Covid-19 : L'intérim gravement impacté

Les effectifs intérimaires connaissent un véritable effondrement depuis le coronavirus. Or le flux était déjà très nettement en déclin. 

Selon le baromètre professionnel Prism’Emploi, l’emploi intérimaire est « violemment frappé » par la crise sanitaire du Covid-19. Après une baisse de 5% au national observée la première quinzaine de mars, dans le droit fil de la tendance précédente, Prism’Emploi prévoyait une chute d’activité de... 75% pour la seule période du 16 au 31 mars ! Ce qui se traduit par une perte sèche de 557 500 équivalents temps plein entre la première et la seconde moitié du mois de mars. Un choc énorme sur fond d’un intérim en nette diminution depuis un an et demi. En Hauts-de-France, l'emploi intérimaire affichait déjà un recul de 7,1% l’an dernier. Pour Gaëtan Dubois, président de Prism'Emploi Hauts-de-France, "il est important de rappeler que nous avions eu une croissance des effectifs intérimaires durant trois ou quatre années successives de 2015 à 2018. et malgré la baisse du volume d’emplois en région, le marché de l'intérim s’est maintenu à un niveau élevé en 2019". Notre région apparaît néanmoins dans le tiercé de tête des territoires en fort recul, derrière le Centre-Val de Loire et Bour- gogne Franche-Comté sur l'ensemble de 2019. Tandis que le repli observé à l'échelle nationale n'est "que" de 4,4%.

Début 2020, la tendance ne s'améliore pas puisqu'en janvier l'intérim a diminué d'un peu plus de 9% par rapport à janvier 2019. Le mouvement se vérifie dans tous les secteurs. En particulier dans l'industrie où l'emploi dégringole de 14%. Expliqué en grande partie par le fléchissement très net de l'activité du secteur automobile. Mais, encore une fois, d’après Gaëtan Dubois, "hors automobile, les Hauts-de-France ne s'en sortent pas trop mal". Rétractation important également du côté des services, avec 10% d'intérimaires en moins, et dans le secteur transport. Seuls le commerce, dopé par l'activité e-commerce, et le BTP maintiennent leurs effectifs à un niveau stable. 

Qualifier par la formation

Un effet loupe met en lumière de fortes disparités territoriales. En janvier 2020, le Nord et l'Oise enregistrent une baisse des effectifs beaucoup plus prononcée (13% chacun). Soit le double de l'Aisne. Le Pas-de-Calais, lui, voit son emploi intérimaire diminuer de 5%. La Somme est le seul département au vert avec une progression des effectifs de près d’un point.

Autre constat : toutes les qualifications sont en recul. La branche des ouvriers non qualifiés est cependant la plus impactée. Illustrant la volonté marquée depuis quelques années de la profession de "se professionnaliser et se qualifier" davantage. D'où le nombre de CDII en constante évolution. "L'objectif est d'apporter une trajectoire d'emploi aux intérimaires, explique le président du Prism'Emploi régional. Les ouvriers non qualifiés sont prépondérants chez nous mais il y a une vraie évolution vers des postes plus qualifiés". Notamment dans le secteur de la logistique qui se numérise toujours plus. Prism'Emploi dispose d'ailleurs d'un budget formation (non communiqué) pour accompagner la montée en compétences de ses intéri- maires, et mieux répondre aux besoins des entreprises. En 2018, notre région a même été celle ayant le plus d'intérimaires formés avec 17% du total national. 2020 démarre en revanche dans l’incertitude la plus totale.

L'INTÉRIM EN RÉGION

9,3 % DE L’EMPLOI INTÉRIMAIRE EN FRANCE

72 800 SALARIÉS INTÉRIMAIRES EN ETP

822 AGENCES D’EMPLOI

Source DARES