Entreprises à mission : les pionniers ouvrent la voie

Ci-dessus, l’équipe de Noiret Patrimoine (Comines). Ci-dessus, l’équipe de Noiret Patrimoine (Comines).

Trois sociétés régionales viennent de basculer quasi simultanément en société à mission. Anaïk, Norsys et Noiret Patrimoine. Pourquoi faire ?

Pas besoin de peser 25 milliards d'euros et de compter 100 000 salariés comme Danone pour devenir une entreprise à mission. Trois entreprises nordistes (sur une trentaine en France) viennent ainsi de sauter le pas d'un même élan vers le statut très récent d'entreprise à mission, introduit par la loi Pacte de 2019. Une entreprise de services numériques, Norsys, une société patrimoniale, Noiret, ou encore un spécialiste du cadeau d'entreprises, Anaïk. Pour quelle raison se sont-elles engagées dans cette voie, alors que les démarches de responsabilité sociétale et environnementale (RSE) se sont déjà développées très largement depuis plus d'une décennie ? Noiret Patrimoine est né il y a quatre ans sur le thème de la finance solidaire, autour d'une ambition, démocratiser une finance plus vertueuse. A l'époque, le sujet est encore très limité. Depuis, la croissance pousse à deux chiffres, séduisant les majors de la banque. « Comment ne pas se faire happer par les grands groupes, interroge Marc-Antoine Noiret, cofondateur et directeur général. En étant cohérent, sincère et pas seulement en flairant un bon marché ». L'entreprise de Comines a poussé l’engagement très loin : d'abord en transférant le capital à une Fondation, qui redistribue 100% des profits, puis en devenant entreprise à mission.

Evaluer son impact

Norsys, à Ennevelin, est une entreprise numérique connue de longue date pour être un véritable laboratoire de la RSE, sous la houlette de son patron Sylvain Breuzart, ex président national du CJD. L'entreprise a créé une fondation bien avant que cela devienne une mode, et pousse tous les curseurs de l'engagement. Pourquoi alors aller jusqu'au statut d'entreprise à mission ? « Développer son entreprise avec un volontarisme en rse est source de créativité et d'anticipation » estime Sylvain Breuzart, évoquant le télétravail, introduit largement dès 2016, qui a permis à Norsys de n'être pas prise au dépourvu le 17 mars. Et le statut d'entreprise à mission conduit à avoir des objectifs d'impact sur le monde et la société et à les mesurer. Ainsi, il ne suffit pas d'organiser tant d'heures de formation, mais d'évaluer leur efficience, la réalité des progressions de compétence ou d'employabilité. Anaïk , spécialiste du cadeau promotionnel, avait aussi la culture RSE de longue date. « Pendant le confinement en mai, j'ai eu du temps pour réfléchir, j'ai eu envie de passer le cap, avec en parallèle le label B corp », explique Frédéric Delloye, son dirigeant. Avec pour raison d'être de créer un effet de surprise et de joie chez les clients mais aussi de le faire à zéro carbone. Depuis deux ans, Anaïk a déjà déployé l'éco-conception, l'utilisation de matières recyclées. L'entreprise a adopté ses nouveaux statuts en juillet, sur un exercice extrêmement compliqué : l'activité a chuté lourdement avec la Covid, passant de 50 à 40 M€ en 2020, avec 110 salariés. Pas de quoi décourager le dirigeant, au contraire. « On est dans le bon tempo, la demande des clients porte sur le made in France, la réduction de CO2. Et ça a resserré les équipes et donné confiance pour traverser la crise actuelle », se réjouit-il.

Pour autant, tout le monde peut-il adopter ce nouveau statut d'entreprise à mission ? « Ma recommandation, c'est de bâtir un projet de développement de l'entreprise sur la base d'une performance globale, d'un modèle ambitieux au regard de la RSE, c'est la finalité. Si c'est bien fait, il n'y aura aucun problème pour être qualifié de société à mission », estime Sylvain Breuzart. « Si certains le font juste pour l'image, j'ai des craintes ! »

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