Fret : la région parie aussi sur l'autoroute ferroviaire

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Après avoir accueilli la première autoroute ferrée au monde, le tunnel sous la Manche, les Hauts-de-France et ses acteurs veulent accélérer. Prochain projet d'envergure : un terminal de fret ferroviaire allemand à Calais.

"Nous avons le volume de transit, les ports, les infrastructures, les formations et la volonté politique, précisément celle de Xavier Bertrand. En clair, nous avons toutes les bonnes armes pour développer l'activité ferroviaire chez nous !" Lorsqu'il s'agit d'autoroutes ferroviaires, le directeur général de CargoBeamer Xavier Perrin n'est plus à convaincre. Sa société - prestataire allemand de services logistiques dans le transport combiné rail-route - construit actuellement à Calais un terminal d'autoroute ferroviaire, sur une plateforme rail-route de 5,7 ha. Montant du projet : 32 M€, financé à 60% par CargoBeamer. Le reste, par la Région, l'agglo du Calaisis et l'Etat - qui n'a pas encore honoré ses engagements, regrette le Dg en passant. Le terminal a aussi reçu une subvention de 7 M€ de l’Europe.

Finalisée en 2023, la nouvelle installation entièrement au- tomatisée pourra charger et décharger des trains, jusqu'à 36 semi-remorques, en 20 minutes. Les trains arriveront via les chemins de fer et repartiront de la même façon vers l'Hexagone, l'Europe et même l'Angleterre, en ferry ou en tunnel. Calais dispose déjà de trois liaisons ferrées vers le Boulou (Perpignan), Orbassano (Italie) et Sète (Hérault), gérées ou cogérées par VIIA, filiale de SNCF Logistics.

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« Ce projet de terminal né il y a 10 ans devient enfin concret. C'est le premier de cette taille. On peut donc imaginer l'intérêt qu'il suscitera à son démarrage. Toute l'europe aura les yeux rivés vers lui, calais et aussi vers notre région ! », se réjouit Xavier Perrin.

“Nous avons toutes les bonnes armes pour développer l’aCtivité ferroviaire Chez nous !” Xavier Perrin

Un plan de relance à 126 M€

Hasard du calendrier, le chantier du terminal allemand aura débuté cet été, à quelques jours d'intervalle avec l'annonce du Premier ministre d'un nouveau plan de relance du fret ferroviaire. Avec à l’appui 126 M€ entre 2020 et 2021. Au menu, précisément, la construction de nouvelles autoroutes ferroviaires, la gratuité des péages jusqu'à fin 2020 et la division de leurs tarifs par deux l'an prochain. L'objectif national étant d'atteindre 18% de transport ferré des marchandises en 2030, (soit le double du tonnage actuel), ré- duire les externalités négatives ainsi que le nombre de camions sur les routes.

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Cet énième plan de relance étatique sera-t-il la locomotive de la reconquête ferroviaire ? Quoi qu'il en soit, en région, il est bien accueilli. « On a de la chance d'avoir un réseau ferroviaire dense et bien maillé », juge Eric Guenther, directeur commercial de la plateforme Delta 3, qui mise aussi sur le ferroviaire pour son développement. « On regarde ce plan d'un œil bienveillant. Mais le secteur doit se moderniser. Notamment avec le digital. L'attelage automatique, très manuel aujourd'hui, est une bonne chose par exemple. Il faudrait aussi former les salariés, surtout à la langue des pays avec lesquels on traite ». De son côté, Norlink se dit « favorable à tous les projets comportant du transport ferroviaire ». « Ces autoroutes ont fait leur preuve, estime l'animateur de l'association Benoît Breux. Elles sont positives pour l'environnement, l'emploi, décongestionnent nos routes et permettent aux ports régionaux d'élargir leur hinterland ».