2020 : Le Crédit Agricole Nord de France a tenu le cap

 

La banque verte a vu son produit net bancaire progresser de 8% l'an dernier, tandis que les provisions pour risque se sont envolées. La banque estime avoir joué un rôle de stabilisateur pour l'économie et la société en cette période de très grande incertitude. 

 

« Le Crédit Agricole a finalisé un joli parcours en 2020 en étant toujours le premier établissement bancaire »  sur le Nord-Pas-de-Calais. Bernard Pacory, président du Crédit agricole Nord de France, a salué ainsi la présentation des résultats 2020 arrêtés par le conseil d'administration du 28 janvier. « Jamais je n'aurais imaginé une croissance de nos encours à ce niveau », renchérit de son côté Christian Valette, directeur général, qui évoque « une année extraordinaire, totalement inattendue, totalement inédite. C'était un peu comme si nous étions entre deux rives dans un brouillard épais sans savoir où nous allions ». Mais le cap a bien été tenu dans cette purée de pois et la banque estime avoir joué un rôle de stabilité économique et sociale de la société sur la période.

Alors que le PIB de la France s'est effondré de 8,3% l'an dernier (du jamais vu en temps de paix), le produit net bancaire de la Caisse régionale s'est lui accru dans l'exacte proportion inverse (+ 8%), à hauteur de 590,6 M€. La banque a distribué pas moins de 5 mds€ de nouveaux crédits, dont un record de 3,1 mds€ au secteur de l'habitat, mais aussi environ 20% des PGE distribués en région, soit 5000 prêts à hauteur de 630 M€. Les encours de crédit se sont envolés au total de 7,8% à hauteur de 26,5 milliards d'euros.

Cette performance correspond à une stratégie défensive des Nordistes, qui ont recherché des placements de sécurité, la pierre et l'épargne. Exemple, l'encours sur les comptes à vue s'est envolé de 32 % ! Les dépôts sur livrets ont, eux, progressé de 16%. Dans le même temps, la banque a conforté sa place de numéro un sur le marché immobilier avec une part de marché montée à 25,9%.

 

L'immobilier, seul pôle en perte

 

La rentabilité de la banque s'est en revanche nettement érodée sur la période, avec un résultat net consolidé de 101 M€, en repli de 28,6%. Mais ce chiffre est largement comptable car le Crédit Agricole a passé un niveau élevé de provisions pour risque collectif, soit 44,7 M€ (une pratique demandée par le régulateur). Avec une double peine puisque la conséquence technique est d'accroître le niveau d'impôt sur les sociétés. Retraité de ces éléments ainsi que d'autres éléments techniques liés aux dividendes de la filiale nationale CASA, le résultat aurait légèrement progressé.

Au cours de l'exercice, on relèvera que tous les pôles d'activité sont bénéficiaires à l'exception du pôle immobilier (-2,9 M€), plombé par la fermetures des agences Square Habitat pendant le confinement. Ce même pôle s'est délesté d'un gros morceau en octobre avec la cession à Tisserin de la participation de la Caisse dans Nacarat.

Autre élément nouveau en 2020, le lancement d'un fonds d'investissement commun avec la Caisse d'Epargne et le Crédit Agricole Brie Picardie, Regain 340. Doté d'une première enveloppe de 51 M€, il s'apprête à monter à 96 M€, avec l'apport de fonds par des assureurs. Déjà deux premiers dossiers sont à l'instruction, révèle le directeur général.

 

Deux sièges neufs à Lille et Arras

 

Bernard Pacory et Christian Valette ont profité de l'occasion pour confirmer le projet envisagé un an plus tôt de bâtir de nouveaux sièges à Arras et Lille. Les choix de localisation devraient intervenir dans l'année pour ces projets de bâtiments neufs (la réhabilitation n'est pas retenue), de l'ordre de 20 à 25 000 m2 à Lille (où la banque compte aujourd'hui 20 sites dispersés) et de 15 à 20 000 m2 à Arras. « On construit pour 40 à 50 ans, on investit pour que ce soit ajustable entre – 20% et + 30%. Il y aura suffisamment de sol pour étendre et avoir une capacité à rendre indépendant ou à céder si besoin », note Christian Valette. Les sièges, livrables à horizon 2025-2027, se voudront à l'image du Crédit Agricole, « non ostentatoires, mais visibles et durables », précise Bernard Pacory. Lequel souligne en parallèle la volonté de la banque de préserver le réseau d'agences et de distributeurs de billets.

Enfin, le Crédit Agricole prépare le lancement d'une direction dite de « la banque des transitions », capable de projeter les sujets à un horizon très long terme autour de la transition énergétique, alimentaire et climatique. C'est dans cette logique long termiste que la Caisse a refusé d'investir dans un projet immobilier à Dunkerque, dans un secteur potentiellement menacé par le risque de remontée des eaux à horizon 2050.

Pour 2021, les dirigeants ne tirent pas de plan sur la comète bancaire, avec néanmoins la certitude que la période va se tendre. « Nous sommes sous perfusion pour quelque temps, ce qui a pour conséquence de mettre sous cloche la réalité de la situation, d'occulter l'économie dans sa réalité normale. Le moment de débrancher doit être fait avec énormement de délicatesse », plaide Chritian Valette.