La MEL sort l'artillerie lourde contre la crise économique

La MEL prend le taureau de la crise économique par les cornes en lançant un plan massif destiné spécialement aux petites entreprises.  Soit 66 M€ qui s'ajoutent aux 14 M€ déjà engagés depuis le confinement. 

 

Plus de 80 M€. C'est le montant mis sur la table de la crise post-Covid par la métropole lilloise. Au-delà des premiers 14,6 M€ d'urgence injectés par la MEL depuis le début de la pandémie, l'établissement intercommunal décide cette fois d'une mobilisation massive de plus de 66 M€ supplémentaires et très rapide pour atténuer les effets du confinement sur les entreprises régionales. Premier visé : le tissu très fragile des TPE de moins de 10 salariés.

Un fonds de rebond doté de 20 M€, 100% MEL, est d'abord constitué en leur direction, sous réserve d'une baisse de chiffre d'affaires d'au moins 50% d'une année sur l'autre. Une aide au loyer de 500 € par mois sur trois mois sera ainsi attribuée en une fois, avec un paiement de la totalité dès le mois de juin pour apporter un vrai coup de pouce. « Les gens ont besoin d'argent tout de suite », estime Damien Castelain, président de la MEL. Du reste, si les procédures collectives ont été largement gelées par l'Etat, elles vont repartir à plein régime à partir de la fin août, les redressements et liquidations pourraient alors s'accélérer dangereusement. D'autres structures liées à l'événementiel, le tourisme, les centres équestres par exemple, qui n'ont pas de vitrine, vont quant à elles pouvoir émarger à une aide variable en fonction de la taille de l'entreprise (1000 € de 0 à 2 salariés, 1500 € de 3 à 5, 2000 € de 6 à 9 salariés). Avec une exception pour les hôtels, très touchés par le confinement, éligibles jusqu'à 20 salariés. Les deux dispositifs, non cumulatifs, pourraient bénéficier à quelque 8500 TPE, qui pourront postuler via une plateforme dématérialisée (serveco@lillemetropole.fr).

Deuxième vecteur de la MEL, un abondement de 2,2 M€ au dispositif régional Covid Relance, associant BPI France et doté de 6,6 M€. Il s'agit cette fois d'avances remboursables sur 3 à 5 ans, d'un montant de 5 à 30 K€, ouvert aux TPE mais aussi aux associations de moins de 10 salariés, d'avances remboursables. Par comparaison avec un dispositif analogue mis en place à Strasbourg, les services de la MEL évaluent de 300 à 350 structures le nombre de bénéficiaires potentiels sur un semestre.

 

35 M€ pour le bâtiment

 

Troisième axe, le soutien à l'économie de proximité mobilisera 2,5 M€ à travers 17 actions opérationnelles contractualisées avec les communes. Les fonds de concours aux commercer de proximité seront notamment dopés, avec des plafonds fortement relevés. Cinq postes de managers de centres villes et centres bourgs seront aussi mis à disposition.

La MEL veut aussi agir en direction du secteur du BTP à travers un renforcement de ses chantiers de rénovation des logements sociaux ( + 3000 sur trois ans, soit 9 M€) , des résidences universitaires (12 M€) ou de rénovation thermique (600). Il est prévu aussi d'aider l'accession à la propriété selon un dispositif de bonification de prêt qui pourrait apporter 5 000 € par foyer.

Au total, la MEL va débourser 35 M€ sur ce volet bâtiment.

Damien Castelain avait annoncé dès les débuts du confinement qu'il lancerait un plan spécifique pour les secteurs du tourisme et de l'événementiel gravement impactés. 2,4 M€ sont fléchés spécifiquement sur cet objectif (auxquels s'ajoutent environ 2,5 M€ au sein du fonds Rebond). La MEL veut se battre pour récupérer de grands événements d'affaires, mais aussi sportifs. N'est pas inclus dans ce décompte la situation des grands équipements culturels ou sportifs tels le stade Mauroy. « On est en discussion avec le grand stade sur la problématique du loyer et de l'annulation des événements. Ce sera quelques millions à ajouter », poursuit le président de la MEL.

 

Facture salée

La facture pour la métropole lilloise est très salée, au moment où ses recettes vont plonger de quelque 70 M€ anticipe son président. Principale source de pertes : le versement mobilité, proportionnelle à la masse salariale. Quand les salariés sont au chômage, même partiel, la recette disparaît. Néanmoins, Damien Castelain souligne que la collectivité dispose d'un autofinancement confortable de 200 M€ : au lieu d'être orienté vers le désendettement, ce matelas sera donc consommé. Le président de la MEL espère aussi le soutien de l'Etat via un fonds de compensation.

Si l'EPCI traite d'abord l'urgence de la situation, elle veut aussi poser les bases des suites. D'abord à travers la création d'un observatoire un Observatoire métropolitain de la conjoncture et de la reprise économique, avec l'agence d'urbanisme, pour mesurer et adapter le cas échéant les mesures prises. La MEL souhaite aussi travailler avec les grands patrons régionaux à travers une task force, Damien Castelain évoquant notamment des contacts réguliers avec la galaxie Mulliez. « On souhaite aller plus loin, mettre en place un groupe de travail au plus haut niveau » pour envisager des  mesures structurelles pour renforcer la protection et le développement économique et social du territoire.

On notera que ce plan massif intervient en pleine période de flottement institutionnel puisque la MEL est en cours de fusion avec une petite intercommunalité et que le report du second tour des municipales a repoussé ipso facto l'installation de la MEL élargie. « Il y a un vide institutionnel aujourd'hui, je suis président par intérim de la MEL et de la CCHD », relève Damien Castelain. Cette situation sera régularisée d'ici un mois. Suite au second tour prévu le 28 juin, le conseil d'installation doit en effet avoir lieu le 9 juillet prochain à 10h.