“Les protéines végétales engendrent une vraie révolution”

Patrick Lesueur, directeur R&D chez Bonduelle. Patrick Lesueur, directeur R&D chez Bonduelle.

Le végétal est dans l'ADN même de Bonduelle. Comment vous positionnez-vous face à la concurrence qui s'y intéresse de plus en plus ?

Nous sommes bien placés sur ce marché aujourd'hui. Auparavant nous misions beaucoup sur les petits pois ou encore le maïs. Mais de nouvelles protéines arrivent, ce qui nous pousse à nous réinventer pour répondre à la demande des consommateurs.

Comment procède votre pôle recherche et développement ?

On regarde les tendances pour décider de la façon dont nous allons innover. Depuis deux voire trois ans, on explore d'autres territoires pour démocratiser les végétaux pour proposer de nouvelles recettes, des mélanges de céréales par exemple. Pour démocratiser également l'utilisation des produits. Les protéines végétales engendrent une vraie révolution du marché !

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Quels sont les produits innovants de Bonduelle ?

En 2016, nous avons lancé Légumiô, une gamme de pâtes aux légumes, cuisinés sans farine mais à base de légumineuses et de protéines. Gamme que nous avons élargie avec les sauces en pot Legumiô composées à 50% de légumes coupés en morceaux. Pour cette gamme, nous avons pensé en premier lieu aux enfants. En général, ils ne sont pas friands de légumes mais sous forme de pâtes, ça passe mieux !

L'an dernier, nous avons aussi lancé VeggissiMmm!, une solution végétarienne pour remplacer la viande au cœur de l'assiette. Le Pavé Croustillant composé de morceaux de légumes, de boulgour et de mozzarella, enrobés d'une panure de ceréales, par exemple, peut être considéré comme un aliment de demain.

Le consommateur a des craintes notamment sur le goût des végétaux. Comment assurer la réussite d'une nouvelle recette ?

Notre rôle est d'accompagner le consommateur vers ces nouvelles façons de manger sain. Et pour cela, l'apparence et le goût du produit sont primordiaux. Il était donc important que notre steak vegétal à base de soja et de blé ressemble à un vrai steak de viande. Pour le goût, et pour l'invention de recettes, nous organisons des séances de créativité avec un panel de consommateurs et des chefs cuisiniers. Nous faisons aussi des tests de nouveaux réseaux de distribution. En octobre dernier, Bonduelle a ouvert à Lyon son magasin Emotion végétale dans lequel sont vendus des produits du groupe et de start-up. D'ailleurs notre point de vente de Villeneuve d'Ascq où sont vendus tous les produits Bonduelle tend à évoluer en enseigne Emotion végétale à l'avenir.

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Quelle est la cible de vos nouveaux produits ?

On ne s'adresse pas uniquement aux vegans ou aux végétariens mais à tous ceux qui veulent faire évoluer leur consommation. Ceux qu'on appelle les flexitariens c'est-à-dire ceux qui veulent manger plus équilibré et un peu moins de viande.

Le groupe est partenaire du Village by CA. Quelle relation entretient-il avec les start-up de l'agroalimentaire ?

Nous travaillons avec elles sur des cas d'usage, nous les accueillons chez nous pour développer de nouveaux produits et, parfois, investissons chez elles... Nous jouons un rôle d'accompagnement, même si l'on a conscience qu'elles peuvent devenir des concurrents potentiels. Tant que les recherches servent la cause, tout le monde est content !

Nous avons été l'un des premiers partenaires du Village by CA. Lors du premier appel à projets, il y avait beaucoup de start-up françaises. Pour la seconde édition, avec l'ensemble des partenaires nous aimerions internationaliser davantage et surtout jouer la carte des Hauts-de-France comme territoire des protéines végétales.

Recueilli par Julie Kiavué

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