Cuir cible le marché américain
Le fabricant de machines-outils pour le conditionnement du carton vend à plus de 50% à l’étranger. Sa dernière née, la MC Cuir, lui donne un gros avantage concurrentiel qu’il veut valoriser notamment aux Etats-Unis.
12m de long, 40 tonnes, prix de vente 1,4 M€ : voilà les dimensions de la toute dernière machine vendue pour cuir début 2020. Soit six mois de travail, pour une durée de vie de 50 ans. Et une fois fabriquée et présentée au client, il faut la démonter pour la livrer. Un sacré morceau. L’année dernière, les 32 salariés de Cuir en ont fabriqué quatre et cette année est bien partie pour faire mieux, à destination essentiellement des USA et de la Grande-Bretagne. Fondée par Marcel Cuir en 1932, l’entreprise fabrique et assure la maintenance de machines d’impression et de découpe sur carton ondulé. Elles sont installées chez des industriels de l’emballage dans plus de 35 pays : fabricants de caisses de déménagement, de vin, de têtes de gondoles pour supermarchés, de boîtes pour envoyer des colis. Son chiffre d’affaires de 5,2 M€ a été réalisé fin 2019 à 50% à l’export en Amérique du Nord et en Europe, tous les ans en progression « grâce à la notoriété de l’entreprise, la faible concurrence - deux fabricants en suisse et en allemagne et le reste en chine - et un marché de l’emballage en croissance » souligne Fabien Val-Duprez, qui a repris l’entreprise en 2015 avec son associé Stéphane Heyndrickx.
Innovations mondiales
Pour s’imposer à l’export, l’entreprise mise aussi sur la nouveauté. Comme cette machine - commandée par le groupe français Valois en ce début d’année 2020 - qui imprimera automatiquement des deux côtés du carton et le découpera en ligne. Une première mondiale offrant un vrai gain de temps. « Le e-commerce pousse à fabriquer des emballages avec une forte cadence », explique notre entrepreneur. Des prospects américains vont même faire le déplacement pour assister à une démonstration.
La Pme de Carvin mise aussi sur la sortie en fin d’année de la “MC Cuir”, une machine plus petite, standard, vendue à 600 K€, qui rentre dans un container de 40 pieds. Plus besoin de la démonter. « Autre avantage : elle permet des séries de fabrication plus petites, entre 500 et 2000 boîtes, avec un temps de réglage entre chaque série très court », souligne Fabien Val-Duprez dont les clients travaillent en flux tendu. Deux unités devraient être vendues outre-Atlantique, un marché prioritaire, du fait de l’absence de concurrent. Un partenariat local y a même été mis en place pour réaliser le SAV grâce à un stock de pièces sur place. « C’est la clé pour vendre de nouvelles machines aux américains », précise le dirigeant.
Ouverture du capital envisagée
2020 est aussi l’année d’un accompagnement financier. L’entreprise va bénéficier pour la première fois d’un préfinancement export auprès de BPIfrance qui garantit 80% du découvert bancaire lié à une commande. « A chaque machine, le client ne paye qu’un acompte. Ce qui explique que durant les six mois de fabrication, nous avons des besoins de trésorerie pour payer les fournisseurs. » Par ailleurs un prêt innovation BPI de 250 K€ va financer la moitié des besoins de R&D dédiés à la MC Cuir. « A terme, nous souhaitons faire rentrer des investisseurs et augmenter nos fonds propres, pour financer la croissance et la R&D », conclut le dirigeant qui table sur un chiffre d'affaires en croissance de +15% fin 2020. Et qui envisage des recrutements.
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