Protéine d’insecte : une législation française insectophobe ?

Crédit : Minus Farm Crédit : Minus Farm

Face aux défis de protection de l'environnement, l'OMS recommande depuis six ans l'élevage d'insectes à grande échelle. Alors que des pays font de grands pas sur le sujet comme les Etats-Unis - où fermes et producteurs alimentaires s'associent pour fabriquer des produits à base d'insectes, en France les recherches stagnent. Principale raison : une réglementation au point mort. Aujourd'hui, seule est autorisée l'utilisation d'insectes pour l'alimentation animale. En région, le concept se développe. Avec par exemple la biotech InnovaFeed à Cambrai qui produit de la farine d'insecte (la mouche noire Hermetia Illucens) pour nourrir des poissons élevés en aquaculture. Preuve de l'engouement, l'entreprise a levé l'an dernier 15 M€ pour ouvrir sa deuxième usine courant 2019. Trois sites sont à l'étude dont un dans les Hauts-de-France.

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Réponse imminente

"Nourrir les poissons avec des mouches n'a rien d'aberrant puisqu'à l'état sauvage les poissons consomment des insectes", relève avec raison Thierry Missonnier, directeur du pôle de compétitivité boulonnais Aquimer. Oui mais voilà, l'entomophagie - la consommation d'insectes par l'humain - a encore des verrous à lever.

"Ce qui est insupportable, c'est que la Belgique et les Pays-Bas progressent. Ils ont déposé leur dossier auprès de l'Europe en 2017 et ont obtenu une dérogation pour vendre au grand public leurs insectes, déplore la responsable d'Euralimentaire Isabelle Wisniewski. Leurs start-up poursuivent leurs recherches et les nôtres sont bloquées ! En France, nous sommes encore une fois passés à côté. Le dossier n'a pas été pris à bras le corps et on se fait de- vancer."

Les start-up régionales telles la micro ferme urbaine d'insectes comestibles Minus Farm ou Nutri'Earth qui élabore des poudres alimentaires pour seniors à partir d'insectes comestibles prennent leur mal en patience. Le verdict de l'Europe est attendu avant 2020...

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