur problème demploi. 94 % des créations dentreprises se font dailleurs sans autre salarié que le créateur. En dix ans, le taux de création a grimpé dans le Nord-Pas-de-Calais de 216 % depuis la mise en uvre du PRCTE, Plan régional pour la création et la transmission dentreprises. La région a dailleurs obtenu le label « région européenne entreprenante » délivré par la commission Européenne pour lannée 2013.
Protéger le patrimoine personnel « Grâce à la mise en place du PrCTe, tout porteur de projet trouve dorénavant à moins de vingt kilomètres de chez lui une structure daccompagnement qui lui permet de passer de lidée au projet », énonce Ludovic Canon. Le fonds territorial Pas-de-Calais Actif quil dirige et sa structure jumelle du Nord, Nord Actif, ont soutenu 700 créations en 2012. Laccompagnement est essentiel pour passer avec succès le cap des trois à cinq ans et faire reculer les chiffres de la défaillance : il permet de porter le taux de survie au bout detroisansde63%à75%. En effet, avec un taux de 18 entreprises sur 1000, contre 14 pour la moyenne nationale, la région remporte une triste seconde place.
L'un des enjeux majeurs du créateur est de protéger son patrimoine personnel pour ne pas mettre sa famille en péril en cas déchec. France Active favorise laccès au crédit professionnel avec des taux faibles et le minimum de caution personnelle. La structure met en avant plusieurs outils : un fonds de garantie éligible à tout porteur de projet, qui couvre les prêts professionnels jusquà 80 %. « Nous apportons une garantie, une expertise et des ressources supplémentaires grâce à leffet de levier obtenu », ajoute Ludovic Canon. Autre outil : le dispositif Nacre qui offre une avance remboursable de 10 000 aux demandeurs demploi. Cible importante de Pas-de-Calais Actif : les jeunes, qui sont à lorigine de 34 % des créations dans la région. Dans le cadre dun programme financé par le Pas- de-Calais, ils peuvent obtenir une subvention de 4 600 , étendue à 7 000 pour un couple, non remboursable et sans frais de dossier. Ce dispositif est amplifié par la CENFE par la mise en place dun crédit pour les jeunes créateurs accompagnés par le FAG de 4600 à 7000 avec des conditions de prix et de remboursement adaptés au projet.
Un maillage régional dense
« Alors que de nombreuses banques se sont détournées de la création dentreprise, nous consacrons plus de 500 M à léconomie locale. Ainsi, nous pouvons jouer pleinement notre rôle de banque locale en soutenant près dun créateur sur deux dans le Nord- Pas-de-Calais, mais en revanche nous ne prêtons quaux créateurs accompagnés», indique Frédéric Havret, directeur du marché des professionnels de la CENFE. Selon lui, les réseaux jouent un rôle capital dans la réussite du projet. La région possède un maillage particulièrement dense de structures daide: plateformes dinitiatives locales, FAG, Oseo - bpifrance, Egée...
Entreprendre au féminin
Parmi celles-ci, lAssociation Femmes Chefs dEntreprises fédère depuis presque 70 ans toutes les femmes qui ont entrepris. Selon la présidente de lAssociation pour le Grand Lille, Isabelle Hottebart, « pour être reconnues, les femmes doivent encore dépasser le poids des normes sociales, images et stéréotypes. Faire doublement la preuve de leurs compétences au travail sans faillir à la gestion des tâches domestiques ». Elle-même à la tête de lentreprise De Graeve qui travaille dans le second uvre du bâtiment, cuisine et blanchisserie industrielle, Isabelle Hottebart, sait de quoi elle parle. « Nous brisons lisolement des femmes, mu- tualisons les ressources et échangeons nos bonnes pratiques. » Chaque année un trophée met en lumière les initiatives les plus intéressantes. De 2005 à 2013, près de 250 projets ont été étudiés. « Nous ressortons boostées de nos réunions de sélection. emballées par celles qui ne se laissent pas brûler les ailes. Dans un environnement difficile, beau- coup osent et ont de lambition. » Même état desprit chez Frédéric Havret qui estime que la crise épure le marché. Selon lui, « pour réussir, il faut être contra-cyclique ».
Armelle Roussel
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