Manager de transition : l'urgentiste des entreprises

Depuis un an, l'entreprise Meubles Demeyère (Pérenchies) est dirigée par un manager de transition, Christian John. Depuis un an, l'entreprise Meubles Demeyère (Pérenchies) est dirigée par un manager de transition, Christian John.

Trésorerie tendue, activité en berne, gestion de crise inefficace... Et si le management de transition était LA solution pour sortir la tête de l’eau ?

La vie d’entreprise est loin d’être un long fleuve tranquille. A fortiori par temps de crise. Le management de transition peut être l’une de ces solutions d’urgence. L’idée ? Confier temporairement les rênes de sa société, d’une filiale ou même d’un département, à un dirigeant externe opérationnel. Dont la principale mission sera de définir, quoi qu’il en coûte, un plan d’actions. « Il porte un regard extérieur, neuf et objectif sur la santé de l’entreprise. C’est quelqu’un qui a une liberté de ton et d’action », détaille Olivier Barbry, directeur du bureau lillois du cabinet Delville Management. Surtout, le manager de transition est doté d’une expérience solide de directeur. Olivier Barbry a notamment été à la tête du pôle commercial de l’enseigne Phildar, directeur d’exploitation chez Okaïdi ou encore directeur commercial chez Nocibé. Certaines entreprises n’ont pas attendu la Covid pour faire appel à un dirigeant extérieur pour les aider à sortir la tête de l’eau. Tel le leader pérenchinois du meuble en kit Demeyere (900 salariés) qui se trouve depuis un an sous la houlette de Christian John, nommé Dg délégué. « Quand l’entreprise bat de l’aile, ce n’est pas évident pour un patron de définir et mettre en place une stratégie efficace », note pour sa part Xavier Dekock, actuellement en mission à l’ASSAD (association de soins et de services à domicile, à Liévin). « Parfois, l’intervention d’un manager de transition permet de sauver les meubles. Mais, il nous arrive aussi de faire des choix difficiles qui, malheureusement, peuvent aller jusqu’à la liquidation », poursuit Xavier Dekock. Avant de livrer un conseil avisé : « Lorsqu’ils ne savent plus où donner de la tête, les chefs d’entreprises ne doivent pas hésiter à se faire accompagner, à demander de l’aide à des avocats, des experts-comptables, voire aux administrateurs judiciaires. » Se placer sous protection judiciaire n’est pas synonyme d’échec mais une mesure de sauvegarde, estime le manager de transition. « La procédure collective est là pour don- ner de l’oxygène aux dirigeants et non pas pour les couler !, dit-il. Il n’y a rien de pire qu’un patron dans le déni, qui refuse de voir la réalité en face et qui s’enferme. »

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« Un nouveau souffle »

La crise actuelle a plongé les chefs d’entreprise dans un brouillard épais. Malgré la batterie de mesures d’aides de l’Etat et de la Région. L’incertitude sur l’avenir est grandissant. Pour autant, il ne faut pas oublier qu’en mandarin, le mot « crise » signifie à la fois « danger » et « opportunité », rappelle Eric Diers. Qui considère son métier comme « une chance » pour ceux en difficulté. « Nous n’avons pas d’affect, contrairement aux dirigeants. Notre rôle est d’agir en 2, 3, 6 mois voire en 2 ou 3 ans, dans l’intérêt de l’entreprise », détaille-t-il. Avant de poursuivre : « s’il faut licencier pour donner un nouveau souffle à l’entreprise, je n’ai aucun problème à le faire ! ce n’est pas contre le ou les salariés concernés mais pour aider l’entreprise à se relever. »

A l’approche des échéances, des stratégies d’urgence devront certainement être engagées l’an prochain. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? « Difficile à dire de quoi sera fait demain, répond Eric Diers, ancien représentant du groupe Vivendi en Asie. Ce qui est sûr, c’est que le redémarrage ne sera pas évident ! ». Le ton est donné.

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