Colas a repris SRD

Les dates clés

1932 : BP construit la raffinerie de Dunkerque, et y raffine toute la gamme à partir du brut.

1952 : Inauguration de " la BP " reconstruite après la guerre.

1982 /83 : La BP cesse le raffinage de brut et abandonne essence et gas-oil. Après une restructuration très sévère, elle se spécialise dans les bases de lubrifiants et le bitume, à partir d'entrées de résidu atmosphérique.

2001 : par étapes, BP a réduit sa part et s'est associée d'abord à Elf devenu Total. L'usine, sous le nom de Société de la Raffinerie de Dunkerque, devient une unité de processing pour le compte d'ExxonMobil (50 % des parts, opérateur), Total (40 %) et BP (10 %).

Le 2 juillet dernier, Colas a confirmé l'acquisition de la Société de la Raffinerie de Dunkerque (SRD), des mains d'ExxonMobil, Total et BP. L'usine littorale emploie 250 salariés. Elle importe un million de tonne de charge par an, et en tire plus de 300 000 tonnes de bitume, autant de lubrifiants, ainsi que des soutes de navires, paraffines, cires, aromatiques. Colas, beau morceau du groupe Bouygues, 11,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 70000 salariés, est le n°1 mondial de la construction routière.

Les trois majors pétrolières souhaitaient se défaire d'une unité, pour elles centrée sur les lubrifiants, un marché en surcapacité chronique. Cette usine ancienne mais maintes fois modernisée, encore appelée " la BP " par les Dunkerquois, est connue pour la qualité de son bitume. C'est le produit qui a attiré Colas. Les 250 raffineurs sont rassurés et gardent leurs métiers, emplois et avantages. Ils continuent la production d'huiles et autres produits. ExxonMobil, l'ancien opérateur prestera une assistance technique de trois ans. Total enlèvera 40 % de la production jusqu'à 2012. Une petite équipe assurera les activités de vente des produits hors bitume.

Dans les 30 dernières années, Colas a développé son intégration amont dans les matériaux routiers, les enrobés, la production et distribution d'agrégats. Avec 100 millions de tonnes/an, Colas est l'un des dix leaders mondiaux des agrégats. " Cette intégration assure une sécurité réciproque amont-aval, et apporte de la valeur ", explique Thierry Montouché, secrétaire général du groupe. Quant à l'intégration du bitume, sans se mesurer aux pétroliers, Colas poursuit trois objectifs : améliorer son bilan achats, mieux contrôler ses stocks et gérer les aléas en souplesse, et selon les opportunités, devenir un petit producteur. C'était déjà le cas en Malaisie. SRD est une autre opportunité. " Les majors pétrolières se retirent du raffinage en Europe, ce qui peut créer une rareté du bitume ", note Jérôme Dusserre directeur bitume de Colas. Colas veut devenir acteur de ce marché avec son savoir-faire. Malgré son étiquette haut carbone, " le bitume a un très grand avenir ", estime Jérôme Dusserre, les produits alternatifs ne pouvant couvrir les besoins. SRD est donc un pas stratégique pour Colas. " Je ne vois pas de retour en arrière ", ajoute Jérôme Dusserre.