Enquête: La nouvelle mine à neurones des Hauts-de-France

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L'UTC de Compie?gne qui talonne l'X. L'Edhec au 3e rang des e?coles de commerce selon le Financial Times. Une trentaine de grandes e?coles au compteur, 5500 inge?nieurs forme?s chaque anne?e : he?las plus connue pour son niveau d'illettrisme et ses difficulte?s sociales, la re?gion Hauts-de-France est aussi un po?le d'enseignement majeur du pays. Elle est me?me sur le podium, derrie?re l’Ile-de-France et l’Auvergne-Rho?ne-Alpes. Pre?s de 100 e?tablissements supe?rieurs he?bergent un total de 220 000 jeunes. Un potentiel conside?rable, longtemps laisse? au seul domaine des e?tudes, et que les acteurs ont enfin appris a? exploiter comme un puissant levier e?conomique.

Sur le terrain, les choses ont change?. “L'UTC vient d'e?tre classe?e deuxie?me e?cole d'inge?nieurs de France, juste derrie?re Polytechnique. J'y vois le signe de l'immense potentiel de cette re?gion”, se re?jouit Philippe Courtier, le tout nouveau directeur de l'e?cole (voir en page 10). Reste toutefois a? savoir si cette ressource en matie?re grise profite re?ellement a? la re?gion. Tropisme des grandes me?tropoles, opportunite?s de carrie?re a? l'international, charges et contraintes pesant sur la cre?ation d'entreprise... Les raisons sont nombreuses pour pousser les talents, une fois leurs e?tudes acheve?es, a? tenter leur chance ailleurs. Comment les retenir ? Comment transformer ce capital humain en cre?ation de richesse ? Les acteurs socio-e?conomiques se mobilisent sur la question depuis plusieurs anne?es. Avec un certain succe?s. Les mentalite?s ont change?. Rejoignant leurs voisins europe?ens, les jeunes Franc?ais sont plus impre?gne?s de culture d'entreprise. Pour Michel Bernasconi, responsable du Global Entrepreneurship Initiative a? Skema Business Schooll'e?cole de commerce lilloise, ce changement s'acce?le?re. « Le terrain est diffe?rent d’il y a 5 ans. Les jeunes entre 18 et 23 ans sont plus sensibilise?s a? l'entrepreneuriat. En outre, l’entreprise et la cre?ation d’entreprise sont devenues des crite?res de classement des e?coles », insiste t-il. Pour sa rentre?e 2017, Skema a me?me de?cide? de l’inte?grer dans son tronc commun. Quatre e?tudiants de son Msc «Entrepreneurship & Innovation» viennent du reste de sortir laure?at du challenge Pe?pite France."

 

 

Révolution copernicienne
Me?me l'universite? a ope?re? sa re?volution copernicienne. En te?moigne le the?me du dernier congre?s de l'Universite? de Picardie, « Une universite? ouverte sur le monde », ou? se me?laient responsables acade?miques et e?conomiques. Autre illustration: les universite?s re?gionales se sont dote?es d’une «hubhouse» pour accompagner les e?tudiants a? la cre?ation d’activite?s. Le projet Idex pre?voit de re?unir celles ouvertes dans les universite?s lilloises en un guichet unique.  " Cinq ou six charge?s de mission seront charge?s de valoriser l’entreprenariat et de coordonner les hubhouses », annonce Pierre Mathiot, membre du comite? de pilotage du projet Idex Universite? Lille Nord Europe.

 

 

 

 

Un environnement favorable à l'éclosion des start-up

 

