Fanny Delannoy, la fibre indienne

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Fanny Delannoy a rencontré l’Inde à 12 ans, avec ses parents. Son diplôme d’Esmod en poche, elle y décroche son premier poste de styliste auprès du groupe Barath Silks à Bangalore. « Je n’aurais jamais pu espérer créer d’emblée des collections dans un groupe français. » Dans le sud de l’Inde, sa jeunesse, sa peau blanche et son enthousiasme lui ouvrent les portes. C’est là qu’elle rencontre Srinath Shivaram. Il a étudié l’art et le design pendant six ans à Cambridge, Andorre et Grenade, avant de rejoindre l’industrie dans sa ville natale, la « Silicon Valley » indienne. Après un retour en France – comme styliste enfant chez Kiabi – pour « mettre à l’épreuve » leur relation et son envie de rester en Inde, Fanny retrouve son compagnon, et entre au bureau indien de Redcats, chargée du contrôle qualité des produits réalisés pour La Redoute, Vert Baudet ou Somewhere. Au bout d’un an de traque du moindre défaut chez les fabricants, Fanny veut vivre sa propre aventure. Et c’est avec Srinath qu’elle se lance, en 2006, à Dehli.

 

« Les call centers climatisés »

Ils créent ensemble Zoé Designs à Gurgaon, centre d’affaires périphérique ultra-moderne, et l’interface web Les Comptoirs de Zoé. Fanny accompagne stylistes, distributeurs indépendants et marques dans la mise au point et la fabrication de leurs modèles de prêt-à-porter ou linge de maison. Srinath gère les RH, la logistique et le « human side of business ». Une double culture qui facilite les relations avec les clients – en majorité français comme Catimini, Etam ou Pimkie, via des agents, mais aussi belges, suisses, ibériques ou américains – et les fournisseurs locaux.

 

Les directors associés s’équipent début 2009 de cinq premières machines et autant de salariés pour réaliser eux-mêmes les protos et petites séries urgentes. En fin d’année, bond de 2 000 km au sud pour retrouver Bangalore, où ils installent 60 machines sur 400 m2 en location. « On est toujours plus fort quand on est chez soi, commente la toute jeune maman. Et puis le climat est meilleur, les gens plus sympas, les usines de coton plus proches… ». Fanny a épousé Srinath en février 2010 à Goa, « trois jours absolument féériques ! Et j’ai été mieux accueillie dans la religion hindoue que mon mari dans la religion chrétienne. »

 

Le couple emploie une vingtaine de salariés, auxquels s’agrège pendant le pic de production, entre août et janvier, jusqu’à une centaine d’ouvriers payés à la tâche, du couseur de boutons au coupeur de fil en passant par l’incontournable serveur de thé. « La main-d’œuvre est devenue rare, les ouvriers textiles ont rejoint en masse les call centers climatisés, et ceux que nous formons disparaissent souvent une fois le salaire versé pour revenir 15 jours après… » Zoé Designs n’en assure pas moins désormais toute la production pour ses clients : patronage, gradation, coupe, montage, contrôle qualité, repassage et conditionnement ; et vise à intégrer le tissage, la teinture ou l’impression « all over », comme elle vient de le faire pour la broderie main, avec une première cliente new-yorkaise.

 

« On ne parle que prod ! »

En période de pleine activité, les Shivaram travaillent non stop. « On est ensemble mais on ne parle que prod ! Et quand je me réveille le matin, c’est le patron de l’usine que je vois ! » Alors le jeune couple aspire à consolider l’entreprise en construisant sa propre usine, mais le prix des terrains est pour l’heure prohibitif. Etape suivante : recruter un VIE et installer un showroom en France. « Malgré la crise, la hausse du coton et des salaires, ça tourne bien, mais on sera de moins en moins compétitifs, prévient la tout juste trentenaire. On réfléchit à d’autres productions et à notre propre marque pour le marché domestique. »

Sophie Pecquet

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