Genfit se relance après le fiasco de la NASH

L'entreprise lilloise va supprimer au total  80 postes sur 200. L'entreprise lilloise va supprimer au total 80 postes sur 200.

Après l'échec de sa molécule phare en mai dernier contre la NASH, Genfit a du repenser sa copie. La biopharma lilloise repart aujourd'hui autour de deux programmes, l'un sur une maladie auto-immune, la PBC, l'autre sur un outil diagnostic. Mais aussi avec une chute de 40% des effectifs et des dépenses passées à la paille de fer.

 

« Il a fallu se réinventer ». Pascal Prigent vient de vivre de grosses turbulences à la tête de la biopharma Genfit, qu'il dirige depuis un an. En mai dernier, les résultats de phase 3 de sa molécule phare, l'elafibranor, développée contre la maladie du foie NASH (stéatohépatite non-alcoolique), se sont avérés négatifs, rendant caduc le modèle économique de la société nordiste et évaporant du même coup sa valeur. S'en est suivie une descente aux enfers du cours de bourse, la société perdant près de 80%.

Mais aujourd'hui, le PDG estime l'entreprise prête à redémarrer sur un nouveau modèle. Celui-ci passe d'abord par une forte réduction de voilure : un PSE a été dévoilé aux salariés le 30 septembre, portant sur 40 suppressions d'emplois à son siège de Loos, avec un appel au volontariat, qui s'ajoutent aux 40 départs naturels non remplacés depuis l'été. L'effectif de Genfit descendra au total d'un peu plus de 200 avant l'échec sur la NASH, à 120. « L'entreprise a perdu 80% de sa valeur, mais ne perd pas 80% de ses effectifs », souligne le dirigeant.

 

 

"Niveau de risque moins fort"

Ce dernier estime que Genfit peut « se projeter à nouveau dans une logique de croissance », grâce à deux programmes complémentaires qu'elle porte, une vraie chance au vu de la situation. « Beaucoup de biotechs ne sont centrées que sur un seul programme pour faire vivre la société. Nous, nous avons deux autres programmes clés dont le niveau de risque est beaucoup moins fort que la NASH», souligne Pascal Prigent.

Il s'agit d'un côté de l'utilisation de l'elafibranor pour une pathologie auto-immune, la PBC (cholangite biliaire primitive), qui s'attaque aux canaux biliaires. Le marché mondial est évalué à 1 milliard de dollars en 2025, bien moins que les 30 milliards de la NASH, mais avec une concurrence en revanche bien moindre : un seul produit existe aujourd'hui et seuls deux sont en développement, dont un seul en phase 3, celui de Genfit. « Si nous avons 30 à 40% de parts de marché, il y a de quoi faire », estime Pascal Prigent.

L'autre programme est un outil de développement diagnostique de la NASH, pour lequel un accord de licence a été annoncé fin septembre avec l'américain LabCorp, pour les marchés américain et canadien. Ce test sanguin multi-biomarqueurs a été conçu pour l'identification des patients atteints de stéatohépatite non-alcoolique (NASH) dits à risque, soit dix millions de patients.

Cette évolution du modèle de Genfit s'accompagne, outre la réduction des effectifs, d'une remise à niveau complète de l'entreprise : sa consommation de trésorerie, qui était montée à 110 M€ annuels, sera ramenée à 45 M€ en 2022 avec une année 2021 intermédiaire, marquée par des coûts résiduels pour mettre fin à l'énorme essai clinique de l'Elafibranor, qui concernait 2000 patients. Les locaux, devenus trop grands, seront partiellement placés en location, tandis que les salariés parisiens seront placés en télétravail. 

 

 

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