En donnant naissance aux Google, Amazon, Facebook, Apple (GAFA), mais aussi a? des dizaines de ge?ants des biotech, de la me?decine, des objets connecte?s, de la robotique... le mode?le du campus a? l’anglo-saxonne s'est impose?. Chacun re?ve de?sormais de trouver la pierre philosophale qui transformera nos universite?s traditionnelles en futures Berkeley ou Oxford, a? l'aura internationale. Pour ce faire, des partenariats ont e?te? noue?s, les labos se sont ouverts, l'architecture me?me des e?tablissements a change?. Chaque campus veut son «incubateur », son «acce?le?rateur» ou son « Fablab » invitant industriels et e?tudiants a? venir phosphorer sur des projets industriels. En 2010, l’Edhec lancait sa structure EYE (Edhec Young Entrepreneurs). Cinq ans plus tard, la "CCI Grand Hainaut" ouvrait la Serre Nume?rique, a? Valenciennes, un incubateur et un acce?le?rateur ouverts aux e?tudiants sortant des e?coles de Rubika et a? d’autres porteurs de projet. En Picardie aussi, on planche sur cette strate?gie d'essaimage. En 2014, l'UTC a cre?e? le centre d'innovation Daniel Thomas, qui met a? disposition des e?tudiants et des entreprises des salles de re?alite? virtuelle, un studio de capture de mouvement et une salle consacre?e aux ve?hicules du futur. Des e?quipements de pointe pour peaufiner des projets de start-up ou des nouvelles solutions technologiques. Idem au sein de l'e?cole d'inge?nieur en agronomie LaSalle Beauvais, qui s'est dote?e d'un incubateur pour cre?er les start-up de la « ferme du futur ». Cette strate?gie semble payante. Dans les deux ex-re?gions, les e?tablissements d'enseignements supe?rieurs ont accouche? de quelques belles pe?pites. Parmi les plus re?centes : la biotech Root Lines Techonology, issue d'un laboratoire de l'UPJV (Lire Eco 121 n° 61). Ou encore la start-up lilloise X'Prochem, adosse?e a? un labo de l'Institut de Biologie de Lille qui ambitionne de synthe?tiser des prote?ines existantes a? des fins the?rapeuthiques. Le groupe ABCD Nutrition, cre?e? par un ancien enseignant de l'UTC s'est hisse? parmi les leaders franc?ais des aliments sans gluten. La cre?ation nume?rique re?gionale compte elle aussi des start-up prometteuses. L'Anarteam, cre?ation de cinq e?tudiants de Supinfogame de Valenciennes et incube?e a? la Serre Nume?rique, a ainsi lance? en juillet dernier sur Xbox One son jeu vide?o Anarcute prime? a? l'international.

 

Changement de paradigme


Fini le cloisonnement, l'heure est a? l'e?tablissement de ponts entre des mondes, qui longtemps, se sont ignore?s. L'intensification de la concurrence internationale a change? la donne. A monde complexe, recherche complexe. Ainsi pourrait-on re?sumer le changement de paradigme constaté dans les grandes entreprises, mais aussi dans les ETI et les PME parfois coupe?es de l'innovation. Ainsi, le programme Centaure de Polytech Lille et des compagnons du devoirs, lie? au programme national Usine du futur, aide les entreprises me?tallurgiques, me?caniques ou plasturgiques a? inte?grer dans leur process des solutions robotiques ou me?catroniques.

Dans le me?me esprit, « Entreprises et Cite?s » joue les interme?diaires entre entreprises et e?tudiants. Re?gulie?rement, le campus patronal mobilise des e?le?ves de Skema au be?ne?fice de PME pour plancher sur leurs business models ou des e?tudes de marche?s dans l’optique de les pre?parer a? l’export. En septembre dernier, il organisait par ailleurs une premie?re rencontre entre cinq entreprises et des e?tudiants de Centrale Lille charge?s de leur proposer des innovations.
Plus largement, les groupes n'he?sitent plus a? faire appel aux e?quipes universitaires, et vice versa. A Compie?gne, l'UTC et Renault ouvriront d'ailleurs un labo sur la voiture autonome. A Amiens, le laboratoire LRCS, spe?cialise? dans le stockage de l'e?nergie, travaille e?galement avec des industriels sur les batteries du futur.

 

Complexite? grandissante
La complexite? grandissante des projets de recherche, la ne?cessite? d'une approche pluridisciplinaire suscitent aussi de nouvelles initiatives, telles les de?marches d'Open Innovation ou d'innovation collaborative. La Catho de Lille a cre?e? un dispositif original, les "Adicode”. Ces ateliers de co-design des e?coles HEI-ISA-ISEN, accompagnent depuis 2012 des entreprises a? mettre au point des solutions innovantes. Parmi elles, la Voix du Nord ou la start-up Une?ole et son concept d'e?olienne urbaine.

