Reconfinement : nos milieux économiques en mode commando

Philippe Hourdain, président de la CCI de Régionb Philippe Hourdain, président de la CCI de Régionb

Les milieux économiques se sont réveillés sonnés après l'annonce du second reconfinement. Ils se mettent en ordre de marche pour tenter de répondre aux urgences. Avec une inquiétude extrêmement vive sur les commerçants, la santé psychologique des entrepreneurs, et un certain épuisement de la capacité de résilience.

 

 

« Je n'ai rien vu venir ». Yann Orpin, président du Medef Grand Lille, reconnaît son immense surprise face à la décision présidentielle de reconfiner le pays face au regain du virus. « Je pense qu'il y aura beaucoup de casse. Beaucoup de petits commerces risquent de prendre le bouillon », estime-t-il, évoquant deux risques, économique et psychologique. Economique d'abord, du fait de la fermeture des commerces, à deux mois de Noël, qui représente 20% du chiffre d'affaires en moyenne et jusqu'à 50%. Après les gilets jaunes, les grèves, le premier confinement et les investissements réalisés pour accueillir le public dans de bonnes conditions sanitaires, la pilule est amère. Psychologique ensuite, et de façon vérifiée.  « En septembre, nous avons eu autant d'appels sur notre cellule psychologique que pendant les six mois précédents », raconte l'élu patronal, qui indique que deux psychologues supplémentaires ont été mis à disposition de cette cellule, joignable au 03 20 15 80 14. Le syndicat patronal se veut aussi le plus réactif possible en actualisant et en mettant à disposition chaque matin la réglementation applicable aux entreprises. En attendant le patron du Medef lillois reconnaît un lobbyisme très actif pour pousser le gouvernement à revenir sur la fermeture des commerces, en recherchant d'autres solutions de type click & collect notamment.

 

« Un véritable épuisement »

 

« Tout le monde se remet en position commando », décrit de son côté Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France. « Il faut que les acteurs économiques sentent que tout le monde est derrière eux ». La task force associant Etat, Région et les principaux décideurs économiques, qui était au ralenti, reprend ainsi sa pleine activité. Philippe Hourdain, qui souligne que ce second confinement est cette fois « économico-compatible » grâce au maintien de l'activité scolaire, permettant aux parents de travailler, ne s'en inquiète pas moins. Le numéro unique 03 59 750 100  mis en place explose littéralement ces jour-ci. «La fermeture des commerces amène une désespérance, une sensation d'injustice de leur part. Ils ont montré l'exemple, ils ont investi, ils ont été facteurs pédagogiques au démarrage », poursuit-il. Le président consulaire discute avec le professeur en santé publique Philippe Amouyel pour proposer des solutions de gestes barrière encore améliorés et mieux organisés et permettre la réouverture des commerces au plus vite.

Néanmoins, la situation semble particulièrement grave pour le président de la CCI. « Lors du premier confinement, je ne sentais pas un désespoir. Là je sens un véritable épuisement », analyse-t-il, craignant un bloquage de l'investissement, de la consommation et l'allongement des délais de paiement. « Ce qui m'inquiète le plus n'est pas le manque de trésorerie car l'économie est toujours sous perfusion, mais c'est la capacité de résilience, la fatigue et le fait que les chefs d'entreprise ne voient plus le bout du tunnel ».