Entre ambitions et états d'âme

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Moyens financiers récupérés par les laboratoires, utilisation d'argent public au profit de la recherche des grands groupes, critères de sélection de l'Etat trop fermés, inadaptation du dispositif aux Pme ... Le discours n'est pas celui du NPA, ni de cabinets d'audits mais de plusieurs dirigeants de nos pôles de compétitivité régionaux. De quoi désacraliser la présentation unanimiste en modèle de success story de ce dispositif né en juillet 2005, décliné dans six pôles régionaux (et deux autres candidats aujourd'hui sur les éco-entreprises, Team 2, et Medee sur la motorisation électrique).

"On continue à nous reprocher d'avoir de trop petites entreprises"
Jean Pierre Delpierre Aquimer

Les clusters avaient déjà été passablement déstabilisés par l'évaluation nationale, qui mettait en cause deux d'entre eux en région, Aquimer et Maud, et dont les critères d'évaluation avaient été contestés. Or dix-huit mois plus tard, leur situation n'est toujours pas clarifiée! Jean-Baptiste Delpierre, président du pôle Aquimer, fait valoir le silence assourdissant de l'Etat quant à l'avenir de son pôle, qui a pourtant mené de gros efforts pour doper le nombre de ses adhérents (77 dont 45 entreprises) - parmi lesquels Roquette, Marie ou Davigel - , modifier sa gouvernance, changer de nom et dynamiser son fonctionnement. "Parmi tous les pôles menacés de délabellisation, on trouve tous ceux qui dépendent du ministère de l'agriculture, ce sont des secteurs structurellement atomisés. Et pourtant on continue à nous reprocher d'avoir de trop petites entreprises ", se lamente le président d'Aquimer. Lequel attend toujours les conclusions du nouvel audit subi l'an dernier et qui devaient être remises au troisième trimestre, puis fin 2009 avant d'être repoussées au courant 2010. Jusqu'à un nouveau report?

Olivier Varlet, délégué général du pôle Maud, partage le même agacement devant tant d'atermoiements de l'Etat, malgré les demandes réitérées de son président Xavier Ibled, tant auprès de Christian Estrosi que de Michel Mercier, ministre de l'aménagement du territoire. "C'est très énervant. L’État nous donne des leçons de gestion avec des deadlines mais repousse sans cesse ses propres réponses. Or notre développement doit s'accompagner de ressources humaines et je suis obligé de les embaucher en CDD..."
Un déclassement pur et simple priverait Maud et Aquimer de l'estampille officielle avec un risque fatal. " Ce n'est pas tant les financements qui nous importent que le label " pôle de compétitivité. Les financements, nous pouvons les trouver ", analyse Jean-Baptiste Delpierre, évoquant une véritable épée de Damoclès. "La labellisation est-elle vitale ?" interroge olivier Varlet. "Elle est en tout cas extrêmement importante pour pouvoir être reconnu au plan international".




Assèchement des crédits publics

Mais les autres pôles a priori à l'abri d'une délabellisation ne sont pas non plus angélistes. " J'ai de trop petites entreprises membres, je ne peux pas les mettre en tête de projet ", déplore Isabelle Zeller, déléguée générale d'Up-Tex. Un projet doit relever des pôles pour obtenir le financement FUI (fonds unique interministériel ), qui intervient sur des montants minimaux de l'ordre de 2 à 3 millions d'euros. Un niveau peu compatible avec l'engagement des Pme régionales, tout spécialement après une année 2009 meurtrière pour les bilans et les trésoreries. Les dossiers financés par l'ANR (agence nationale de la recherche) sont, eux, souvent situés en recherche amont, non directement opérationnelle dans les entreprises. "Le retour en investissement pour ces projets n'arrivera pas avant trois ou quatre ans... Comment aider les Pme qui sont plutôt sur un horizon de 18 mois  au grand maximum?", questionne Isabelle Zeller. Un de ses collègues dénonce vivement l'annonce tout à trac du ministre Christian Estrosi, lors des états généraux de l'industrie, de réduire à 40 le nombre de pôles en France, tout en créant cinq grands "interpôles".

Compétence régionale ?

Plus largement, les responsables de tous les pôles craignent l'assèchement des crédits publics. Au point que certains imaginent même que l'Etat est en train de préparer discrètement un transfert complet des pôles vers la compétence des régions. Déjà les délais de décaissements sont particulièrement longs entre la décision de soutien et le versement effectif des fonds. Ce qui n'empêche pas plusieurs clusters de tourner à plein régime. " Le dispositif dans son entier fonctionne bien, défend ainsi Etienne Vervaecke, délégué général de NSL. Mais c'est parce qu'il est très adapté à notre secteur, où il est naturel d'attendre trois à cinq ans avant la sortie d'un produit ". NSL espère décrocher une trentaine de projets en 2010. Notre pôle à vocation mondiale I-Trans tire aussi son épingle du jeu. Il a réussi à placer pas moins de cinq projets FUI lors de la dernière vague, dont trois projets colabellisés. Et le cluster en transports innovants lance en parallèle deux nouvelles plateformes de recherche. Enfin, le pôle des industries du commerce (Picom), le plus discret des six, n'en est pas moins actif, comme en attestent ses résultats.

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