Fabien Bontems, chocolatier au pays des maharadjahs

 

 

Ce Compiégnois d'origine vit depuis l'adolescence en Inde où il a développé Mason & Co, le premier atelier de fabrication de chocolat 100% bio et vegan. Il doit le commercialiser en France dans les prochains mois. 

Convertir l’Inde au chocolat.  C’est le pari que s’est lancé, il y a six ans, Fabien Bontems, natif de Compiègne. Son credo ? Aller le plus directement possible « de la fève à la tablette », c’est-à-dire avec le moins de transformations possible, pour séduire une clientèle locale, de plus en plus friande de produits raffinés. Depuis quelques années, le marché indien du chocolat croît en effet de 20% par an et pèse déjà 1,5 md$. La consommation par habitant y reste limitée à 27 tout petits grammes, très loin derrière les 8 kilos engloutis par les Français chaque année. Mais, compte-tenu des grandes disparités de population, cette moyenne trompeuse cache en réalité une vraie appétence des classes moyennes pour des produits sains et naturels. Fabien Bontems a bien senti ces changements de consommation. Il faut dire que cet ex-ingénieur du son, spécialisé dans le design acoustique, connaît le pays par cœur. L’Inde, il y vit depuis ses 11 ans. Sa mère, professeure de yoga, l’a embarqué dans sa quête spirituelle, en venant s’installer en 1996 à Auroville, cité utopique dédiée à l’harmonie universelle, à 10 km au nord de Pondichéry. Son bac obtenu au lycée français, c'est en France que le jeune homme s’est formé. A Montpellier, sur les bancs de l’IUT GEA, puis à Paris, où durant 18 mois, il a travaillé dans un studio d’enregistrement.

L’aventure du cacao, il ne la débutera qu’après son retour en Inde, un peu par hasard. Avec sa compagne de l’époque, végan comme lui, il commence à cuisiner des recettes basées sur le cacao. «Tout a débuté dans notre cuisine ! On s’est pris de passion pour ce domaine et rapidement on a eu des machines un peu partout, jusque dans la chambre, la seule pièce où il y avait l’air conditionné pour mouler le chocolat », se remémore en souriant, le trentenaire à l’allure athlétique. A l’époque, le petit marché indien est essentiellement dominé par les géants internationaux du secteur, peu regardants sur la qualité des fèves, le produit final étant extrêmement sucré et transformé. Fidèle à ses convictions, Fabien Bontems opte pour une production "nature". Se met en quête de fournisseurs de fèves. Qu'il trouve sur la côte est, dans l’Etat du Kerala. Soumis à un régime marxiste, les planteurs de caoutchouc travaillent sur de petites exploitations familiales, au milieu desquelles poussent naturellement des cacaoyers. Les cabosses jaunes ou rouges contenant les fèves sont ramassées au gré de la demande, en quantité limitée. En moyenne, une tonne de fèves est séchée chaque mois, avant fermentation, au sein de la fabrique artisanale, baptisée Mason &Co. De quoi produire 8 000 tablettes par jour, mais aussi de la pâte à tartiner et des poudres chocolatées.

L'entreprise de 25 personnes réalise désormais 650 K€ de chiffre d'affaires. Portée par l’effet Covid, qui a poussé les Indiens à porter une attention particulière à leur alimentation quotidienne, la PME  veut aussi se tourner vers l’export. En France, où il revient régulièrement à Compiègne, « son point de chute familial », Fabien Bontems noue des réseaux. «En Europe, la demande est forte pour ce type de produits. Nous avons réalisé un premier test en Irlande il y a quelques semaines et tout est déjà vendu. Nous attendons que les choses s’améliorent sur le plan sanitaire, car l’export du chocolat demande une logistique précise. D’autant que sans additifs, nos produits ne peuvent pas transiter par bateau », explique le dirigeant. Qui espère des premières tablettes 100% made in India en France début 2022.  

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