Conjoncture : 2019 moyen, 2020 prometteur

Crédit photo : Teddy Hénin Crédit photo : Teddy Hénin

La CCI régionale et la Banque de France, au côté de la Chambre d'agriculture et de la Chambre des métiers et de l'artisanat, ont dévoilé le bilan économique de la région. 2019 est en deçà des espérances. Et 2020 est attendu avec optimisme.

Comme chaque année, depuis 20 ans, la CCI Hauts-de-France et la Banque de France présentent un panorama détaillé de l'économie régionale sur l'année écoulée. La Chambre d'agriculture a rejoint les rangs l'an dernier, suivie cette année par la Chambre des métiers et de l'artisanat. "L'année 2019 s'est plutôt bien passée avec une rentabilité solide, même si la croissance de l'activité a été moins dynamique que prévu", annonce le président de la CCI Hauts-de-France Philippe Hourdain.

Après avoir progressé de 2,9% en 2018, l'industrie a vu son chiffre d'affaires reculer de 1,4% l'an dernier. L'année en dents de scie a également conduit à une chute de 3,2% des investissements dans le secteur. Toutefois, l'industrie continue de porter les investissements en région, jusqu'à représenter 73% des cinq milliards d'euros investis l'an dernier tous secteurs confondus. Pour cette année, les industriels se montrent particulièrement optimistes. Avec une reprise de la croissance du chiffre d'affaires de 4,5%, mais aussi des investissements (6,3%).

Le BTP a vu son activité croître sensiblement de 4,7%, contre 4,2% en 2018. Côté emplois, le secteur en a créé pour la troisième année consécutive : 1,1% l'an dernier avec des investissements importants (8,5%). Cette année, l'activité devrait maintenir le même rythme de croisière (0,3%), au même titre que les effectifs (1,2%). Les investissements devraient en revanche chuter fortement de 27,7%, en raison entre autres du cycle électoral, estime la Banque de France.

Le secteur des services marchands a fait preuve d'une "bonne résilience". Avec une croissance de 2,2% de l'activité, accompagnée d'une hausse de 3,1% des effectifs. Après des investissements importants en 2018 (14%), les entreprises "ont marqué une pause" l'an dernier (8,1%). En 2020, les investissements devraient significativement reculer (18,3%). Sans entraver la légère hausse attendue au niveau de l'activité (2,8%) et des effectifs (2,5%). 

L'agriculture et l'artisanat sur leurs gardes

Dans l'agriculture, le président de la Chambre régionale Olivier Dauger estime que "2019 n'a pas été une mauvaise année". Près de 3 exploitants sur 5 la jugent "bonne ou plutôt bonne". Avec cependant des différences marquées selon les filières. Si l'an dernier a été particulièrement positif pour les filières porcines et laitières, on ne peut pas en dire autant pour les cultures de betteraves ou de céréales. "On a connu des contraintes de changements climatiques avec une très longue sécheresse et de courtes mais très fortes périodes de pluie. Ce qui a déstabilisé les productions", explique Olivier Dauger. Pour l'année en cours, un agriculteur sur deux se déclare incertain. En grande partie à cause du contexte politique actuel et l'évolution réglementaire. Parmi les préoccupations, le Brexit pose des interrogations fortes puisque le Royaume-Uni est le 2e pays client des exportations agricoles et agroalimentaires régionales (12%). Quant à la politique agricole commune 2021-2027, elle prévoit une baisse du budget (jusqu'à 16%).

Enfin, l'artisanat affiche un solde net de 8 500 créations d'entreprises en région pour atteindre les 94 000 sociétés artisanales, souligne le vice-président de la CMA Gabriel Hollander. Qui estime que le secteur "rattrape son retard sur l'envie d'entreprendre et d'entreprise". La situation économique est jugée plutôt bonne. 2020 devrait connaître une stabilité de l'activité et un maintien des effectifs. Les artisans seront cependant vigilants sur leur trésorerie. Gabriel Hollander espère que le secteur atteindra, pour la première fois, les 100 000 entreprises cette année.

Recrutement, point noir récurrent

L'emploi salarié est resté stable avec une création de plus de 8 900 emplois l'an dernier, contre un peu plus de 9 000 en 2018. Après un pic de +17 100 en 2017. D'après Grégory Stanislawski, directeur des études de la CCI régionale, la région affiche encore un déficit de 23 000 emplois non récupérés depuis la crise de 2008-2009.

Au niveau des territoires, seule l'Aisne voit ses effectifs diminuer sur un an (0,6%) et sur cinq ans (1%). L'Artois (4,4%) et le Grand Lille (6,4%) sont a contrario ceux qui enregistrent la plus forte progression sur cinq ans. "A eux seuls, ils ont généré plus de 7 000 nouveaux emplois", indique Grégory Stanislawski.

Les disparités sont importantes selon les secteurs. Sur un an et sur cinq ans, le BTP, le commerce et les services créent de l'emploi. Seul l'industrie en perd : -2 172 l'an dernier et -12 500 sur cinq ans. L'économie régionale est principalement portée par le secteur des services qui a créé plus de 8 700 emplois en 2019 et... plus de 53 900 sur cinq ans !

L'emploi reste sans surprise au cœur des préoccupations des chefs d'entreprise, quel que soit leur secteur. 78% des artisans et 43% des dirigeants se disent concernés par des difficultés de recrutement. Celles-ci sont jugées "fortes" pour 64% d'entre eux, notamment dans le BTP où le caractère "fort" concerne 87% des répondants.