Produire du vin en Hauts-de-France ? Chiche !

Saint-Quentin. Ternoveo, filiale d’Advitam, pilote un chantier ambitieux de création d'une vraie filière vinicole en région à horizon 5 ans. Objectif : 1 million de cols.

 

Comme les entreprises familiales, les agriculteurs sont de ceux qui raisonnent à long terme. Une vraie force par les temps troublés que nous traversons. Il faut en effet avoir une vraie capacité à se projeter pour imaginer que la région de la bière soit reconnue demain pour son chardonnay. C'est pourtant le pari de 10 premiers agriculteurs associés à Ternoveo, filiale de négoce du géant coopératif Advitam. Seuls certains sols ont les qualités re- quises et un grand nombre de candidatures ont été éconduites : en résumé, les terres de betteraves et de pommes de terre sont trop riches - et « recalées à l'avance », note Xavier Harle, directeur général de Ternoveo- pour accueillir des ceps de vigne. Les premiers lopins retenus sont plutôt de nature caillouteuse et un peu calcaire, des caractéristiques qui ne permettaient pas des bons rendements aux agriculteurs sur des cultures classiques.

Le projet démarre doucement, avec 16 hectares répartis entre le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme et l'Aisne, notamment autour d'Arras, Hesdin et Saint-Quentin. Les premières 50 000 bouteilles de vin blanc de qualité (et dont la marque n'est pas encore arrêtée) devraient être commercialisées fin 2023, à 100% dans la région dans un premier temps. L'objectif à moyen terme est de planter 200 ha, qui pourraient rassembler jusqu'à 100 propriétaires exploitants. Pour que l'opération soit un succès, Ternoveo mobilise 6 personnes en interne, et a noué un partenariat avec une des meilleures pépinières spécialisées, la maison Guillaume, et le cabinet Vinelyss. L'investissement global atteint 1 M€ pour Ternoveo, auxquels s'ajoute un coût de 25 à 30 K€/ha pour les agriculteurs. Le chais sera implanté dans des bâtiments existants, à Dompierre-Becquincourt (Somme). Le futur chardonnay des Hauts-de-France se positionne sur un segment qualitatif avec un prix d'objectif de 7 à 10 € la bouteille. Aussi l'objectif n'est délibérément pas au rendement, mais à l'agriculture durable, avec une labellisation HVE (Haute valeur environnementale) attendue. Les parcelles seront désherbées (et récoltées) mécaniquement. La première récolte aura lieu après trois cycles végétaux, soit en octobre 2022 pour une mise en vente en 2023.