Dans l'ex-Picardie, l'industrie fait le dos rond, les Pme angoissent

L'aéroport de Beauvais (4 millions de passagers/an) a fermé ses portes le 26 mars L'aéroport de Beauvais (4 millions de passagers/an) a fermé ses portes le 26 mars

Face à la catastrophe, les industriels s'adaptent, au jour le jour, pour garantir la sécurité de leurs salariés tout en tentant de maintenir un semblant d'activité. PME et indépendants subissent la situation et espèrent que l'Etat sera au rendez-vous.

Un arrêt net et brutal. « Plus violent qu’en 2008 », selon certains observateurs. C’est peu dire qu’actuellement l’économie de l’ex-Picardie, comme celle de la grande région, est mise à mal. L’ensemble des secteurs sont touchés. En particulier l’industrie, dont les grands sites sont, par définition, propices à la concentration des salariés et donc, à la propagation du virus. L’usine Valeo Amiens, spécialisée dans la fabrication d’embrayages manuels et automatiques, a du se résoudre à fermer. Un premier cas y avait été diagnostiqué le 5 mars dernier. Depuis, 8 autres salariés sont tombés malades – en date du 23 mars, en dépit des mesures prises par la groupe, comme la désinfection des locaux concernés ou la commande de 10 000 masques de protection. Pas de quoi rassurer le millier de collaborateurs concernés, qui ont préféré exercé leur droit de retrait et demandé la fermeture du site. «Une mesure de protection identique à celle prise dans le site voisin de Goodyear », indique Freddy Léonardi, délégué CGT à Valéo Amiens et membre du CSE. A quelques dizaines de mètres de là, le fabricant de pneus, qui emploie 950 salariés (dont 800 en CDI), a décidé de stopper son activité à compter du 20 mars, jusqu'au 3 avril. Une décision que l’Américain, dont le siège est à Akron, a justifié dans un communiqué par la nécessité de «protéger les employés et de répondre à la baisse soudaine de la demande du marché ». Les autres géants du secteur aussi ont appliqué le principe de précaution.

Difficultés d'approvisionnement d'Italie

A Méaulte, Stelia Aerospace, la fabricant de pointes avant d’avions, a atterri en urgence, fermant l’ensemble de son site durant quatre jours pour y renforcer les mesures d’hygiène. Idem dans l’Oise, où le fabricant de tracteurs Agco Massey Ferguson, lui aussi, a du se résoudre à baisser le rideau. Au stress légitime des salariés, s’ajoutent en effet des difficultés d’approvisionnement en pièces détachées en provenance d’Italie. Le virus a atteint les poumons de l’économie : la production, mais – non moins importants – les transports, y compris civils. A Beauvais, l’aéroport (photo), qui ne comptait que quelques mouvements d’avions par jour depuis le début de la crise, devait fermer lui aussi ses portes, comme celui de Lille le 23 mars. Si les grands groupes et les collectivités tentent de faire le dos rond, chez les PME et les indépendants, c’est en revanche la panique. Hôtellerie, restauration, commerces non alimentaires, conseil... Cette asphyxie de l’économie risque de faire de nombreuses victimes. C’est du moins que redoute Sébastien Horemans, président de la CPME de la Somme, qui juge les mesures d’urgence annoncées par le gouvernement « insuffisantes, bien qu’intéressantes ». « Dans quels délais ces aides vont-elles être débloquées ? », s’interroge-t-il, relayant les inquiétude des adhérents qui savent que l’effort national promis devra être payé d’une manière ou d’une autre. «Décaler les échéances d’accord, mais sans rentrée d’argent, c’est juste reculer le mur, pas l’éviter », glisse, anxieux un responsable de l’hôtellerie dans l’Oise.

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