Corning Life Sciences s'offre une usine de 150 M€ à Ruitz
Ruitz. Déjà présent en région depuis le rachat de Gosselin en 2011, le groupe américain franchit un cap en créant une usine ex nihilo sur un site de 2 ha. Ouverture prévue dès 2024 avec 150 créations d'emplois.
En ce 12 mai, Agnès Pannier-Runacher avait fait le déplacement, en tant que ministre de l'industrie encore pour quelques jours. Le jeu en valait certes la chandelle : le groupe américain Corning, plus connu pour son activité verrière, a choisi d'investir lourdement (150 M€) au titre de sa division santé, pour se doter d'une grosse unité plasturgique à Ruitz. Elle fabriquera des consommables pour les produits vaccinaux, de biothérapie et de culture cellulaire, à destination des marchés européens mais aussi d'Afrique et du Moyen-Orient. L'usine prendra place dans un site de 2 ha aujourd'hui en plein champ, qu'est venu visiter la délégation ministérielle. La prise est belle pour la France et pour notre région, qui l'emportent face à la concurrence polonaise. Laurent Picard, dirigeant de Corning Gosselin (structure nordiste rachetée par Corning en 2011 et basée à Borre), énumère les qualités du dossier régional : un site clés en main, qui permet un dépôt de permis de construire dans les meilleurs délais, des travaux lancés dès la fin d'année, et une ouverture programmée en 2024 ; un pôle d'expertise plasturgique puissant dans l'écosystème régional ; un positionnement géographique à proximité de la plateforme logistique de Corning, à Amsterdam pour pouvoir expédier tous azimuts ; un engagement très actif des collectivités et de l'Etat, y compris sous l'angle financier : l'Etat apporte « plus de 20 M€ », annonce Agnès Pannier-Runacher (certains évoquent même un montant de 30 M€), épaulé aussi par l'agglo (0,6 M€) et la Région (0,4 M€ au titre de la formation) sans parler du fonds de réindustrialisation de Bridgestone. « Le soutien de France Relance a été un élément déterminant pour notre décision », observe Laurent Picard qui reconnaît que les actionnaires américains penchaient davantage pour la Pologne au départ. « Cette localisation permet aussi de réduire notre empreinte carbone, un point de vue de plus en plus prégnant chez nos clients », relève le dirigeant, qui annonce viser un label environnemental LEED Gold.
Produire plus près des zones de consommation
La nouvelle usine de Corning aura une activité différente de celle du site voisin de Borre, qui garde toute son autonomie, même si des synergies pourront exister. La nouvelle entité, qui emploiera 150 personnes dès 2024, vise avant tout à rééquilibrer l'appareil de production de Corning Life Sciences, trop concentré en Amérique du Nord alors que la demande est mondiale. La crise sanitaire a conduit à des difficultés importantes qu'une production au plus près des zones de consommation doit pouvoir corriger. Corning annonce du reste doubler aussi en parallèle ses capacités de production en Asie pour les mêmes raisons.
« Ce projet est emblématique du souhait de construire une souveraineté industrielle sur des besoins clairs de la population et faire en sorte que d'ici 2030 nous soyons une des nations leaders en matière de santé, ce qui était le cas il y a 20 ans. Aujourd'hui nous sommes sixième...», a commenté Agnès Pannier-Runacher, évoquant pas moins de 180 projets de relocalisation en France dans le secteur de la santé en seulement 18 mois.
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