Sièges sociaux : quand le bureau se réinvente

30 000 m2 d'architecture futuriste, épines métalliques en façades, terrasses végétalisées à chaque étage. En intérieur, espaces décloisonnés, mobiliers épurés, commerces, salle de fitness et même... un hôtel. Bienvenue au ShAKe, le nouvel écosystème tertiaire porté par Nacarat dans le quartier d'affaires d'Euralille. Le futur siège de la Caisse d'Epargne Hauts de France et ses 600 salariés prendront un tiers des surfaces. L'exem- ple iconique de ce bâtiment très ambitieux à l'entrée de Lille est loin d'être le seul. Les nouveaux sièges se multiplient dans la métropole ces derniers temps. Kiloutou, Movitex, Sopra Steria, le cabinet d'audit Mazars, Eiffage à Lezennes ou encore OVH à Roubaix ont déjà franchi le pas. D'autres vont suivre dans les deux ou trois ans, à l'exemple de l'Etablissement français du sang à Eurasanté, Capgemini à Euratech, Orange au pied du stade Pierre Mauroy à Villeneuve d'Ascq ou encore la MEL qui a repris au vol le bâtiment Biotope initialement promis à l'Agence européenne du médicament (finalement partie de Londres pour Amsterdam).

Vitrine et bien-être
Autant de projets destinés tout à la fois à jouer les vitrines mais aussi à attirer et garder les talents et à contribuer au bien-être des salariés. Dans cet univers, un vent de révolution souffle. L'ère des espaces individuels sans âme est révolue. Désormais, les entreprises mettent la main à la poche pour s'offrir les bureaux conjuguant design et logique coopérative. Comparable à ceux des mastodontes de la Silicon Valley, Google, Apple ou encore Facebook, qui n'ont pas lésiné sur les investissements.

De 300 bureaux à 14
Les nouvelles façons de travailler bouleversent en effet aussi bien la conception que la structure même des immeubles. Les nouvelles salles de réunions se veulent plus adaptées, mieux équipées, connectées et modulables en fonction des usages. L'open space s'est imposé comme réponse à cette recherche des relations interprofessionnelles. Exemple : de 300 bureaux initiaux, le futur siège régional d'Orange n'en comptera plus que 14... pour 1 200 salariés.
Le tout dans une digitalisation massive, et en 100% wifi. "Il faut que les personnes se voient et se croisent de façon formelle et informelle pour développer l'intelligence collective", affirme le directeur régional Olivier Mast, qui va lui aussi abandonner son bureau individuel au profit de l'open space. Les occupants doivent échanger non plus par téléphone mais de manière physique dans les espaces collaboratifs ou de détente. 

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"Comme à la maison"
L’évolution de la vie au bureau oblige aussi les entreprises à prendre davantage en considération le confort de chacun. Les salariés doivent avoir le sentiment d'être "comme à la maison"... pour être plus productifs. Dans ce cas, comment conjuguer le bien-être dans un univers professionnel transparent ? D'abord par la concertation. Les collaborateurs sont désormais couramment sollicités par leur employeur pour imaginer et co-construire les différents espaces afin qu'ils répondent au mieux à leurs besoins collectifs et individuels. Chez Kiloutou, des groupes de travail d'une dizaine de salariés ont été constitués pour faire remonter les idées notamment en terme d'aménagement et de déco. Idem au CIC Nord Ouest où le mobilier du siège new look, en face de Lille Flandres, a été testé avant le choix définitif. Les lieux sont également pensés pour réduire au maximum les nuisances sonores, plus importantes en open space. Les plafonds, les sols ou encore le mobilier jouent leur rôle d'isolation phonique grâce à des matériaux spécifiques au fort pouvoir d'absorption acoustique.

Cure de jouvence
En parallèle, un nouveau siège, c'est l'opportunité pour les entreprises de rajeunir leur image. Le dirigeant de Bils Deroo, Jimmy Bils, en a pleinement conscience. "Notre siège fait partie des moins beaux de la région, nous le savons ! Investir dans sa rénovation et son extension était donc très important". Le groupe centenaire de transport logistique loge en effet depuis 30 ans dans un bâtiment modulaire à Sin-le-Noble, devenu totalement désuet. Après le redressement judiciaire en 2002 de sa société, Jimmy Bils rêvait d'un renouveau. Il aura fallu attendre un peu.
Mais à l'automne prochain, le chantier en cours laissera place à une extension de 1 200 m2 sur deux étages, reliée au bâtiment actuel de 2 500 m2 qui sera lui-même entièrement rénové. "Nous voulions un siège personnalisé, à l'image du groupe. On fera dans le symbole, pas dans le luxe". Tout en tenant compte des désirs des collaborateurs. C'est d'ailleurs une tendance générale : le bien-être en entreprise est aussi gage de performance économique et d'attractivité. A telle enseigne qu'Orange a même prévu un budget pour ajuster le tir après l'emménagement.

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