Comment remettre la région au travail ?

L'arrêt brutal de l'économie est une menace vitale pour les entreprises, l'emploi et ... les finances publiques. Nos acteurs publics se sont mobilisés très vite pour aider le monde économique dans la crise, avec un numéro vert unique : 03 59 75 01 00 

Difficile de porter une injonction aussi contradictoire que : « restez chez vous, sauvez des vies ! » Et « allez travailler ! » C'est pourtant l'exercice délicat auquel les pouvoirs publics s'essaient depuis le 20 mars. Car la mise en coma artificiel de l'économie nationale a des conséquences désastreuses sur les finances publiques, l'emploi et la mortalité des entreprises. Or les fermetures se sont accélérées à une vitesse incroyable, beaucoup de salariés en appelant à leur droit de retrait, l'intérim s'est effondré d'un coup et le chômage partiel a lui explosé.

Le premier sujet est le crédit inter-entreprises, qui n'a cessé de se crisper depuis les débuts du confinement. Or les enjeux sont colossaux puisque ces paiements entre entreprises représente la bagatelle de 70 milliards d'euros dans notre seule région.

« Le confinement n'est pas l'arrêt ou l'incarcération de l'économie », assène Paul- François Schira, sous-préfet et bras droit du Préfet de région pour piloter « l'observatoire régional de la continuité économique » mis en place. Avec pour vocation de surveiller la santé du tissu économique, mais aussi d'assurer un lien permanent avec toutes les filières et les entreprises, afin de comprendre leurs attentes. L'objectif sous-jacent pour l'Etat est de permettre au plus vite aux entreprises qui le peuvent de reprendre l'activité, dans des conditions sanitaires sécurisées. Ce devrait être le cas du BTP dont les chantiers s'étaient tous éteints les uns après les autres, avec une vive polémique entre les branches professionnelles et le gouvernement. Muriel Pénicault avait dénoncé le manque de civisme et le défaitisme du secteur, entraînant une volée de bois vert des syndicats professionnels soucieux de protéger les salariés. « La plupart des chantiers, à l’exception des travaux se d́eroulant en espace vide, ne peuvent pas continuer dans des conditions sanitaires garanties », expliquait de son côté vendredi 20 mars Benoît Loison, président de la Fédération français du Bâtiment pour le Nord et le Pas-de-Calais, représentant 10 000 entreprises et 78 000 salariés, hors intérim.

« Il faut bien sûr que ces chantiers reprennent ! on ne peut pas continuer comme avant, mais il faut trouver les moyens de notre résilience. La France doit rester au travail », explique Paul-François Schira à Eco 121, évoquant le risque de tomber dans une crise de défiance généralisée.

Pour remettre de la confiance entre acteurs, l'Etat, la CCI de Région, le conseil régional et la chambre des métiers et de l'artisanat ont mis en place dès le 23 mars un numéro vert unique. Un numéro accompagné, sur le site de la CCI de Région (https://hautsdefrance.cci.fr) d'un document très complet (déjà disponible) recensant toutes les aides et dispositifs mis en place par les différents acteurs, sur les reports de charge, l'accélération des paiements, les mesures bancaires et financières, et le soutien à l'activité. Il sera mis à jour en continu pendant toute la durée de la crise.

MOBILISATION GENERALE FACE A LA CRISE

L’Etat a annoncé plusieurs dispositions générales : report du paiement des charges sociales et fiscales, facilitation et financement massif des mesures de chômage partiel, mise en place d’un fonds de solidarité pour les petites entreprises, au profit des petites entreprises (moins d’1 M€ de chiffre d’affaires) ayant perdu au moins 70% de leur chiffre d’affaires, et même une indemnité forfaitaire annoncée (1500 €) garantie. Des remises d’impôt direct peuvent être négociées dans les cas les plus difficiles. Le médiateur des entreprises est également mis à disposition pour les conflits avec des conflits ou des fournisseurs en matière de paiement. Nous renvoyons nos lecteurs vers les services de l’Etat pour ces différents dispositifs. A noter le référent unique de la Direccte, pour vous accompagner dans vos démarches : hdf.continuite-eco@direccte.gouv.fr (03 28 16 46 88).

La Région a par ailleurs initié son propre plan d’action. Avec une enveloppe de 50 M€ pour conforter en direct les trésoreries. Un budget appelé à alimenter plusieurs fonds préexistants mais renforcés : Fonds Premiers Secours (avances de 5 à 50 K€ pour les TPE), Hauts-de-France Prévention (avances de 50 à 300 K€), Mais aussi un doublement de ses capacités de garanties pour faciliter l’octroi de prêts bancaires avec BPIfrance (qui de son côté est également particulièrement mobilisée), France Active et le Fonds Régional de Garantie (avec un effet levier pour 230 M€ de prêts). Les modalités sont par ailleurs considérablement assouplies : jusqu’au 31 octobre, la Région instaure un taux 0%, des allongements de remboursement qui peuvent aller jusqu’à 6 ans supplémentaires, et des différés de remboursement.

Un numéro d'appel unique : 03 59 75 01 00

La CCI Hauts-de-France a mis en place de son côté une plateforme d’appels de 100 personnes en lien avec la Direccte, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat et la Région, avec un numéro vert unique, pour répondre à l’ensemble des questions des dirigeants.

Les banques sont aussi de la partie, très attendues par tous les acteurs.
Le Crédit Agricole Nord de France a été la première à dégainer un plan de soutien dès le 19 mars. Il s’agit de tout un spectre de mesures pour répondre aux « conséquences inestimables » de la crise actuelle. Parmi elles, le report jusqu’à 6 mois de certains remboursements de crédit, des ouvertures de crédit et crédits de trésorerie, des procédures accélérées d’octroi.

La Ville de Lille a annulé purement et simplement les loyers des commerçants et artisans dont les bâtiments appartiennent à la ville.

La MEL suspend les loyers de ses ruches d’entreprises, augmente les acomptes versé dans le cadre de ses marchés publics. Elle prévoit aussi un plan de relance de la filière événementielle et touristique dès le second semestre 2020.

La Communauté urbaine d’Arras a activé une cellule d’aide aux entreprises industrielles (0321218686).

La communauté urbaine de Dunkerque a lancé un fonds de secours exceptionnel de 500 K€ pour aider ses artisans et indépendants.

On notera aussi que beaucoup d’organismes ont mis en place des rubriques sur leur site web offrant un large panorama des dispositifs utilisables comme les experts comptables ou Eurasanté parmi d’autres.