Flamme Environnement joue l'innovation face aux majors

« On n'est pas sûrs de l'avenir mais on est déterminés et on a de l'ambition » Etienne Flamme, Pdg « On n'est pas sûrs de l'avenir mais on est déterminés et on a de l'ambition » Etienne Flamme, Pdg

Louvroil. Le groupe familial développe une benne tri-collecte unique sur le marché. Et va investir 6 M€ dans un nouveau centre de tri.

 

Comment faire son chemin entre les géants de l'environnement tels Suez ou Veolia ? A Louvroil, Flamme Environnement joue crânement ses atouts d'entreprise familiale, très ancrée dans son territoire. Cette entreprise de 200 salariés est l'un des trois pôles d'activité du groupe Flamme (560 salariés, 71 M€ de chiffre d'affaires, né en 1900), au côté d'ARF (traitement des déchets spéciaux, 180 salariés, 34 M€ d'activité) et de Flamme Assainissement (numéro un du nettoyage industriel en région, 16 M€).

Depuis 1987, Flamme Environnement s'est développé dans la collecte et le traitement des déchets ménagers et banals, de façon très intégrée, jusqu'à fabriquer elle-même ses propres camions bennes, avec son propre bureau d'études. « On s'est mis au barycentre de notre bassin, en multi-activités et multi-filières. Notre modèle économique tient par la proximité. Nous traitons 170 000 tonnes annuelles », se félicite Etienne Flamme, Pdg de Flamme Environnement.

« Pas ingénieurs, mais ingénieux »

Au beau milieu de la Sambre Avesnois, l'entreprise s'est dotée d'un site de 16 ha à Louvroil, sur une ancienne friche Vallourec en bord de Sambre, qu'elle aménage sans discontinuer depuis 1990. Sur les 8 dernières années, la société aura investi 25 M€, dont 6 M€ cette année pour le tri des encombrants et des déchets industriels banals. Et elle prévoit 15 M€ complémentaire à moyen terme, sous réserve du renouvellement de ses marchés auprès des collectivités : 6 M€ pour ses camions, 9 M€ pour une nouvelle ligne de tri des emballages et papiers, en extension des consignes de tri. Le renouvellement des appels d'offre est stratégique et l'entreprise tâche d'améliorer sans cesse son offre. D'où la conception d'un camion benne tri-flux, baptisé Evolu'Tri, dont 5 sont en construction, avec un brevet en cours sur un système de bascule à ralentissement progressif, qui économise 20% du temps de vidage et 50% du temps de compactage. L'entreprise vise une fiabilité extrême avec un système allégé en nombre d'axes : les basculeurs devraient ainsi pouvoir assurer 1 million de cycles au lieu de 150 000 à ce jour. « Mon grand-père et mon père fabriquaient eux-mêmes leurs engins d'assainissement, ils n'étaient pas ingénieurs, mais ingénieux ! On continue», sourit leur descendant. Nouveauté de l'Evolu-tri ? Ce que le dirigeant appelle « la Rolls des bennes » permet une triple collecte en un seul passage : ordures ménagères, emballages et papier, et verre, dans des compartiments différenciés, évidemment sans mélange. Un système intégré qui offre du même coup une empreinte carbone très basse, et même la plus faible du marché, selon une étude réalisée par le cabinet roubaisien Eco'LogiC. A l'heure où les collectivités serrent les boulons tout en ayant l'oeil rivé sur la responsabilité sociétale, l'argument est de taille.

Quelles perspectives de développement pour l'entreprise, sur son modèle de proximité ? « Il y a énormément à faire dans les années qui viennent avec le même territoire et les mêmes clients », répond Etienne Flamme. A commencer par les ambitions très fortes de l'Europe de hisser le volume de déchets municipaux recyclés de 37% aujourd'hui à 65 % en 2035. En 2023, apparaîtra notamment la consigne de tri des bouteilles en plastique. Etienne Flamme envisage également un autre axe de développement à travers la location-maintenance « full service » de ses bennes Evolu'Tri, dans la région Hauts-de-France, par un développement géographique en escargot.