EcoPhos ancre sa production de phosphate à Dunkerque
60 M€ investis par un groupe étranger et 100 emplois générés, par les temps qui courent, voila qui se remarque. L'arrivée du belge EcoPhos à Mardyck, sur la zone portuaire de Dunkerque, est une authentique bonne nouvelle pour la région. Ce groupe atypique, créé par un petit génie chimiste, marocain d'origine, Mohamed Takhim, est un acteur en pleine croissance dans le marché spécifique des phosphates pour l'alimentation animale. Le groupe de Louvain-la-Neuve pèse déjà 150 M€ de chiffre d'affaires avec 250 salariés, et détient 30% du marché européen. Il est devenu producteur majeur en 2013 en rachetant une usine de 300 000 tonnes à son compatriote Tessenderlo (à Rotterdam). Et il compte une 2e usine en Bulgarie, ainsi qu'une grosse activité de R & D, enrichie il y a deux ans de l'acquisition d'un bureau d'études de 80 ingénieurs, Temco.
10 brevets mondiaux
Dans le portefeuille d'EcoPhos figurent surtout 10 brevets mondialement protégés, qui lui donnent une grande avance sur ses compe?titeurs, et une lucrative activité de licences : l'entreprise a développé une technologie lui permettant d'extraire le phosphates des roches pauvres que les autres phosphatiers sont incapables de récupérer. Alors que la ressource de phosphate pur s'épuise, l'avantage est majeur. Ce n'est pas tout : EcoPhos a aussi mis au point une technologie unique pour extraire le phosphate présent dans les cendres de boues d'épuration incinérées. Un gisement quasi inépuisable en Europe alors que le Vieux Continent n'a pas de ressource minérale. L'intérêt stratégique est donc évident pour une matière indispensable aà la vie.
C'est à Dunkerque qu'EcoPhos va produire en mode industriel avec ce process validé sur un pilote semi-industriel en Bulgarie. En parallèle, l'usine va extraire le phosphate de roches pauvres acheminées par bateau. Une excellente nouvelle pour le troisième port français, avec une perspective de 440 000 T/an de minerai, sans compter l'exportation de produits finis. L'usine produira 220 000 T/an, mais le groupe envisage déjà de doubler son unité à terme. EcoPhos prend 11 ha et une option de 4 ha sur la plateforme de 70 ha ICD (Industrial City Dunkerque), mise à disposition par Total sur son site de la Raffinerie des Flandres, déjà appelé à accueillir le très gros projet BioTfuel (biodiesel, biokerosène de nouvelle génération). On relèvera que Dunkerque a emporté cette implantation face à la concurrence très vive de Zeebrugge. Parmi ses arguments : une logistique extrêmement maillée, une forte réactivité des acteurs locaux très unis (Port, Dunkerque Promotion, Etat, Total...) et un tissu industriel dense. « On s'est sentis ici tout à fait à l'aise avec des industriels établis depuis longtemps », relève Yannick Vancoppenolle, directeur du développement d'EcoPhos. Pour qui la perspective de Canal Seine Nord n'a pas compté dans la décision, mais a été « une cerise sur le gâteau »
Olivier Ducuing
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