Armentières : « le commerce : un enjeu, un défi, un combat »

La ville mise sur le volontarisme de long terme pour redynamiser le commerce intra-muros, entre nouveaux équipements et gestion fine de l'accès automobile.

« C'est un combat ancien et de tous les jours que de résister aux grands malls commerciaux ». En l'occurrence à Auchan Englos, ouvert en 1974, puis aux Portes des Flandres à Nieppe dans les années 90. Ce combat, les prédécesseurs de Bernard Haesebroeck, maire d'Armentières, l'ont engagé en autorisant l'implantation d'un hyper Carrefour au cœur même de la ville, considérant les commerces de centre-ville comme sa galerie marchande naturelle.

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Dès 2004, une étude sur le commerce armentiérois révélait que 58% du pouvoir d'achat local se dépensaient à Englos. Un chiffre ramené à 50% en 2008, Nieppe en attirant 17%. A quoi se sont ajoutés la crise des années 2008, la rénovation des places centrales, un taux de rotation famélique de 1,1 voiture par jour et par place de stationnement : le chaland extérieur rechignait à venir en ville. La municipalité a commencé par le stationnement. Toutes les pratiques y sont passées : zone bleue, payante, gratuité partielle, maintien et création de places... « Le sujet reste très passionnel », constate le maire qui vient de généraliser la demi-heure de gratuité à tout l'hypercentre, outre la gratuité à l'heure du repas. La qualité de l'accueil et de l'accessibilité reste la clé de l'attractivité commerciale. « Le tout voiture, c'est culturel encore, mais il y a un point d'équilibre à rechercher. on ne peut pas ambitionner d'être une ville, un centre-ville galerie marchande et avoir un comportement de ville traversée. L'avenir de nos linéaires commerciaux, c'est la limitation de l'accessibilité dans ces rues traversantes et le retour du piéton à la condition de pouvoir stationner dans la proximité », juge l'édile.

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Equipements attractifs

Autres cibles de la résistance, l'urbanisme, avec la volonté de protéger et même d'étoffer le linéaire commercial en équipements attractifs : ici une médiathèque, là un cinéma de 5 salles, une politique volontariste d'habitat neuf favorable au retour en ville et d'animations dominicales, l'obtention d'un soutien du FISAC, générateur d'un observatoire local du commerce et d'une gestionnaire de centre-ville, ou encore le maintien d'une direction économique au sein de la ville alors que cette politique est de compétence communautaire...

Autant d'actions qui ont permis au commerce armentiérois de résister. Une vingtaine de Kbis ont été créés ces trois dernières années ainsi que six restaurants...

Tout n'est pas acquis pour autant : Englos aspire encore 47% des revenus armentiérois, tandis que deux commerces emblématiques de la ville, Evasion et la pâtisserie Charle mettaient la clé sous la porte. « Le commerce, un enjeu, un défi, un combat », résume Gérard Haesebroeck.

Luc Maréchal