A Amiens, au sein du nouveau quai de l'Innovation, un espace «d'ide?ation» a me?me e?te? cre?e? pour permettre a? tous de "brainstormer" sur de potentiels projets disruptifs. Et l'on ne compte plus les Start-up week-ends, la? encore inspire?s du mode?le ame?ricain, ou? durant deux jours des e?tudiants ba- taillent pour faire nai?tre de nouveaux concepts innovants.
La dynamique de fond apparai?t bien donc re?elle. Un nouvel e?change gagnant-gagnant s'instaure entre entreprises, grandes e?coles et labos de recherche sous le sceau de l'innovation. Les e?tudiants deviennent de?sormais cre?ateurs de richesses autour de la cre?ation d'entreprises sans pour autant rattraper le net retard de la France compare? au Royaume-Uni dans la cre?ation de start-up.

Dans une de ses notes re?centes, re?dige?e par Marie Ekeland, Augustin Landier et le prix Nobel d'e?conomie Jean Tirole, le conseil d'analyse e?conomique a pointe? la faible participation du syste?me universitaire franc?ais dans l’e?cosyste?me des start-up. Celui- ci ne participe qu’a? hauteur de 0,8% des leve?es de fonds contre 5,1% outre-Manche. Les auteurs appellent par ailleurs a? une plus forte implication des chercheurs dans l'e?volution entrepreneuriale du pays.

Reste aussi a? savoir si ces nouveaux e?cosyste?mes trouveront leur dynamique propre. « La question n'est pas tant de cre?er des start-up que de leur permettre ensuite de devenir des PME afin de ne pas voir leurs savoirs rachete?s par des pays e?trangers», analyse le directeur de l'UTC de Compie?gne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JUNIOR ENTREPRISES

Quand les e?tudiants ge?rent leur propre cabinet conseil

«Performer», la Junior Entreprise d’UniLaSalle Beauvais fournit analyses et e?tudes de marche?s pour des entreprises clientes. Un premier pas dans la cour des grands.

Rien de tel qu’une Junior Entreprise pour se frotter au vrai business. Le concept permet aux e?tudiants de tester sous forme associative leurs aptitudes manage?riales tout en exerçant leurs acquis the?oriques. Il en existe 180 en France dont neuf en re?gion Hauts-de-France. Celle de l’e?cole UniLaSalle Beauvais a e?te? fonde?e en 1983. Performer, c’est son nom, fonctionne comme un ve?ritable cabinet conseil aupre?s d’agriculteurs, de coope?ratives et de grandes entreprises semencie?res ou de l’industrie agro-alimentaire. L’occasion de livrer une premie?re expertise sur les diffe?rents sujets enseigne?s par l’e?cole d’inge?nieur oriente?e vers l’agronomie, l’agriculture, l’agroalimentaire et l’environnement. L’e?quipe de 25 administrateurs s’organise autour des fonctions qualite?, commercial et charge? d’e?tudes. Ces derniers mois, elle a planche? sur une e?valuation de la popularite? d’un client aupre?s d’agriculteurs de la re?gion et propose? des pistes d’ame?liorations.
Et sur une e?tude de marche? pour de?terminer l’inte?re?t des agriculteurs du Sud Ouest pour l’usage du calcaire comme moyen de basifier les sols trop acides. Des prestations facture?es entre 80 et 300 euros !


N’est pas Junior Entreprise qui veut

Les e?tudiants s’y engagent sur la base du volontariat en marge de leur cursus. «Il faut qu’il y ait une vraie plus-value pe?dagogique », explique Thomas Percheron, 22 ans, e?tudiant en 4e anne?e et pre?sident de Performer Une obligation strictement contro?le?e par la Confe?de?ration nationale des Juniors Entreprises qui audite une fois par an la structure. Car n’est pas Junior Entreprise qui veut. Au pre?alable, les associations doivent passer par les statuts de Junior cre?ation puis celle de Pe?pinie?re Jeune Entreprise avant d’obtenir le droit d’utiliser cette appellation de?pose?e a? l’INPI. Le processus peut prendre trois ans. Un effort toujours payant qui procure aux e?tudiants une expe?rience inestimable. « Nous sortirons tous avec le me?me diplo?me. Ce qui fera la diffe?rence c’est l’investissement. Avec Performer, j’ai pu apprendre a? manager une e?quipe, e?tablir un planning et re?alise? des projets », re?sume Thomas Percheron.

Etienne Vergne

 

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